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Ernest Shackleton

Publié le 22/02/2012

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Pour bien comprendre la carrière et le caractère de Shackleton, il faudrait se souvenir qu'il était irlandais ­ s'il est vrai que l'on est irlandais pour être né en Irlande d'une mère irlandaise. Dans l'ancienne Irlande de "l'ascendance anglaise", il n'y avait guère de classe moyenne. De façon générale, l'on peut dire que les Anglo-irlandais et les Irlandais protestants formaient une aristocratie, et les Irlandais catholiques, un prolétariat. S'il avait vécu en Angleterre, le père de Shackleton, médecin d'origine "Quaker" du Yorkshire, aurait appartenu à la classe moyenne, tandis qu'en Irlande il était, quoique de situation modeste, un membre de la classe dominante. Aussi, Shackleton, quoique fervent patriote britannique, ne fut-il jamais complètement chez lui en Angleterre. Ernest Henry Shackleton naquit en 1874 à Kilkee, petite ville du comté de Clare, au sud-ouest de l'Irlande. Il reçut sa première instruction dans sa ville natale et avait treize ans lorsqu'il fut envoyé en Angleterre dans une école secondaire de bonne réputation. Sa famille ne vivait pas dans une grande aisance. Lui-même, en vrai Irlandais, était dévoré depuis son jeune âge par le goût des aventures. C'était un beau garçon, hardi et bien bâti, doué d'une énergie exubérante qui le soutint et l'enflamma tout au long de sa vie aventureuse. Il avait seize ans lorsqu'il quitta l'école pour "fuir en mer", suivant l'expression familière, en s'enrôlant dans la marine marchande. Il y fit preuve d'excellentes qualités de marin et obtint à vingt-quatre ans son certificat de maîtrise l'habilitant à commander un navire. Lorsqu'en 1901, il fut nommé sous-lieutenant de réserve de la Marine Royale (grade honoraire qui ne devient effectif qu'en temps de guerre), il était troisième officier à bord d'un navire de l'Union Castle Line desservant les ports africains. Sa grande compétence en navigation ­ qui devait lui rendre, plus tard, de si appréciables services ­ et sa connaissance des voiliers incitèrent le capitaine Scott à le choisir et le compter parmi les membres de l'expédition du Discovery.

« Sud.

Il avait atteint le point le plus méridional que l'homme eût jamais foulé.

Parmi les autres groupes de l'expéditionNimrod, l'un escalada le sommet du volcan Erebus (environ 4.000 mètres), tandis qu'un autre parvint au pôlemagnétique Sud.

Shackelton et ses hommes accomplirent donc réellement de remarquables résultats. A son retour, Shackleton fut créé chevalier et élevé au grade de commandeur de l'Ordre royal de la reine Victoria, etreçut, en outre, de nombreuses médailles et décorations étrangères.

Il était devenu une personnalité en vue.

LeParlement vota un crédit de vingt mille livres sterling pour couvrir une partie des frais de l'expédition, tandis que lereste de la dette fut remboursé par les recettes d'une longue tournée de conférences ainsi que par la vente du livrequ'écrivit Shackleton : The Heart of the Antarctic ; (Le cOeur de l'Antarctique).

Ceux qui lui avaient fait confiancene furent pas déçus ; Shackleton, lui, demeura pauvre, et se trouva bientôt sans occupation.

Cinq années durant, ilchercha au hasard à s'occuper d'affaires, mais son esprit ne se détournait pas de son destin d'explorateur et de lagloire qui s'y rattache.

Enfin, en août 1914, son nouveau bateau, l'Endurance, fut prêt.

Il se proposait d'explorerl'aire de la mer de Weddell (découverte en 1823 par l'officier de marine Weddel), qui baigne le continent antarctiqueà l'opposé de la mer de Ross, et de déterminer la position de la terre de Graham par rapport à l'Antarctique.

On saitmaintenant que la terre de Graham est une île comprise dans un archipel voisin du continent antarctique, face à laPatagonie.

