Devoir de Philosophie

Faut-il faire confiance au langage ?

Publié le 15/09/2005

Extrait du document

langage

La confiance est affaire de serment, de parole donnée et tenue. Si on ne fait pas confiance au langage dans lequel se tient cette parole, à quoi faire confiance ? Le langage n'est-il pas à l'origine de toute confiance ? Si l'on ne peut faire confiance aux mots, faut-il perdre toute confiance ? Faire confiance à quelque chose, c'est croire en ce qu'est et fait cette chose, pouvoir s'appuyer sur elle "sur parole", sans vérification. Sur quoi se fonde cette confiance ? Existe-t-il une confiance instinctive dans le langage, infondée et ininterrogée ? On est plongé dans une langue qu'on ne choisit pas, et dans un langage à propos duquel il n'y a aucun choix possible.

langage

« introduction a) Un constat : nous pensons avec des mots, et nos pensées (entendues comme les actes ou les produits del'entendement ou de la raison) sont par là même, des discours.b) Or, on a pu dire que « l'erreur vient de la ressemblance, et la ressemblance du discours » (Aristote, Réfutationssophistiques, 169 b).

Le langage serait une source d'erreur et de confusion pour la pensée parce qu'il serait en lui-même non rigoureux et ambigu.c) Dans ces conditions, on peut se demander si, pour accéder à la vérité, la pensée ne doit pas se méfier dulangage.

Elle le devra si le langage est effectivement ambigu — ce qu'il nous faut d'abord examiner.

Et si cela est lecas, nous verrons ensuite comment elle peut pallier cette ambiguïté langagière. 1) la double ambiguïté du langage a) Équivocité lexicale• A un même signifiant, c'est-à-dire à une même image acoustique, peuvent correspondre des signifiés totalementdifférents et sans rapport entre eux.

Tel est le cas des homonymes ; par exemple, [ver] signifie aussi bien unustensile pour boire (verre) qu'un animal (ver).• Cette ambiguïté touche en fait la plupart des mots.

Un mot ne possède en effet que rarement une seulesignification.

Par exemple, monter signifie aussi bien « (se) transporter dans un lieu plus haut » qu' « aller enaugmentant » ou encore « assembler différentes parties pour former un tout ».

Une proposition comme « Pierre amonté une horloge dans son grenier » sera donc ambiguë.

On ne parle pas dans ce cas d'homonymie, mais depolysémie, car ces diverses significations sont reliées entre elles, encore qu'elles puissent parfois être si éloignéesqu'elle constituent de véritables homonymes.• Les logiciens, notamment ceux de l'école du positivisme logique, ont bien mis en évidence l'ambiguïté, souvent nonapparente, du mode de désignation des mots qui conduit à des ambiguïtés syntaxiques.

Ainsi, Wittgenstein observe:« Dans le langage quotidien, il arrive très fréquemment que le même mot désigne d'une manière différente — doncappartienne à différents symboles — ou que deux mots, qui désignent de manière différente, soient utilisésextérieurement de la même manière dans la proposition.« Ainsi, apparaît le mot "est" en tant que copule, en tant que signe d'égalité et en tant qu'expression d'existence ;le mot : "exister" en tant que verbe intransitif comme le mot "aller" ; "identique" en tant qu'adjectif ; nous parlons dequelque chose, mais aussi de ce qu'il se passe quelque chose.

« (Dans la proposition "le Vert est vert" — où lepremier mot est un nom propre, le dernier un adjectif — ces mots n'ont pas simplement une signification différente,mais ce sont des symboles différents.)« C'est ainsi que se produisent facilement les confusions fondamentales (dont toute la philosophie est remplie).

»(Tractatus logico-philosophicus, 3.323-3.324). b) Équivocité syntaxiqueOutre les mots donc, les structures syntaxiques elles-mêmes peuvent être équivoques.

Par exemple, la proposition «Le magistrat juge les enfants coupables » peut aussi bien signifier : « Le magistrat juge que les enfants sontcoupables » que « Le magistrat juge les enfants qui sont coupables ». c) Réduction de ces équivocités• À la décharge du langage, on observera que l'équivocité se trouve souvent réduite par :1.

le contexte syntagmatique, c'est-à-dire l'entourage linguistique du mot dans un énoncé.

Le signifiant [mer] perdde son ambiguïté s'il est précédé d'un article indiquant son genre.Ainsi [le mer] (le maire) est bien univoque, mais [la mer] reste ambigu ( = la mer ou la mère) ;2.

le contexte sémantique.

L'énoncé « Je veux me baigner dans la mer » ou « J'ai brisé un verre » élimine touteambiguïté ;3.

la situation, c'est-à-dire l'ensemble des circonstances dans lesquelles a lieu un discours.

Le sens d'un énoncé esten effet déterminé par la connaissance que les interlocuteurs possèdent de la situation référentielle du discours.Ceci vaut non seulement pour les ambiguïtés lexicales, mais aussi pour les ambiguïtés syntaxiques. d) TransitionCependant, toutes les ambiguïtés ne sont pas levées par ces trois éléments, notamment celles soulignées par lepositivisme logique.

La double ambiguïté du langage a d'ailleurs été très tôt mise en avant pour discréditer la valeurdu langage et, par là, exclure toute possibilité de connaissance, notamment par les sceptiques qui voyaient dansl'univocité du langage une illusion et plaçaient sa norme dans le non-univoque.

La question est donc de savoir sil'équivocité du langage tient à sa nature même ou si elle n'est qu'un phénomène dérivé.

En d'autres termes, le. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles