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De quelle servitude le philosophe essaie-t-il de se libérer?

Publié le 09/04/2005

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PHILOSOPHIE (gr. philo, désirer; sophia, savoir) Étymologiquement, « amour de la sagesse ». Cependant, la sagesse n'étant qu'un art de vivre, la définition commune de la philosophie comme sagesse" est critiquable. En effet, sophia désigne en fait moins un savoir empirique adapté à la conduite de la vie qu'un savoir abstrait. En ce sens, la philosophie est essentiellement élévation de la pensée, théoria, contemplation. Cependant, comme l'indique l'allégorie de la caverne de Platon, le philosophe ne quitte le monde sensible que pour y redescendre, puisqu'il lui revient de gouverner la cité idéale. S'il s'agit de s'exercer à l'abstraction, il faut ne pas s'y perdre. Or, si la philosophie ancienne reste encore marquée par l'opposition de la contemplation (théoria) et de l'action (praxis"), la philosophie moderne est plutôt soucieuse d'abolir cette distinction, comme le signale le projet cartésien de « nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature ». Elle cesse alors d'être un savoir désintéressé pour se mettre au service de la construction d'un monde régi par la science". Du coup, elle risque ou bien de devenir une spécialité comme les autres, ou bien, refusant cette spécialisation, de passer pour une activité dilettante réservée à quelques dandys de la pensée. Telle est l'aporie du philosophe contemporain : rester un généraliste sans sombrer dans l'insignifiance. Dès lors, pour éviter ce piège, la philosophie doit affirmer son sérieux par la prudence d'un jugement née de l'accumulation du savoir. Elle devient ainsi histoire de la philosophie, non pas connaissance érudite des doctrines, mais plutôt éveil de la pensée à elle-même à partir de ce qu'ont pensé les autres. Le développement de la philosophie peut alors se comprendre comme celui de la vérité à travers les différents moments nécessaires à son déploiement. Cette définition dialectique, proposée par Hegel, permet de saisir la nécessité rationnelle qui gouverne l'histoire de la philosophie : le philosophe est fils de son temps, et comme ceux d'hier, il lui revient de répondre aux besoins de son époque. La philosophie ne se réduit donc pas à ses oeuvres qui sont comme les tombeaux de la philosophie passée : elle est essentiellement vivante dans l'activité présente de penser, qu'exprime magnifiquement tout enseignement où le maître, à la manière de Socrate, requiert la participation du disciple.

« la hauteur, le long duquel tu peux voir l'élévation d'un petit mur, du genre de ces cloisons qu'on trouve chez lesmontreurs de marionnettes et qu'ils érigent pour les séparer des gens.

Par-dessus ces cloisons, ils montrent leursmerveilles.

» Et ce rapport de servitude sera bien manifesté par Epictète dans ses Entretiens II en disant qu'il est inutile de lui passer les menottes : son corps est déjà bien un boulet en soi.

Le corps est donc source de servitudenotamment avec les passions et les désirs.c) Or cette source de servitude peut avoir des remèdes et il s'agit bien de l'usage de la philosophie.

Et il estremarquable de voir que Epicure a justement proposé dans sa lettre à Ménécée un « tetrapharmacon », c'est-à- dire quatre remèdes contre quatre sources de servitudes pour l'homme.

Ainsi il ne faut pas craindre les dieux :« D'abord, tenant le dieu pour un vivant immortel et bienheureux, selon la notion du dieu communément pressentie,ne lui attribue rien d'étranger à son immortalité ni rien d'incompatible avec sa béatitude.

Crédite-le, en revanche, detout ce qui est susceptible de lui conserver, avec l'immortalité, cette béatitude.

» Ensuite il ne faut pas craindre lamort : « Familiarise-toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, puisque tout bien et tout mal résident dans lasensation, et que la mort est l'éradication de nos sensations.

Dès lors, la juste prise de conscience que la mort nenous est rien autorise à jouir du caractère mortel de la vie : non pas en lui conférant une durée infinie, mais enl'amputant du désir d'immortalité.

» Ensuite, il faut régler ses désirs : « Il est également à considérer que certainsd'entre les désirs sont naturels, d'autres vains, et si certains des désirs naturels sont contraignants, d'autres nesont...

que naturels.

