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Désirer l'impossible est-ce une folie ?

Publié le 07/04/2005

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folie
Et d'ailleurs, ce qui est possible ou non semble se découvrir dans la tentative même, dans l'expérience.   2) Les progrès scientifiques montrent que les limites de l'impossible reculent à mesure que le désir de connaissance s'accroît. Ainsi, désirer l'impossible est peut-être le propre du savant fou mais il est un formidable moteur du progrès scientifique.  Cette folie apparente apporte une énergie dont se nourrissent les grandes découvertes. Il s'agit donc, afin de ne pas se faire taxer d'irrationnel ou d'inconscient de canaliser un tel désir vers une fin positive et utile. En voulant le meilleur, l'impossible se défait de la folie. De plus, se cantonner à respecter l'ordre du monde et les évènements que l'on considère comme relevant d'un destin que nous ne pouvons pas infléchir, amène à une espèce d'indifférence à l'égard d'autrui. Un réalisme étriqué représente un frein pour le bonheur d'autrui. En effet, il est bon d'intervenir et de bouleverser l'ordre des choses afin de venir en aide à autrui. L'attitude passive n'est-elle pas condamnable face à la barbarie ou à la souffrance des autres ?

Ce type de sujet semble aller de soi : le réflexe premier, avant même de réfléchir, serait de répondre par l'affirmative. En effet, désirer l'impossible reviendrait à vouloir consciemment ce qui est irréalisable, inaccessible et de l'ordre de l'utopie. L'attitude sage et réfléchie invite à poser des limites au désir. Ainsi, le désir de l'impossible apparaît comme irrationnel, l'apanage des doux rêveurs et des fous.

Cependant, il faut prendre sérieusement en compte notre attitude face au désir qui se présente, de par sa nature, comme quelque chose d'ambigu : il est certes manque (car on désir toujours ce que l'on n'a pas) mais il est à la fois source de plaisir car en satisfaisant mon désir, j'aurai un certain contentement qui peut même mener au bonheur. Aussi, la fin naturelle de l'homme qui est le bonheur est-elle à considérer. Que désirer afin d'être heureux ? De plus, viser ce qui est irréalisable n'est-il pas source de progrès ? Au quel cas, désirer l'impossible ne serait pas irrationnel mais au contraire réaliste et cause du progrès de la raison. Après tout, marcher sur la lune devait sembler impossible pour le centurion de Jules César mais quelle fantastique victoire de la raison humaine que fut le premier de Neil Armstrong ! C'est la sphère pratique qui peut donner les limites au désir. Aussi peut-on pousser l'idée jusqu'à son extrême et ne parler que d'impossible dès lors qu'il s'agit du désir.

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« De plus, se cantonner à respecter l'ordre du monde et les évènements que l'on considère comme relevant d'undestin que nous ne pouvons pas infléchir, amène à une espèce d'indifférence à l'égard d'autrui.

Un réalisme étriquéreprésente un frein pour le bonheur d'autrui.

En effet, il est bon d'intervenir et de bouleverser l'ordre des choses afinde venir en aide à autrui.

L'attitude passive n'est-elle pas condamnable face à la barbarie ou à la souffrance desautres ? Pensons donc à la non assistance à personne en danger : même si le sauvetage apparaît vain, il est denotre devoir de porter secours : à coeur vaillant, rien d'impossible...

Maîtriser ses désirs apporte certes notrebonheur mais pas celui de nos semblables.Et nous pouvons rejoindre Kant et son analyse du devoir.

La moralité commande un devoir à notre volonté, même si ce commandement paraît au-delà de nos forces.

L'impératif kantien remplace alors l'impossible par le devoir agir.

Eneffet, en obéissant à la loi morale, je sens qu'il faut que je lui obéisse ; or si je sens qu'il faut que j'obéisse, c'estalors de l'ordre du réalisable.

L'obligation qui m'ordonne d'obéir implique le possible.

On pourrait donc conclure avecKant que si l'on doit, alors on peut.

Transition : Ainsi, désirer l'impossible ne se révèle pas systématiquement une pure folie.

Et la folie laisse souvent place à un réalisme propre aux audacieux, aux curieux et aux hommes d'une rigueur morale.

Et si le désir del'impossible apparaît à première vue comme une folie, n'est-ce pas parce que la nature même de l'acte de désirerrelève d'un impossible ? 3) On l'a vu, certains mobiles qui poussent à désirer l'impossible ne relèvent pas nécessairement de l'irrationnel ou de l'irréalisable.

