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Devenir intelligent, c'est se créer soi-même ?

Publié le 27/02/2008

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L'intelligence est d'un usage récent en philosophie et renvoie au vocable de la psychologie. Or on peut l'identifier à la raison ou la pensée c'est-à-dire à une forme de sagesse. L'intelligence est donc le développement de nos capacités cognitives. Le devenir quant à lui suppose un changement, une évolution qui ici est création, c'est-à-dire une production inédite. En ce sens, il s'agirait alors de se créer soi-même, c'est-à-dire de se saisir comme auto-production de soi. C'est donc ici insister sur un processus d'indépendance et d'autonomie, c'est-à-dire promouvoir son individualité et être à soi-même sa propre loi. Le paradigme de l'être intelligent serait alors la solitude or c'est bien là que se pose le problème que nous pose ici le sujet : « Devenir intelligent, c'est se créer soi-même ». Or cette solitude est-elle tenable ou simplement possible ? Le paradigme de la solitude est-il valable ? En effet, quel intérêt aurait alors le modèle éducatif si justement il n'a pour but de développer nos capacités cognitives. De même peut-on se passer de la discussion dans le développement de sa conscience et de son intelligence ? Si donc le paradigme du sagesse solitaire paraît fonctionnel (1ère partie), ce dernier apparaît pourtant limité il paraîtrait même possible de renverser le modèle (2nd partie), et ainsi promouvoir une éthique de la discussion en tant que l'être intelligent est un être « majeur » (3ème partie).

« II – Solipsisme, dogmatisme et risque de l'auto-création a) En effet, comme le note John Stuart Mill dans De la liberté : « Jamais homme sage n'acquit sa sagesse autrement ; et la nature de l'intelligence humaine est telle qu'elle ne peut l'acquérir autrement.

Loin de susciterdoute et hésitation lors de la mise en pratique, s'habituer à corriger et compléter systématiquement son opinion enla comparant à celle des autres est la seule garantie qui la rende digne de confiance.

» Comme on peut le voir,l'intelligence et la connaissance si elles veulent éviter les erreurs et le solipsisme elles doivent se confronter à autruiafin de progresser et de ne pas prendre pour vrai ce qui ne peut être qu'une croyance personnelle.b) Or John Stuart Mill dans De la liberté poursuit « En effet l'homme sage - pour connaître manifestement tout ce qui se peut dire contre lui, pour défendre sa position contre tous les contradicteurs, pour savoir que loin d'éviter lesobjections et les difficultés, il les a recherchées et n'a négligé aucune lumière susceptible d'éclairer tous les aspectsdu sujet - l'homme sage a le droit de penser que son jugement vaut mieux que celui d'un autre ou d'une multitudequi n'ont pas suivi le même processus.

» L'intelligence et sa mesure ne peut se comprendre donc qu'à l'aune durapport à l'autre c'est-à-dire dans la rencontre de la conscience d'autrui.

Il s'agit alors de développer une éthiquede la discussion permettant alors de saisir l'intelligence comme un mouvement non pas solitaire mais dansl'objectivité que peut produire l'intersubjectivité.c) Or de ce point de vue, on peut se rappeler l'exemple de Socrate qui dans le Théétète de Platon rappelle sa fonction : 149a-150e : « Remémore-toi tout ce qui a trait à l'art dessagesses femmes et tu comprendras plus aisément ce que je veux dire.

[…]Mon art d'accoucheur comprend donc toutes les fonctions que remplissent lessages-femmes ; mais il diffère du leur en ce qu'il délivre des hommes et nondes femmes et qu'il surveille leurs âmes en travail et non leurs corps.

[…]D'ailleurs, j'ai cela en commun avec les sages-femmes que je suis stérile enmatière de sagesse […] Et la raison, la voici : c'est que le dieu me contraintd'accoucher les autres, mais ne m'a pas permis d'engendrer.

Je ne suis doncpas du tout sage moi-même et je ne puis présenter aucune trouvaille desagesse à laquelle mon âme ait donné le jour.

[…] Mais s'ils en ont accouché,c'est grâce au dieu et à moi.

» En ce sens l'accession à la sagesse oul'intelligence en tant que développement des capacités cognitives ne peut sefaire seul mais suppose une aide qui peut prendre par ailleurs la forme del'éducation et de la discipline.

Transition : Ainsi bien loin d'être un être venu de nulle part, l'homme intelligent ou le sagen'est pas auto-fondement ou auto-création.

Si sa conversion esteffectivement personnelle, il ne saurait se développer dans la solitude de saraison et produire alors un savoir objectif.

L'homme intelligent est donc unhomme au sein d'un groupe d'une communauté c'est pourquoi il fautdévelopper une éthique de la discussion au sens où être intelligent peut secomprendre comme être majeur.

III – Ethique de la discussion et devenir majeur comme apanage de l'intelligence a) Pour se faire, il faut donc développer un enseignement afin de discipliner et d'éclairer l'opinion de la majorité.

Etc'est donc vers la nécessité de l'éducation qu'il faut se tourner.

A travers l'éducation l'homme se fait œuvre de lui-même, il développe les capacités que la nature lui a fourni comme on peut le lire dans l' Idée d'une histoire universelle d'un point de vue cosmopolitique de Kant .

En effet, l'éducation est la source de ce travail de l'homme sur lui.

En développant son entendement et en usant de sa raison, il développera sa pensée et c'est donc en sensque la majorité pourra avoir toujours raison : autrement dit, on se dirigera vers une république des sages où lecritère de vérité et de validité de la majorité ne se posera plus.

Et c'est sans doute ce qui explique l'intérêt de Kant pour l'éducation comme on peut de le voir dans ses Réflexions sur l'éducation .

Comme Kant le note dans Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée ? (dans une note) : « Penser par soi-même signifie chercher la suprême pierre de touche de la vérité en soi même (c'est-à-dire dans sa propre raison) ; et la maxime de toujours penser par soi-même, c'est les Lumières ».. »

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