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Droit de nature et loi de nature de T. HOBBES

Publié le 05/01/2020

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droit

Droit de nature et loi de nature

T. HOBBES (1588-1679)

 

Dans ce texte, Hobbes oppose le droit naturel et la loi, naturelle. Mais il montre aussi que c'est la loi de nature - ou raison - qui conduit les hommes à renoncer à leur droit, c'est-à-dire à leur liberté.

 

LE DROIT DE NATURE que les auteurs appellent généralement jus naturale est la liberté qu’a chacun d’user comme il veut de son pouvoir propre, pour la préservation de sa propre nature, autrement dit de sa propre vie, et en conséquence de faire tout ce qu’il considérera, selon son jugement et sa raison propres, comme le moyen le mieux adapté à cette fin.

 

On entend par LIBERTÉ selon la signification propre de ce mot, l’absence d’obstacles extérieurs, lesquels peuvent souvent enlever à un homme une part du pouvoir qu’il a de faire ce qu’il voudrait, mais ne peuvent l’empêcher d’user du pouvoir qui lui est laissé, conformément à ce que lui dicteront son jugement et sa raison.

 

UNE LOI DE NATURE (Jex naturalis) est un précepte, une règle générale, découverte par la raison, par laquelle il est interdit aux gens de faire ce qui mène à la destruction de leur vie ou leur enlève le moyen de la préserver, et d’omettre ce par quoi ils pensent qu’ils peuvent être le mieux préservés. En effet, encore que ceux qui parlent de ce sujet aient coutume de confondre jus et lex, droit et loi, on doit néanmoins les distinguer, car le DROIT consiste dans la liberté de faire une chose ou de s’en abstenir, alors que la LOI vous détermine, et vous lie à l’un ou à l’autre ; de sorte que la loi et le droit diffèrent exactement comme l’obligation et la liberté, qui ne sauraient coexister sur un seul et même point.

 

Et parce que l’état de l’homme, comme il a été exposé dans le précédent chapitre, est un état de guerre de chacun contre chacun, situation où chacun est gouverné par sa propre raison, et qu’il n’existe rien, dans ce dont on a le pouvoir d’user, qui ne puisse éventuellement vous aider à défendre votre vie contre vos ennemis : il s’ensuit que dans cet état tous les hommes ont un droit sur toutes choses, et même les uns sur les corps des autres [...]

 

En conséquence c’est un précepte, une règle générale, de la raison, que tout homme doit s'efforcer à la paix, aussi longtemps qu 'il a l’espoir de l’obtenir ; et quand il ne peut l’obtenir, qu’il lui est loisible de rechercher tous les secours et tous les avantages de la guerre [...]

 

De cette fondamentale loi de nature, par laquelle il est ordonné aux hommes de s’efforcer à la paix, dérive la seconde loi : que l’on consente, quand les autres y consentent aussi, à se dessaisir, dans toute la mesure où l’on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit qu’on a sur toute chose; et qu’on se contente d’autant de liberté à l’égard des autres qu’on en concéderait aux autres à l’égard de soi-même.

 

Thomas HOBBES, Léviathan (1651), trad. F. Tricaud, coll. «Philosophie Politique», Sirey, 1971, ch. XIV, pp.128-129.

droit

« situation où chacun est gouverné par sa propre raison, et qu'il n'existe rien, dans ce dont on a le pouvoir d'user, qui ne puisse éventuellement vous aider à défendre votre vie contre vos enne­ mis : il s'ensuit que dans cet état tous les hommes ont un droit sur toutes choses, et même les uns sur les corps des autres [ ...

] En conséquence c'est un précepte, une règle générale, de la rai­ son, que tout homme doit s'efforcer à la paix, aussi longtemps qu'il a l'espoirde l'obtenir; et quand il ne peut l'obtenir, qu'il lui est loi­ sible de rechercher tous les secours et tous les avantages de la guerre[ ...

] De cette fondamentale loi de nature, par laquelle il est ordonné aux hommes de s'efforcer à la paix, dérive la seconde loi: que l'on consente, quand les autres y consentent aussi, à se dessaisir, dans toute la mesure où l'on pensera que cela est nécessaire à la paix et à sa propre défense, du droit qu'on a sur toute chose; et qu'on se contente d'autant de liberté à l'égard des autres qu'on en concé­ derait aux autres à l'égard de soi-même.

Thomas HOBBES, Léviathan (1651), trad.

F.

Tricaud, coll.

«Philosophie Politique», Sirey, 1971, ch.

XIV, pp.128-129.

·POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Le droit de nature, ou droit naturel est le droit que pos­ sèdent les hommes avant l'établissement des lois.

Le droit positif est le droit défini par la loi, limité, mais aussi garanti par elle.

Le droit renvoie à la liberté, la loi à la nécessité.

Ce droit naturel, tel que Hobbes le décrit ici, peut sembler se confondre avec le droit du plus fort, que Rousseau dénoncera dans son Contrat social.

Mais il n'en est rien : c'est justement parce qu'il n'y a pas de plus fort et parce que les hommes sont égaux en droits que l'état de nature est, pour Hobbes, un état de guerre.

La loi naturelle ne doit pas non plus être identifiée à la loi positive.

La loi naturelle est la loi de la raison, qui oblige les hommes à renoncer à leur liberté.

Par le pacte d'asso­ ciation, les hommes renoncent donc à la fois volontairement et nécessairement au droit d'agir de leur propre chef.

La liberté qui leur est laissée est celle que leur concède la loi, laquelle est, dans le système de Hobbes, l'expression de la volonté d'un pouvoir fort et absolu.. »

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