Devoir de Philosophie

Faut-il faire de la philosophie ?

Publié le 05/08/2005

Extrait du document

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Mais si Gramsci quant à lui, va même jusqu'à prétendre que « tous les hommes sont philosophes », c'est pour  aussitôt ajouter qu'une « philosophie spontanée » ne peut dispenser quiconque d'un effort conséquent et soutenu pour élaborer par soi-même une conception critique du monde. L'exercice de la philosophie apparaît dès lors selon une double dimension : d'abord parce qu'elle n'est que le prolongement d'une attitude naturelle à l'homme (et qui le caractérise en tant que tel), mais aussi parce qu'un tel exercice permet de garder un regard critique sur le réel dans la totalité de ses dimensions (c'est d'ailleurs le cas des études philosophiques sur les conséquences de certaines avancées techniques ou scientifiques, études réflexives qui apparaissent toutes nécessaires à la fois pratiquement et éthiquement). ·         De nombreux philosophes ont ainsi marqué la solution de continuité qu'implique tout passage à la philosophie. La notion d'étonnement représente chez Platon la tentative d'expliquer la naissance de la philosophie. Elle permet en effet d'exprimer le renversement d'attitude face au monde qui se produit lorsque, délaissant l'opinion, on se tourne vers la philosophie. Cette conversion consiste à poser, à propos de quelque chose que le monde connaît et a toujours connu (par exemple la vertu dans le Ménon) la fameuse question socratique : qu'est ce que c'est ? De même, l'idée que la philosophie commence par une mise en doute radicale de toutes nos connaissances implique pour Descartes un travail sur soi qu'il faut sans cesse renouveler. La démonstration ne suffit pas, il faut parvenir à une transformation du moi pensant. La volonté de douter se heurte constamment à la menace d'un retour à nos habitudes de pensée. ·         De l'extérieur de la philosophie, la nécessité du passage à la philosophie ne peut jamais être démontrée définitivement.

Angle d’analyse

® La question se place sous le point de vue du devoir, au sens fort du terme, à savoir l’obligation. Ce terme peut d’ailleurs tout à fait recouvrir une signification morale. ® Il paraît étrange, a priori au moins, de se poser une telle question quand on sait le peu de considération et d’intérêt que la discipline philosophique génère dans la vie courante. ® Pourtant il s’agit là d’une question centrale : à savoir le statut et la fonction de la philosophie elle-même. Pourquoi faudrait-il faire de la philosophie, au nom de quoi serait-il notre devoir de philosopher ? Il s’agit donc de s’interroger sur l’essence même de la philosophie afin de répondre légitimement à la question. C’est en effet sa nature qui est ici en jeu, à savoir si son importance et sa fonction sont si capitales qu’elle mérite le titre de « devoir « (et non pas simplement de droit), ou si au contraire il s’agit d’une activité frivole et inutile. ® C’est donc la nécessité de la philosophie elle-même qui est ici en jeu, et qui plus est la nature même de cette nécessité.     Problématique               Peut-on en droit, légitimement, affirmer, que l’homme ne se constitue pleinement dans son humanité qu’en tant qu’il philosophe à la fois sur la réalité extérieure mais aussi sur lui-même, et de sorte que la philosophie comme discipline ne soit pas seulement un droit mais aussi et surtout un devoir ?  En quel sens peut-on dire qu’il faille philosopher ? Cette obligation revêt-elle un caractère moral ? C’est donc l’essence même de la philosophie, à travers sa nécessité (vitale ? Morale ? Pratique ? Ce qu’il faudra naturellement définir) qui est ici mise à la question.

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« tout cas l'attitude caractéristique de la philosophie, comme cet étonnement permanentface à ce qui est et ce qui devient.

Elle est donc cette discipline critique par laquelle onpeut prendre du recul et, a fortiori, fonder ses comportements en raison. · Pourtant, force est d'admettre qu'au-delà de cette interrogation, d'ordre moral ou politique par exemple, la philosophie ne livre ni consignes ni modèles : pas mêmel'indication d'un chemin à suivre.

La recherche philosophique, en effet, si elle n'exclutpas l'action, l'éclaire néanmoins sous un jour particulier.

