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Faut-il défendre la parole contre l'écriture ?

Publié le 27/02/2008

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Nous le déterminerons, le moment venu, en essayant les deux interprétations possibles : soit simple comparaison de la parole et de l'écriture, soit rapport entre les deux. La parole et l'écriture, le langage parlé et le langage écrit, constituent deux formes différentes du langage; il semble donc tout à fait naturel de les comparer l'une à l'autre, et c'est cette idée qui vient d'abord à l'esprit. Toutefois, il n'est pas absurde de chercher s'il existe, entre ces deux modes d'expression, un rapport : on pourrait se demander, par exemple, en quoi l'usage de l'écriture et plus encore l'usage de l'imprimé ont contribué à fixer, à former, à régulariser, la langue parlée elle-même; on pourrait inversement chercher en quoi la possibilité de dicter et plus encore l'utilisation de la sténographie, de la sténotypie, celle du magnétophone, en permettant de fixer par écrit sans altération ni correction des paroles effectivement prononcées, ont modifié l'art d'écrire et le style des textes écrits. Vous pourrez, si vous en avez le temps, examiner ces questions, et d'autres encore ; mais la première partie de notre travail et peut-être la principale est de comparer l'une à l'autre la parole et l'écriture. B. - Comparaison. Conformément aux règles que nous avons établies pour la comparaison, nous recueillerons d'abord les traits qui caractérisent la parole et ceux qui caractérisent l'écriture, sans chercher pour l'instant à établir ni même à amorcer la comparaison; il ne faut pas que le souci de comparer risque de fausser nos analyses en accentuant soit le rapprochement soit l'opposition. Cette enquête, nous la menons un peu au hasard, ou nous nous servons d'un questionnaire passe-partout. Nous nous demanderons par exemple qui parle, à qui l'on parle, quand on parle; ce que la parole permet, on ne permet pas d'exprimer; nous nous placerons à des points de vue différents : physiologique, psychologique, social, esthétique, moral; nous examinerons des obstacles et des moyens, des avantages et des inconvénients. Nous nous demanderons de même quand on écrit, qui entreprend d'écrire et pourquoi, à qui on écrit, quelles sont les attitudes possibles d'un homme en face du texte écrit, ou du texte imprimé.

« de l'écriture, de maîtriser la parole et l'écriture et non d'être maîtrisé et saisi par eux ? Suppléments: A.

— Forme de l'énoncé. Énoncé comprenant deux concepts simplement réunis par la conjonction et, donc sujet incomplètementdéterminé1.

Nous le déterminerons, le moment venu, en essayant les deux interprétations possibles : soitsimple comparaison de la parole et de l'écriture, soit rapport entre les deux.

La parole et l'écriture, le langageparlé et le langage écrit, constituent deux formes différentes du langage; il semble donc tout à fait naturel deles comparer l'une à l'autre, et c'est cette idée qui vient d'abord à l'esprit.

Toutefois, il n'est pas absurde dechercher s'il existe, entre ces deux modes d'expression, un rapport : on pourrait se demander, par exemple, enquoi l'usage de l'écriture et plus encore l'usage de l'imprimé ont contribué à fixer, à former, à régulariser, lalangue parlée elle-même; on pourrait inversement chercher en quoi la possibilité de dicter et plus encorel'utilisation de la sténographie, de la sténotypie, celle du magnétophone, en permettant de fixer par écrit sansaltération ni correction des paroles effectivement prononcées, ont modifié l'art d'écrire et le style des textesécrits.

Vous pourrez, si vous en avez le temps, examiner ces questions, et d'autres encore ; mais la premièrepartie de notre travail et peut-être la principale est de comparer l'une à l'autre la parole et l'écriture. B.

— Comparaison. Conformément aux règles que nous avons établies pour la comparaison, nous recueillerons d'abord les traits quicaractérisent la parole et ceux qui caractérisent l'écriture, sans chercher pour l'instant à établir ni même àamorcer la comparaison; il ne faut pas que le souci de comparer risque de fausser nos analyses en accentuantsoit le rapprochement soit l'opposition.

