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Devons-nous désirer être pleinement satisfaits ?

Publié le 28/05/2009

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La satisfaction peut être définie comme l’état psychologique de plaisir et de soulagement éprouvé par celui qui a obtenu ce qu’il souhaitait. Elle suppose donc, en amont, le souhait, le désir, ou le besoin de voir quelque chose se réaliser. Elle est donc précédée par l’absence ou le manque. Dans le langage vieillit ou littéraire, la satisfaction peut même désigner la réparation de dommage ou d’une offense subis par quelqu'un, et plus particulièrement le duel. Partant de cette définition, nous pouvons clairement établir que la satisfaction est un état souhaitable, puisqu’elle apparait comme une réparation, comme un juste retour des choses. Dans le langage courant, l’insatisfaction, son antonyme, est par ailleurs synonyme de frustration. On pourrait même aller plus loin et dire que sémantiquement parlant, on ne que désirer être pleinement satisfait : en effet, dire que « je ne veux pas être pleinement satisfait « reviendrait à dire que « je serai pleinement satisfait lorsque je ne serai pas pleinement satisfait «. Par contre, savoir si nous devons désirer être pleinement satisfait est une autre question, puisque nous entrons alors dans le champ du devoir être, ou même du devoir tout court, c'est-à-dire de la morale. Est-il bon de vouloir être pleinement satisfait ? Cela nous conduira-t-il au bonheur et à la quiétude ? Est-ce vraiment ce qui convient à notre nature ? Autrement dit, l’envie de satisfaire tous nos désirs est-il un moteur et la source d’énergie qui nous fait agir, ou est-ce au contraire, le premier facteur d’insatisfaction et d’agitation ?

Ne manquer de rien est l'idéal de la sagesse et du bonheur. Reste à savoir si ce bonheur ne serait pas d'un mortel ennui ?

« qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous.

Le corps, la richesse, la réputation, le pouvoir nedépendent pas de nous, tandis que notre jugement, nos impulsions, notre désir, nos aversions sont en notrepouvoir.

Celui qui ne tient pas compte de cette distinction est malheureux, troublé, parce qu'il fait reposerson bonheur sur des événements extérieurs, et si l'on vise ce qui ne dépend pas de nous, nous seronsmalheureux.

Il faut donc entièrement s'appliquer à faire reposer notre bonheur sur ce que l'on peut maîtriser.Voici l'exemple que l'on peut lire au paragraphe 43 du Manuel : « toute chose a deux anses, l'une par où il est possible de la porter, l'autre par où c'est impossible.

Si ton frère se conduit injustement, ne prends pas lachose sous cet angle : qu'il se conduit injustement (car c'est l'anse par où il est impossible de la porter),mais plutôt sous cet autre : qu'il est ton frère, qu'il a été élevé avec toi, et tu prendras la chose par où il estpossible de la porter ».

L'homme heureux est donc celui qui parvient toujours à appréhender les choses demanière à pouvoir les porter (on pourrait aller jusqu'à dire « les supporter »).

C'est là ce qu'on appellel'ataraxie, l'absence de troubles, seul bonheur compatible avec la condition humaine.

Nous devons doncapprendre à nous satisfaire de ce que la vie nous offre, sans chercher à satisfaire toutes nos envies. C.

La définition à laquelle nous sommes arrivés peut paraitre décevante, puisque la satisfaction, si on l'identifie à l'ataraxie n'est plus qu'un terme négatif : absence de trouble et d'inquiétude.

La réflexion quenous avons menée nous a pourtant conduits à situer le bonheur authentique en dehors de la sphèrechangeante des satisfactions extérieures.

Pourtant, il semblerait que cette définition soit très éloignée de ceque nous envisageons spontanément comme étant une vie satisfaite.

Si un homme heureux n'est rien d'autrequ'un homme qui ne connait pas le trouble et l'inquiétude, sa vie est-elle vraiment différente de la vie d'unepierre ? comment expliquer cette contradiction entre le bonheur tel que nous le pensons philosophiquementet le bonheur tel qu'il nous apparait spontanément, tel que le véhicule les images publicitaires, mais aussi lalittérature et le cinéma ? III. Le désir de satisfaction comme énergie vitale corrompue. A.

Simone Weil, dans La pesanteur et la grâce , (chapitre : « renoncement au temps ») écrit ceci : « quand on est déçu par un plaisir qu'on attendait et qui vient, la cause de la déception, c'est qu'on attendait del'avenir.

Et une fois qu'il est là, c'est du présent.

Il faudrait que l'avenir fût là sans cesser d'être l'avenir.

»Autrement dit, le désir de satisfaction, contrairement au besoin, ne peut souffrir le présent, il est toujoursdésir au futur, désir du futur, désir que quelque chose arrive mais pas que quelque chose soit.

C'est pourquoiles besoins sont satisfaits tandis que les désirs sont toujours déçus. B.

Dans le même ouvrage, au chapitre intitulé « désirer sans objet », elle écrit qu'il faut « arriver à savoir exactement ce qu'a perdu l'avare à qui on a volé son trésor ; on apprendrait beaucoup ».

Ce n'est pas parhasard que le personnage de l'avare illustre si bien la nature du désir.

L'avare, c'est celui qui garde l'argentdans une cassette, à l'abri de la convoitise des envieux.

L'avare ne se sert pas de son argent pour menerune vie plus agréable, bien au contraire, il peut vivre dans la plus grande pauvreté dans le dessein de voir saréserve d'or gonfler de jour en jour.

Or, l'argent a la propriété d'être une somme des possibles : il représentevirtuellement une infinité de choses, mais une fois dépensé, il n'est rien de plus que la valeur en laquelle il aété converti.

C'est pourquoi il n'y a rien de plus pathétique qu'un avare qui pleure de s'être fait voler safortune : il n'a en réalité rien perdu, il ne vivra pas plus mal, mais il a perdu une grande valeur virtuelle.

Lacassette d'or représente à cet égard le désir à l'état pur : le désir qui n'est pas déçu car pas actualisé, maisqui reste à l'état de virtualité.

Le désir ne peut se ramener au besoin parce que l'objet du désir n'est qu'unprétexte, tandis qu'il est la véritable fin du besoin. C.

Le seul moyen d'être heureux c'est non pas de chercher à satisfaire ses désirs en accumulant des richesses, des gloires, des attentions, ou des amis, mais de « désirer sans objet », c'est-à-dire d'êtrecapable de conserver toute l'énergie que procure la désir, mais sans que celui-ci ne soit corrompu par laconvoitise de biens qui le décevront toujours.

Il faut se satisfaire du désir à l'état pur, c'est-à-dire du désirqui ne cherche pas à être satisfait, car toute satisfaction est toujours illusoire. Conclusion En conclusion, on peut dire que nous devons chercher à satisfaire nos besoins, car c'est ce qui nous permetd'atteindre la quiétude.

Par contre, vouloir être pleinement satisfait nous fait d'emblée rentrer dans le champ dudésir, car ce « plein » est toujours illusoire, et ne saurait correspondre à la nature humaine.

Nul ne sera toujourssatisfait, et c'est bien pour cela que chercher à l'être, c'est méconnaitre la nature du désir et du bonheur, et fairedépendre le second du premier ; c'est donc se condamner à être éternellement insatisfait et malheureux.. »

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