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Est-il raisonnable de vouloir retourner à une vie naturelle ?

Publié le 27/02/2004

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Dans quel but exactement ? Il s'agit d'effrayer « les lions «, de se mettre à l'abri de leur supériorité, de les empêcher de créer et de déployer leur puissance. Ainsi les faibles se mettront-ils au niveau des autres : ils égaliseront tout, dans le sens de la médiocrité, cela va sans dire. En d'autres termes, lois et énoncés axiologiques sont des produits du ressentiment des faibles contre les forts, ressentiment qui met finalement tout au même niveau. Les faibles créent la loi, mais aussi l'éloge et le blâme, par conséquent tout ce qui représente les valeurs morales. Ils élaborent aussi une théorie du juste et de l'injuste, transformant en injustice (ce qui est contraire au droit) toute manifestation vitale de supériorité. La loi appellera contraire au droit ce qui dépasse la sphère de la médiocrité. Le discours de Calliclès est donc très synthétique. Malgré son apparence désordonnée, il rassemble les énoncés axiologiques humains (loi, juste, injuste, droit) pour les mettre sous le signe de l'impuissance, du ressentiment et de la crainte. Ceux qui n'ont pas la vigueur, la grande santé du corps et de l'esprit, inventent la loi, les valeurs et la justice pour compenser leur misère existentielle.

  • [ L'état de nature est un état de paix et d'innocence. Il est raisonnable de vouloir retourner à une vie naturelle.]

1) L'état de nature est un paradis perdu 2) La civilisation nie la vie comme la société nie la liberté 3) La vie naturelle comme la vie bonne

  • [L'homme est un être de culture et non de nature. Vouloir retourner à la vie naturelle, c'est vouloir réduire l'homme à un simple animal d'instincts et de sensations.]

1) L'homme est un animal politique (Aristote) - La culture est l'essence de l'homme 2) La culture s'oppose au monde naturel 3) L'insociable sociabilité

« régissant du dehors l'activité humaine.

Notons que, chez les Grecs, à l'époque classique, le nomos est une loi qui nedoit rien à la révélation : elle n'a pas été établie par les dieux, elle est « laïque » en quelque sorte.

Dès lors, quelleest son origine profonde?Calliclès voit dans la loi une création de la foule faible et impuissante, sans énergie physique et morale : la loi estune expression du manque, manque de force, de vigueur et de vie.

C'est le produit de ceux qui ne peuvent déployerdans l'existence une surabondance existentielle.

La foule, dans la mesure où elle ne possède pas l'énergie créatricevéritable, désire en somme se protéger de l'élite.

La loi, l'éloge, le blâme constituent autant d'armes dans lastratégie des faibles.

Éloge et blâme : ce sont les jugements favorables et défavorables, c'est-à-dire les énoncésaxiologiques, portant sur des valeurs, qu'utilise la foule impuissante.

En même temps que la loi, elle crée les valeurs,le bien et le mal, les jugements préférentiels qui organisent l'existence sociale.Dans quel but exactement? Il s'agit d'effrayer « les lions », de se mettre à l'abri de leur supériorité, de les empêcherde créer et de déployer leur puissance.

Ainsi les faibles se mettront-ils au niveau des autres : ils égaliseront tout,dans le sens de la médiocrité, cela va sans dire.

En d'autres termes, lois et énoncés axiologiques sont des produitsdu ressentiment des faibles contre les forts, ressentiment qui met finalement tout au même niveau.Les faibles créent la loi, mais aussi l'éloge et le blâme, par conséquent tout ce qui représente les valeurs morales.

Ilsélaborent aussi une théorie du juste et de l'injuste, transformant en injustice (ce qui est contraire au droit) toutemanifestation vitale de supériorité.

La loi appellera contraire au droit ce qui dépasse la sphère de la médiocrité.

Lediscours de Calliclès est donc très synthétique.

Malgré son apparence désordonnée, il rassemble les énoncésaxiologiques humains (loi, juste, injuste, droit) pour les mettre sous le signe de l'impuissance, du ressentiment et dela crainte.

Ceux qui n'ont pas la vigueur, la grande santé du corps et de l'esprit, inventent la loi, les valeurs et lajustice pour compenser leur misère existentielle.

La justice, c'est le respect du droit.

Mais on ne parle de respect dudroit que par peur de la supériorité.

La première partie du texte unifie donc le système des valeurs pour le rapporterà l'effroi devant la vie et à l'intérêt personnel de ceux qui ne peuvent créer.

Il y a incontestablement, chez Calliclès,bien avant Nietzsche, une description généalogique, donnant à voir la création des valeurs morales, oeuvre desfaibles et des impuissants : c'est l'égoïsme médiocre des moutons qui engendre les valeurs.Dans la seconde partie du texte, c'est le concept de nature qui est analysé par le sophiste.

Que désigne ici lanature? Par opposition à la loi changeante et conventionnelle, elle représente ce qui est inné et spontané,l'ensemble des éléments innés appartenant à tout individu.

L'ordre de la nature donne à voir le fond commun quasibiologique.

Or, l'ordre naturel (« Mais la nature...

admise ») nous renvoie à la force pure et simple, la force étantcomprise ici comme violence.

Cette violence pure est la loi suprême : au plus fort d'avoir la plus forte part, car ledroit, c'est-à-dire ce qui est légitime, est identique à la force.

Ainsi, la violence règne à l'état de nature et légitimetout droit.

L'ordre humain comme l'ordre animal expriment la victoire et la supériorité de la force violente.

En bref, lerapport « domination-soumission » qui s'établit par la médiation de la violence légitime et fonde tout droit en tantque tel.Dans la sous-partie suivante (« De quel droit...

Scythes ») Calliclès énumère quelques exemples historiques à l'appuide sa thèse.Il tire ensuite la morale de ses exemples (« Mais tous ces gens...

loi de la nature ») répétant que force fondelégitimité et que violence est mère de droit.Enfin, dans les dernières lignes, c'est toute l'éducation humaine que Calliclès met en question.

Les incantations, àsavoir l'emploi de paroles magiques agissant par émotion, ainsi que les mômeries, c'est-à-dire des cérémoniesridicules, permettent de façonner et de construire les âmes.

Ainsi prend-on en charge de jeunes lionceaux toutpuissants, dont on détruit la force spirituelle par la magie de discours faux et creux.

L'éducation n'est qu'un discoursmenteur et magique, donnant l'être à ce qui n'en a pas, attribuant de la force à ce qui n'est rien.

Éduquer, c'estfausser le jeu de la nature, qui voudrait la supériorité de l'élite.

[L'homme est un être de culture et non de nature.

Vouloir retourner à la vie naturelle, c'est vouloir réduire l'homme à un simple animal d'instincts et de sensations.]. »

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