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Deux catégories esthétiques : le beau et le sublime ?

Publié le 27/02/2008

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On a cru pendant longtemps que le sublime n'était que la forme supérieure du beau, le plus haut degré de la beauté; il y a même des philosophes qui le croient encore. Cependant Burke, Kant et Hegel semblent avoir démontré qu'il y a des différences profondes entre le sublime et le beau. Le langage lui-même les distingue. — On dit qu'un parterre émaillé de fleurs, qu'un ruisseau serpentant dans la plaine au milieu de riantes prairies, sont beaux, et que l'immensité de l'Océan, les profondeurs des cieux étoilés, sont sublimes. —

Il s’agit dans ce cours d’apporter une définition à ces deux catégories esthétiques que sont les catégories de beau et de sublime. En plus de leur importance pour toute théorie esthétiques, ces catégories jouissent depuis quelques années d’un intérêt renouvelé, notamment pour la question du sublime chez un auteur comme Jean-François Lyotard. Pour apporter une définition du beau(I-1), on distinguera trois époques esthétiques (ancien, moderne, contemporain) correspondant à trois critères du beau et où le sujet joue un rôle de plus en plus déterminant : dans l’époque ancienne, il existe un critère objectif du beau reposant dans l’ordre harmonique d’un cosmos. Si à l’époque moderne cette harmonie n’est pas perdue, elle s’enracine maintenant dans le jugement de goût subjectif qui, bien qu’étant le propre du sujet, n’exige pas moins d’être reconnu universellement, selon des critères objectifs du jugement. Enfin, à l’époque contemporaine, le " jugement " de goût n’est renvoyé qu’à la décision absolument individuelle et irréductible de celui qui juge, interdisant par là, puisque le jugement exige d’être universalisable de penser un tel jugement autrement que sous un mode problématique. On posera ensuite (I-2) la question des critères du jugement de goût en s’intéressant plus particulièrement à l’esthétique cartésienne. C’est alors seulement (II), dans ce basculement de l’époque moderne comme époque du goût à l’époque romantique comme époque du génie que l’on pourra poser la question du sublime, plus particulièrement à partir de la réflexion esthétique kantienne, qui constitue le lieu où s’opère ce mouvement de bascule.

« poète est un prophète.

La beauté est voilée, métaphysique, touchant au bien et à l'origine.

Pythagore : harmoniecachée qui régit l'univers.

Héraclite : le Beau naît de l'accord en profondeur des divergences. Platon, à bien des égards le plus ancien des modernes, ne définit pourtant pas le beau par le plaisir subjectif qu'ilprocure.

Le beau est associé à la réalisation d'un ordre où doivent régner " mesure et proportion " ( Philèbe ) ; l'œuvre " réalise un ordre et un arrangement ".

Il y a là un ontologisme esthétique en ce qu'il existe une essence du beau.Pour Socrate, il faut rapprocher l'art de la philosophie, qui est la plus haute musique ( Phédon ).

Pour Platon, l'art est magie délivrant de toute superficialité, folie, inspiration nous entraînant dans l'au-delà des essences ( Phèdre , 245a). Le beau en soi est un idéal dont l'artiste doit se rapprocher.

Il ne réside pas dans l'objet mais est condition de lasplendeur du visible.

Thème de la mimesis ( mimésis , imitation).

Progression : beauté des corps, des âmes, de l'Idée (Hippias majeur , Phèdre , et que ramasse la dialectique du Banquet et de la République ).

La doctrine platonicienne est complexe, apparemment contradictoire, les Lois enseignant même que l'art n'est qu'un divertissement inoffensif. L'idée du beau est seule à resplendir dans le sensible, seule capable de séduire directement, par là distincte desautres idées.

Le Beau est en désaccord avec le Vrai et le Bien en ce qu'il apparaît dans le sensible, et pourtant ilrejoint le Vrai en ce qu'il désigne l'être au sein du sensible.

L'art doit être condamné car la mimesis des idées qu'ilaccomplit est toujours de second ordre, mais mérite aussi d'être pris en considération en ce qu'en lui s'articule ladifférence sensible/intelligible. Il y a par rapport aux présocratiques un retour au concret chez Platon, mouvement qu'Aristote parachève.

Ladescription des quatre causes (formelle, efficiente, matérielle, finale) permet de penser une esthétique normative(qui dit ce que doit être l'objet beau, qui donne des critères - canons - de la beauté) puisque l'esthétique montre l'union de la forme et de la fin (ergonomie : est beau l'objet dont la forme correspond à la fin qui lui est destinée),est et doit rester proportionnée à l'homme.

Il faut donc lutter contre la démesure et l'indéfini, l'aspect informe etfuyant de la matière par l'imposition de la belle forme.

La normativité esthétique récuse le mouvement en l'enserrantdans le schème de la puissance et de l'acte, où la matière qui n'est qu'en puissance enserrée dans la forme doitl'être en acte.

L'œuvre reproduit la nature telle qu'elle se manifeste, mais selon une exigence d'ordre etd'universalité logique.

Nous avons là une définition du beau qui se conservera jusqu'à l'époque romantique : le beauréside dans la forme comme belle forme, c'est-à-dire comme forme harmonieuse.

Le canon grec de la beauté estl'homme comme modèle harmonieux de la forme ( cf.

Phidias, célèbre statuaire grec du siècle de Périclès). Texte 1 " Voyons donc, en considérant la chose comme cela, bien de sang froid, si l'un de ceux dont tu a parlé a été tel quetu dis.

Prends y garde en effet : l'homme de bien, celui qui vise au meilleur quand il dit ce qu'il dit, n'est-ce pas lavérité qu'il ne parlera point au hasard, mais ayant les yeux fixés sur un objet précis ? C'est le cas, par ailleurs detous les professionnels : chacun ayant les yeux fixés sur l'ouvrage qui est le sien, ne choisit pas au hasard, pourl'appliquer à l'ouvrage qui est le sien, ce qu'en fait il y applique, mais il fait cela de façon que l'œuvre qu'il réalise possède une forme bien définie . Tu peux, à ton choix, envisager l'exemple des peintres, celui des architectes, des constructeurs de bateaux, detous les autres professionnels, celui d'entre eux que tu voudras : chacun d'eux se propose un certain ordre quand ilmet à sa place chacune des choses qu'il a à placer, et il contraint l'une à être ce qui convient à l'autre, à s'ajusterà elle, jusqu'à ce que l'ensemble constitue une œuvre qui réalise un ordre et un arrangement .

" Platon, Gorgias , 503d-504a, GF, 1987, pp.

262-263 (c'est moi qui souligne). L'époque des Modernes A une esthétique cosmologique fondée sur un critère objectif (cosmologique) du Beau, les modernes substituent uneesthétique du goût.

Le Beau est ici Beau subjectif défini par rapport à un sens commun.

Bien que le beau soitsubjectif, il renvoie à des règles objectives du goût posées par un sens commun, ce que Kant appelle un sensus communis (Critique de la faculté de juger , §40).

L'harmonie est encore présente chez les modernes, mais elle n'est plus le reflet d'un ordre extérieur à l'homme, où l'objet est intrinsèquement beau, mais c'est parce qu'il procure uncertain type de plaisir qu'on le nomme beau.

Affirmation de la subjectivité et enracinement du goût chez le sujetsont caractéristiques de l'époque moderne.

Le beau n'est plus conçu comme propriété des choses, mais comme lafaçon dont le sujet est affecté par la forme de la représentation. Définition du goût.

Le terme acquiert son sens au milieu du 17 e en Europe (né au sud de l'Europe, il s'étend vers le nord) et désigne une faculté nouvelle en l'homme habilitée à distinguer le beau du laid et à appréhender par lesentiment ( aiesthesis ) les règles d'une telle séparation.

Le goût apparaît comme l'essence de la subjectivité, le plus subjectif du sujet, où le beau se définit relativement au sujet par le plaisir qu'il procure par les sensations et lessentiments.

L'esthétique moderne naît dans l'affirmation cartésienne du sujet (position de Hegel et de Heidegger oùDescartes est présenté comme l'inventeur de subjectivisme) et plus largement dans l'invention moderne del'individualisme ( cf.

Alain Renault, L'Ere de l'individu , Gallimard, 1989).

A ce titre, la problématique de l'esthétique n'est pas intemporelle mais est le signe le plus sur de l'avènement des temps modernes. Le terme " esthétique " naît en 1750, avec Baumgarten et son Aesthetica : il s'agit pour cet élève de Leibniz de rattacher l'appréciation des beaux-arts à une connaissance sensible ( aisthetike episteme , cognitio sensitiva ), deux termes antithétiques dans la perspective de la métaphysique classique, connaissance intermédiaire entre la puresensation (obscure et confuse) et le pur intellect (clair et distinct), connaissance " parfaite " en ce qu'elle prend en. »

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