Parce qu'elle est susceptible defaire de nous des citoyens non d'une nation déterminée mais de l'univers, lacontemplation philosophique nous rend, dans une certaine mesure, étrangers à notrepropre cité. · Russell , Problèmes de philosophie : « la contemplation philosophique exalte les objets de notre pensée, et elle ennoblit les objets de nos actes et de notre affection ;elle fait de nous des citoyens de l'univers et non pas seulement des citoyens d'une villeforteresse en guerre avec le reste du monde.

C'est dans cette citoyenneté de l'universque résident la véritable et constante liberté humaine et la libération d'une servitudefaite d'espérances mesquines et de pauvres craintes.

» La philosophie mérite donc, comme droit, d'être exercer, mais ce ne peut être un véritable devoir en cela qu'elle peut nous éloigner des réalités pratiques et concrète denotre propre société.

Elle est capable de nous emmener bien loin, en dehors de ce qu'onjuge être de vraies nécessités pratiques ou encore politiques. · On se souviendra à cet égard de l'attitude de Socrate face aux institutions athéniennes.

A la vieille de sa mort, alors que le moyen de fuir lui est offert, il refuse etl'évasion et l'exil.

Pour justifier son choix, il donne la parole aux lois d'Athènes et plaideleur cause avec une ferveur inattendue.

Or nous savons que l'indifférence tantôtrespectueuse, tantôt ironique, à l'égard de la cité, lui sera vivement reprochée,notamment par Calliclès dans le Gorgias (484 c-485 e).

Si l'on on croit le jeune etinsolent interlocuteur de Socrate, la philosophie n'est qu'un enfantillage inutile etdangereux qui détourne des seules tâches sérieuses – c'est-à-dire politique – danslesquelles un homme responsable est supposer devoir s'illustrer.

Or, le sens commundonne parfois raison à Calliclés en tenant la philosophie pour une activité frivole, un jeuintellectuel plus déroutant que subversif.

En ce sens, on voit difficilement comment l'ondevrait absolument faire de la philosophie. · Toutefois, une condamnation si brutale de la philosophie, ne peut être que hâtive et mal élucidée.

Toute argumentation tenant à récuser la philosophie est en effet soit tropphilosophique (elle se réfute alors elle-même), soit trop peu (elle ne peut élever dans cecas aucune prétentions à une quelconque légitimité). II- A quelles conditions la philosophie se rend-elle nécessaire ? · Une question étrangère = la philosophie est essentiellement une façon de s'interroger les fondements et la cohérence de contenus de pensée, aux antipodes d'une foi aveugle etdéfinitive dans ces idées.

La philosophie demeure une forme de pensée, une attitude qui asouvent reçu le nom d'esprit critique.

Elle est avant tout une expérience qui agit en retoursur l'esprit qui s'y exerce.

La philosophie ne peut répondre à un besoin de philosophie dansla mesure exacte où elle ne constitue pas essentiellement une réponse.

Cette mise au pointnous ramène à l'inutilité de la philosophie. · Faire de la philosophie / sortir de l'opinion = Le problème épineux du passage à la philosophie s'exprime avec clarté dans l'opposition classiquement admise entre opinion etphilosophie.

La philosophie se caractérise dès sa naissance par une critique et unedénonciation de l'opinion au nom d'une exigence de vérité et de fondement plus haut.

En cesens la philosophie est nécessaire, et peut-être même qu'elle a une nécessité morale(c'est-à-dire est un véritable devoir) puisque c'est par elle que l'homme peut prétendre àquelque vérité, acceptant de sortir de son état d'ignorance ou en tout cas d'opinion.

Cetteattitude philosophique aura donc, en retour, des effets positifs voire effectifs sur lapratique, puisqu'elle permettra, par un recul réflexif, de comprendre une action politique,une action morale, etc. · Mais pour comprend l'abandon de l'opinion au profit de la philosophie, pour mettre eu jour la nécessité du passage à la philosophie, il faudrait encore que fussent établiesl'insuffisance, la contradiction interne, l'absence de viabilité de l'opinion.

Or, le propre del'opinion est d'être satisfaite elle-même, de s'accommoder fort bien de l'absence defondement des propositions qu'elle fait siennes.

En effet, être dans l'opinion, c'estprécisément ne pas se poser la question du fondement, et ainsi, ne pas comprendre lesreproches adressés par la philosophie.

De la doxa à la philosophia, le chaînon restemanquant. III- Le devoir de philosopher : l'homme est-il par nature un philosophe ?. »

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