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Dire et faire

Publié le 11/03/2015

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se déplace, intervient sur son environnement, en un mot agit, avant

même de savoir que dire. Il en est de même pour l'animal que l'on peut,

à la manière de Descartes, considérer comme privé de langage, tout

entier rejeté du côté du corporel et du sensible mais qui n'en agit pas

moins, sans cesse attentif au monde, se nourrissant, luttant pour survivre,

reproduisant son espèce. Et ce «faire«, même s'il n'est composé

que d'un enchaînement d'automatismes, n'a nullement besoin d'un

dire pour exister. Il ne s'agit pas ici seulement de ! 'antériorité du faire

sur le dire comme dans le cas de l'enfant où viendra très vite le temps

de l'acquisition du langage, mais plus radicalement, selon l'expression

du biologiste Von Vexkull, d'un Welt (d'un monde) où le rapport à

l'Umwelt (à l'environnement) se passe totalement du dire pour être

exclusivement de l'ordre du faire. Il est bien impossible ici pour le dire

de faire, puisque le dire n'a aucune place. Et dans l'immensité silencieuse

de la nature, seuls, de loin en loin, semblent se répondre le murmure

du vent et le cri des animaux.

« LE LANGAGE : COURS se déplace, intervient sur son environnement, en un mot agit, avant même de savoir que dire.

Il en est de même pour l'animal que l'on peut, à la manière de Descartes, considérer comme privé de langage, tout entier rejeté du côté du corporel et du sensible mais qui n'en agit pas moins, sans cesse attentif au monde, se nourrissant, luttant pour sur­ vivre, reproduisant son espèce.

Et ce «faire», même s'il n'est compo­ sé que d'un enchaînement d'automatismes, n'a nullement besoin d'un dire pour exister.

Il ne s'agit pas ici seulement de ! 'antériorité du faire sur le dire comme dans le cas de l'enfant où viendra très vite le temps de l'acquisition du langage, mais plus radicalement, selon l'expression du biologiste Von Vexkull, d'un Welt (d'un monde) où le rapport à l'Umwelt (à l'environnement) se passe totalement du dire pour être exclusivement de l'ordre du faire.

Il est bien impossible ici pour le dire de faire, puisque le dire n'a aucune place.

Et dans l'immensité silen­ cieuse de la nature, seuls, de loin en loin, semblent se répondre le mur­ mure du vent et le cri des animaux.

2 Dire c'est faire C'est avec l'homme que, dès l'enfance de l'humanité, dans les sociétés dites primitives et dont certaines survivent encore, les cla­ meurs vont emplir les forêts et les savanes.

Musiques et paroles col­ lectives des cérémonies et des chants, scandant 1 'effort de ceux qui hèlent les pirogues ou accompagnant les moments les plus importants de la vie.

Dans le groupe, le dire de certains prend alors parfois une valeur exceptionnelle, comme preuve du lien privilégié établi entre le sorcier (le shaman, le mage) et la nature.

Prises dans un rituel, des paroles, des prières, des objurgations, forcent la pitié des divinités: le mauvais sort est conjuré, le mal est chassé, la pluie est revenue.

Pratiques étranges dont le récit nous porte à sourire, mais qui pourtant sont aussi bien parmi nous: jeteurs de sort et sorciers du Berry, exorcisme contre la possession diabolique, paroles des psychothérapeutes et dire silencieux des psy­ chanalystes.

Paroles thaumaturgiques qui par leur puissance d'appel per­ mettent enfin à des actions de se réaliser.

Force est d'admettre qu'ici le dire fait surgir un faire.

1 L'illocutoire ou l'acte dans la parole même On ne peut, en effet, limiter la parole à cette fonction qui fait réfé­ rence au monde et qui se borne à constater ce qu'il en est des choses déjà-là.

Si la parole a une fonction expressive, traduisant à sa maniè­ re les besoins et les émotions du sujet qui parle, elle a aussi pour pro­ jet de faire faire, de «faire en sorte que l'autre fasse».

C'est la fameuse 40. »

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