Parmi les désirs contraignants, certains sont nécessaires au bonheur, d'autres à la tranquillitédurable du corps, d'autres à la vie même.

Or, une réflexion irréprochable à ce propos sait rapporter tout choix etrejet à la santé du corps et à la sérénité de l'âme, puisque tel est le but de la vie bienheureuse.

C'est sous soninfluence que nous faisons toute chose, dans la perspective d'éviter la souffrance et l'angoisse.

» Enfin concernantla douleur : elle n'est que passagère et ne dure pas, elle est violente ; si elle dure c'est qu'elle entraînera la mort etil ne faut pas avoir peur la mort.

Transition : Ainsi le philosophe en développant sa philosophie essaie de se libérer de la servitude du corps principalement doncde ses passions de ses désirs et c'est en ce sens que la philosophie doit alors opérer une conversion du regard afinde se tourner vers l'Etre, c'est-à-dire la vérité qui est la science.

Mais cette philosophie qui recherche la véritén'est-elle pas en elle-même une autre source de servitude ? II – Le pharmacon comme servitude : renversement critique a) En effet, la réponse que l'on a apporté sur les servitudes et la libération qu'en propose la philosophie passe par leprimat de la vérité.

La vérité est érigée en Graal et c'est à partir de se recherche que le philosophe détermine cequ'est la servitude.

Or cette libération de la servitude ne se fait-elle pas au prix d'une nouvelle servitude c'est-à-dire la soumission au dogme de la vérité.

En effet, comme le remarque Nietzsche dans le Gai savoir au § 344, la philosophie de la vérité s'érige comme une nouvelle religion et se fixe comme un impératif catégorique sa recherche,c'est-à-dire comme une condition quasi militaire.

Et c'est bien pour cela que Nietzsche chercher à interroger et àcomprendre cette volonté de vérité puisque comme il le dit en reprenant une phrase de Pascal dans les Pensées : « on se fait même de la vérité une idole ».

La vérité est alors une nouvelleservitude en tant qu'elle est une illusion ne s'interrogeant pas sur sonfondement.b) Mais plus radicalement si ce type de philosophie peut apparaître commeune nouvelle servitude c'est qu'elle asservi la vie en voulant faire de laphilosophie un ascétisme.

Et c'est bien ce que nous révèle Nietzsche dans la Généalogie de la morale , seconde partie.

La philosophie ainsi développé est un asservissement du corps.

Elle révèle alors une faiblesse du corps duphilosophe.

Et c'est bien ce que l'on voit chez Platon car l'âme est toujourscontrainte par le corps donc par les désirs, tout comme les passions.

C'estainsi que se développe l'idée selon laquelle « philosopher c'est apprendre àmourir » comme le dira Montaigne dans les Essais .

L'activité spéculative de la philosophie est une invitation à mettre de côté ses désirs pour rechercher leVrai, à s'émanciper de sa condition corporelle.

Dès lors il s'agit d'un ascétismedont le paradigme est la méditation ou la contemplation.

Or c'est bien celaque Nietzsche critique à travers la faiblesse du corps.

La philosophie ainsiconçue est un asservissement de la vie.c) Et cette philosophie est non seulement une servitude pour la vie mais aussiun asservissement de la vie des forts, c'est-à-dire ceux qui sont capables dedéveloppe leur puissance et qui peuvent supporter la puissance du désircomme le remarque Nietzsche dans la Généalogie de la morale .

Et c'est bien en ce sens qu'il comprend l'avènement de la philosophie morale.

Elle est une servitude pour les forts donc elle sedéveloppe comme une garantie contre le pouvoir des forts.

Et il en va de même alors de l'existence de la loi.

Eneffet suivant ce constat on peut comprendre alors pourquoi la morale est définie dans Par delà le bien et le mal comme « le langage figuré des affects ».

Transition : Ainsi de cette servitude dont le philosophe cherche à s'émanciper le plonge dans une autre servitude : celle dudogme de la vérité.

Mais bien plus, la servitude se développe alors à un double niveau.

Ce remède que devrait êtrela philosophie pour libérer l'homme pratiquant la philosophie se révèle être un poison [1] ; une servitude : servitude. »

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