Le pôle Sud avait déjà été foulé par Amundsen et par Scott, mais de vastes espaces inconnus restaientindéterminés sur la carte des régions polaires antarctiques, un continent, le plus élevé de la terre, s'étendantvraisemblablement sur douze millions de kilomètres carrés. Mais en ce même mois d'août 1914, la guerre mondiale éclata et pour la première fois de sa vie, Shackleton setrouvait officier en service actif dans la Marine Royale ; il mit son navire et ses hommes à la disposition de l'Amirautéqui, refusant son offre, lui commanda de partir. Cette année-là, la glace fut mauvaise.

Cependant la côte Caird de la mer de Weddell fut découverte avant quel'Endurance ne fût pris dans les glaces, qui l'entraînèrent dès lors et durant neuf mois dans leur dérive puis, le 27octobre 1915, le navire sombra à deux cents milles de la terre et à plus de mille milles du secours le plus proche.

Cefut à ce moment que Shackleton donna toute sa mesure et montra qu'il avait, avec l'étoffe d'un vrai chef, lesressources d'un entreprenant conducteur de traîneaux et d'un habile navigateur.

Au moyen d'embarcations et detraîneaux, il fit passer son monde à l'île de l'Éléphant, roc désert battu par les tempêtes.

Laissant le gros del'équipage sur ce roc, il partit avec cinq hommes sur une embarcation de vingt-deux pieds (environ 6 m.

70),parcourut huit cents milles sur l'une des mers les plus sauvages du globe pour débarquer en Géorgie du Sud et,après avoir encore traversé l'intérieur inconnu de l'île, atteignit enfin une station baleinière norvégienne.

Exploitvraiment extraordinaire. Après trois tentatives à bord de vaisseaux différents, Shackleton réussit enfin, le 30 août 1916, à rejoindre legroupe laissé sur l'île de l'Éléphant et le ramena en Amérique du Sud.

Il s'embarqua ensuite sur l'Aurore pour délivrerles hommes qui, au début de l'expédition, étaient descendus à terre sur les rivages de la mer de Ross. Shackleton publia en 1916 son livre South ("Sud").

L'année suivante, le gouvernement britannique l'envoya enAmérique du Sud pour y exposer les buts de guerre des Alliés.

Il passa l'hiver 1918-1919 en Russie septentrionale,où il organisa l'équipement d'hiver des forces expéditionnaires.

En février 1919 enfin, il démissionna de l'armée avecle grade de commandant, et se trouva de nouveau désOeuvré.

Il avait quarante-cinq ans.

Shackleton employa lesdeux années qui suivirent à élaborer des plans ambitieux pour s'édifier une fortune.

Ses efforts échouèrent parceque, d'une part, il n'avait rien d'un homme d'affaires, et d'autre part, parce que son esprit était de plus en plusrempli d'un nouveau projet d'exploration.

On ne peut s'empêcher de relever ici qu'un homme de son âge (ilapprochait de la cinquantaine) ne se serait pas lancé dans une nouvelle aventure antarctique, s'il avait trouvé danssa patrie une occupation digne de lui ; mais peut-être avait-il le pressentiment de sa fin dans les espaces blancs oùil avait remporté ses grands triomphes. En septembre 1921, le Quest quitta l'Angleterre, ayant pour principale mission d'explorer la région peu connue dudétroit d'Enderby.

Il ne parvint en Géorgie du Sud que le 4 janvier suivant.

Le lendemain, tandis que, sur le pont dunavire, Shackleton scrutait les flots dans la direction de ces mystères qu'il avait, en partie, dévoilés, il futsubitement terrassé par une angine de poitrine.

On l'ensevelit dans la petite station baleinière de Grytviken où, avecses compagnons, il avait trouvé refuge six ans auparavant. Une ère nouvelle s'est ouverte pour les explorations antarctiques ; l'aviation, la technologie et les moyens decommunication et de transport ont changé toutes les conditions d'entreprise, mais dans la longue histoire de la luttedes hommes voués à la découverte de la Terre, il n'est certes pas de nom plus illustre que celui de Shackleton.. »

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