Cette enquête, nous la menons un peu au hasard, ou nous nousservons d'un questionnaire passe-partout.

Nous nous demanderons par exemple qui parle, à qui l'on parle,quand on parle; ce que la parole permet, on ne permet pas d'exprimer; nous nous placerons à des points devue différents : physiologique, psychologique, social, esthétique, moral; nous examinerons des obstacles etdes moyens, des avantages et des inconvénients.

Nous nous demanderons de même quand on écrit, quientreprend d'écrire et pourquoi, à qui on écrit, quelles sont les attitudes possibles d'un homme en face dutexte écrit, ou du texte imprimé.Faites donc vous-même ce travail en suivant les conseils que nous vous avons donnés dans notre Premièrepartie.

Tracez deux colonnes, portez dans l'une et dans l'autre les caractères que vous apercevez, sans voussoucier ni d'ordre, ni de correspondance d'une colonne à l'autre.

Ensuite seulement vous chercherez si l'on peutdéterminer une correspondance; et si certains caractères, dans une colonne, n'ont pas de correspondant dansl'autre, vous chercherez pourquoi; puis vous tâcherez de grouper les indications recueillies, et de les disposerselon un ordre aussi naturel que possible.Par exemple, adoptons provisoirement le plan très simple que voici : nous comparerons la parole et l'écriture,en considérant d'abord les caractères qui constituent leur essence, ensuite ceux qui en résultent à titre deconséquences et que nous appellerons leurs caractères secondaires ou dérivés.

Ce n'est qu'un plan derecherche, que nous abandonnerons si nous en trouvons un meilleur. 1° — Les caractères essentiels.La parole consiste en une émission de voix, c'est-à-dire un son; c'est un mouvement vibratoire, caractérisé par safréquence et son amplitude, et qui se propage avec une certaine vitesse.

Il est produit par les organes phonateurset reçu par l'oreille, tous organes dont le fonctionnement est réglé par des lois physiologiques et rendu possible pardes conditions physiques.

L'écriture suppose la main, armée soit d'un outil, soit d'une machine, et l'oeil, organe de lavision; les conditions physiologiques sont donc différentes. a) La parole exige la présence, puisqu'elle se propage de bouche à oreille et n'est audible qu'à une petite distance.Cela n'est pas toujours vrai, grâce aux artifices tels que le téléphone, le haut-parleur, la télévision, le transport àdistance des enregistrements sur disques ou sur bandes magnétiques; il y aurait là d'intéressantes études à faire,mais que vous ne pouvez qu'indiquer dans cette dissertation.

On peut parler et entendre sans se voir, parexemple, dans l'obscurité, ou en se tournant le dos, ou derrière un rideau, etc.L'écriture au contraire ne suppose pas la présence, on pourrait même dire qu'elle l'exclut; pour écrire, comme pourlire, on recherche le silence et la solitude, tandis que la parole peut s'adresser à un seul interlocuteur mais aussi àune collectivité, à une foule.L'écriture est plus discrète que la parole; lorsqu'on parle, on n'est jamais sûr de ne pas être entendu par d'autresque celui à qui l'on s'adresse : « les murs ont des oreilles ».b) La parole se dissipe dès qu'elle est prononcée, l'écrit peut se conserver presque indéfiniment.

Ici encore, faisonspour mémoire quelques réserves à propos, d'une part, des paroles conservées — plus ou moins fidèlement,d'ailleurs — par le souvenir et la tradition orale, d'autre part, des paroles « enregistrées » qu'on peut aussi bienconserver que transporter.

Du moins distinguons soigneusement la parole enregistrée de l'écriture et ne retenons,sous le nom d'écriture, que les textes conservés sous formes de graphies, manuscrites ou mécaniques.Les deux conditions fondamentales que nous venons de dégager se rapportent l'une à l'espace, l'autre au temps;nous pouvons dire d'un mot que l'écriture triomphe et de l'espace et du temps, et que la parole est soumise à ces. »

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