Il est même parfois constructif à bien des égards.

Or n'est-ce pas le propre du désireux que deprésupposer que le désir impossible est par définition positif.

Vouloir conquérir occident et orient tel Alexandre leGrand relève peut-être de la folie mais il cache en réalité l'idée que la passion (entendue comme le désir sans freinet illimitée) est constructive et permet d'enrichir sa propre existence.

Nous sommes bien loin d'une volonté demalade mais d'un raisonnement sensé et suivi.Cependant, on peut penser que le désir même est désir d'impossible.

Auquel cas l'homme qui désire (et tout hommedésire...) serait par voie de conséquence un fou.

En effet, le désir est toujours volonté de s'accaparer ce qui nousmanque, et plus l'objet du désir est difficile à contenter, plus le désir est lointain, plus la jouissance et lasatisfaction est grande.

Nous désirons toujours en vue d'une joie ; il est donc logique de désirer le saint Graal afind'obtenir une délectation extrême.

C'est finalement la leçon de La peau de chagrin de Balzac : Raphael de Valentin reçoit une peau de chamois qui réalise tous ses voeux.

Mais en les réalisant, sa vie est écourtée.

Le seul désir quil'obsède alors est celui qu'il ne peut satisfaire : vivre.

L'impossible semble alors justifier à lui seul le désir.Telle est également l'analyse de l'amour chez Sartre dans L'être et le néant.

Le désir amoureux est volonté de s'approprier le corps de l'être aimé.

Mais en s'en emparant, l'amoureux cherche aussi à respecter la conscience, laliberté et l'identité de la personne qu'il aime, ce qui est impossible.

Comment peut-on posséder quelque chose et lerespecter à la fois ? Le désir amoureux relève donc d'un désir de l'impossible.

Mais est-ce pour autant que toutamoureux soit un fou, que tout être désireux est un aliéné et un insensé ? Il arrive qu'un asservissement total de l'être aimé tue l'amour del'amant.

Le but est dépassé : l'amant se retrouve seul si l'aimé s'esttransformé en automate.

Ainsi l'amant ne désire t il pas posséderl'aimé comme on possède une chose ; il réclame un type spéciald'appropriation.

Il veut posséder une liberté comme liberté.Mais, d'autre part, il ne saurait se satisfaire de cette forme éminentede la liberté qu'est l'engagement libre et volontaire.

Qui se contenteraitd'un amour qui se donnerait comme pure fidélité à la foi jurée ? Quidonc accepterait de s'entendre dire : « je vous aime parce que je mesuis librement engagé à vous aimer et que je ne veux pas me dédire ;je vous aime par fidélité à moi même » ? Ainsi l'amant demande leserment et s'irrite du serment.

Il veut être aimé par une liberté etréclame que cette liberté comme liberté ne soit plus libre.

Il veut à lafois que la liberté de l'Autre se détermine elle même à devenir amouret cela, non point seulement au commencement de l'aventure mais àchaque instant et, à la fois, que cette liberté soit captivée par ellemême, qu'elle se retourne sur elle même, comme dans la folie, commedans le rêve, pour vouloir sa captivité.

Et cette captivité doit êtredémission libre et enchaînée à la fois entre nos mains.

Ce n'est pas ledéterminisme passionnel que nous désirons chez autrui, dans l'amour,ni une liberté hors d'atteinte, mais c'est une liberté qui joue ledéterminisme passionnel et qui se prend à son jeu. "Aimer, est-ce vouloir priver l'autre de sa liberté ?" On reproche souvent à l'amour d'être possessif, tout en pensantle plus souvent que cette possessivité est la conséquence des sentiments des amants.

Ainsi dira-t-on d'un amourqui n'est pas jaloux qu'il n'est pas non plus sincère.

En effet, la relation amoureuse ne se réduit pas au simple effetd'un sentiment réciproque, mais elle implique aussi une certaine forme d'exclusivité.

Si l'on se demande alors ce quechacun attend de l'autre, on ne viendra peut être à dire qu'aimer, c'est exiger de l'aimé qu'il renonce à sa liberté.Mais c'est aussi exiger qu'il le fasse librement. Ces contradictions sont l'objet de la réflexion de Sartre.

Il faut bien faire attention à ce que son point de vue n'estpas celui d'un moraliste, cad qu'il ne veut pas dénoncer les attitudes égoïstes des amants, à la manière d'un. »

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