Essai d'exclusion des sources détectées.
Publié le 31/10/2012
Extrait du document
Chercher à savoir si l'on peut légitimement parler du travail de l'artiste, c'est s'interroger sur les rapports qu'entretient l'artiste avec l'activité qu'il déploie lors de la production d'une oeuvre. Contrairement à l'artisan, qui, par l'excellence dans son travail, par l'acquisition d'une technique et la maîtrise d'une exécution ou d'un savoir-faire, reproduit habilement un modèle ou éventuellement en invente de nouveaux ; l'artiste « crée des formes « , il transpose les éléments de la réalité qu'il contemple dans une oeuvre d'art, qui est alors l'objet-support de la représentation. C'est probablement cette tension originelle et inhérente à l'activité de l'artiste, à savoir celle qui oppose imitation (la prise en charge et le transfert d'éléments du réel) et création (l'expression d'un homme ou d'une âme), qui vient nourrir tout un courant doxique, qui distingue fermement l'activité de l'artiste des autres activités de production exercées par l'artisan ou l'ouvrier, alors même qu'il attribue à l'artiste un statut particulier au sein du corps social. En effet, le discours de l'opinion caractérise la genèse d'une oeuvre d'art par opposition à celle des productions techniques. Discours selon lequel, l'artiste produit un oeuvre désintéressée, qui est à la fois son propre moyen et sa propre fin ; une oeuvre dont la visée n'est pas a priori d'attester d'une certaine habilité technique ou de susciter un quelconque jugement esthétique, mais au contraire, de se faire révélation de ce que la réalité ne donne pas immédiatement à voir. Dès lors qu'elle est étrangère à toute praxis, l'activité de l'artiste ne dépend pas d'une « action en vue de « ; elle est simplement l'expression d'une pure « création artistique «. A l'instar du poète chassé de la cité idéale platonicienne, l'artiste, par son activité, se marginalise dans une société fortement soumise au triomphe de l'économie capitaliste et de l'utilitarisme qui lui est sous-jacent. D'autre part, il semblerait que l'artiste lui-même distingue son activité de toutes les autres activités de production et se différentie des autres travailleurs, peut-être par soucis de préserver ainsi une certaine aura à ses oeuvres. Le jeune poète Chatterton, personnage éponyme mis en scène par A. De Vigny , incarne l'un des avatars de cette figure de l'artiste, qui défend la gratuité de l'Art contre le sens des affaires capitalistes (incarné dans la pièce par la bourgeoisie montante). Vigny nous rappelle que « [Le poète] marche consumé par des ardeurs secrètes et des langueurs inexplicables. Il va comme un malade et ne sait où il va ; [...] il a besoin de ne rien faire, pour faire quelque chose de son art. Il faut qu'il ne fasse rien d'utile et de journalier pour avoir le temps d'écouter les accords qui se forment lentement dans son âme, et que le bruit grossier d'un travail positif et régulier interrompt et fait infailliblement évanouir. « Si l'on conçoit sans problème le travail de l'artisan ; au contraire, l'interrogation sur la validité de la formule « le travail de l'artiste « semble rapidement tranchée, étant donné la résistance à laquelle on se heurte pour s'affranchir des incohérences entre les manifestations de ce que l'on appelle communément « travail «, et l'activité artistique en soi. Pourtant, réfléchir sur la notion de « travail de l'artiste « engage bien plus qu'une simple convention lexicale : elle repose la question première des mystères de la création. En effet, si l'on ne peut parler du travail de l'artiste, comment en définir l'activité sans la dévaluer, ou pire, la déconsidérer ? (...)
Liens utiles
- grand oral géopo: Quelles sont les sources de la croissance économique ?
- S.E.S. Quelles sont les sources et défis de la croissance économique ?
- Thème 1. Quels sont les sources et les défis de la croissance économique ?
- leçon de physique chimie: Chapitre 4 : Sources de lumière colorée
- Thème 3. La règle de droit Chapitre 1. Les sources du Droit