De la nature des choses, I
Publié le 29/09/2012
Extrait du document
«
naturelles qui trouvent toutes une explication scientifique.
Selon-lui la crainte des dieux viendrait entre autre de
ces lacunes scientifiques, car les dieux n'ayant rien à voir avec ces catastrophes naturelles ou autres
événements, ils ne seraient en aucun cas à craindre.
D'autant plus, cette vision des dieux qui n'interviendraient
pas dans les événements secouant la planète, rejoint la position d'Épicure sur l'indifférence des dieux, qui par
définition, sont des êtres parfaitement heureux, et ce bonheur parfait ne serait pas s'ils ne s'occupaient en
aucune manière des hommes.
Lucrèce ne doute pas de sa thèse, puisqu'il compte la démontrer pour « ensuite plus sûrement découvri-r ce
que nous cherchons, et savoir à partir de quoi chaque chose peut être créée et comment tout, dans l'univers,
vient à être sans l'intervention des dieux » (lignes 7-9).
Ainsi, une fois écartée la crainte des dieux et l'idée
irréaliste au caractère anthropomorphique de cette vision des dieux qui créeraient la vie, et interféreraient dans
celle-ci, l'homme peut enfin se tourner vers la recherche des connaissances scientifiques qui, même si elles
sont pour l'époque parfois hors d'atteinte des techniques et des connaissances des hommes sont pour Lucrèce
bien réelles et atteignables.
Pour démontrer cela, Lucrèce expose la thèse qui s'oppose à la sienne, dans le but de la réfuter, et qui
supposerait que « si quelque chose pouvait se former de rien, toute espèce d'être pourrait naître de n'importe
quoi, rien n'aurait besoin de semence » (lignes 9-11).
Cette thèse simple est facile à réfuter pour toute personne
dotée d'un quelconque sens de l'observation, auquel fait appel Lucrèce : rien dans la nature ne naît directement
de rien, et de ce fait, les êtres vivants, suivant leurs espèces ne vivent pas n'importe où, les créatures maritimes
dans la mer, et les autres sur terre ou dans le ciel.
Si ces êtres vivants étaient créés à partir de rien, ils
pourraient donc apparaître n'importe où sur la terre ou dans la mer indifféremment, puisque le non-étant serait
partout, et non dans un lieu précis, comme le dit Lucrèce : « De la mer pourraient surgir les hommes, de la terre
la gent porte-écaille et les oiseaux ; du ciel s'élanceraient les bestiaux gros et petites ; les bêtes sauvages de
toute race engendrées au hasard occuperaient indifféremment les lieux cultivés et les déserts » (lignes 11-14 ).
Ces localisations géographiques spéciales pour chaque espèce que mentionne Lucrèce peuvent également
renvoyer le lecteur contemporain à la théorie de l'évolution de Darwin, apparue au XIXème siècle et, encore plus
récemment, aux recherches des primatologues sur les différences entre grands primates et hommes.
En effet,.
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