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Faut-il ne désirer que le possible ?

Publié le 17/03/2005

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C'est que je continue à croire possible la santé et la liberté qui ne dépendent pas entièrement de moi. Je souffre donc inutilement, dans la mesure où je ne comprends pas que ce que je désire est en fait impossible et hors de mon pouvoir. C'est pourquoi Descartes déclare qu'il lui a fallu : « [s'] accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement en notre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait de notre mieux, touchant les choses qui nous sont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible. « Une fois que j'ai fait au mieux, par exemple, que j'ai adopté toutes les règles d'une vie saine, si mon objectif n'est pas atteint, la santé, je dois considérer qu'il n'était absolument pas possible de l'atteindre. Cela n'était pas en mon pouvoir. Je ne suis pas responsable des conséquences non voulues ou non prévisibles de mes actes. Cela relève de l'intervention du hasard, ou des actions des autres, sur lesquels je n'ai aucune prise. Il est donc vain de continuer à espérer, ou à me faire des reproches, cela est impossible pour moi. Il s'agit d'une reprise de la maxime d'Épictète : « Ne désire pas que les choses arrivent comme tu le désires, mais désire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux . « Cela ne signifie pas qu'il faut ne rien faire ou ne rien entreprendre ; il faut à l'inverse, comme le dit Descartes « faire de notre mieux «.

1 - Quel serait le danger d'un réalisme intégral ? 2 - Quels sont les dangers de désirer l'inaccessible ? 3 - D'où vient l'envie de désirer l'impossible ? 4 - Peut-on confondre le rêve individuel et l'utopie politique ? 5 - Peut-on être heureux de désirer sans être comblé ?

« le contentement, alors même que je ne dispose d'aucun principe ferme pour guider mon action.

Si l'on reprend lamétaphore de Descartes, elles correspondent à cette maison dans laquelle j'habite temporairement, pendant que jereconstruis mon palais.La première maxime de Descartes recommande un conformisme extérieur : puisque rien ne me dit quelles moeurs ouquelle religion adopter en toute connaissance de cause, autant m'en tenir à celles de mon pays.

Ce conformismen'est que la façade et n'implique aucune adhésion intérieure.

La seconde maxime consiste en un usage ferme etconstant de la volonté ; une fois une décision prise, il ne faut pas en démordre.

Si je me perds en forêt, il me faudrabien choisir, fut-ce au hasard, une direction, et si je veux ne pas m'égarer complètement, m'y tenir.La troisième maxime est : « de tâcher toujours plutôt à me vaincre que la fortune et à changer mes désirs plutôtque l'ordre du monde ».

Descartes affirme que cette règle est aussi facile à comprendre que difficile à appliquer.

Enfait, il s'agit là d'une maxime d'inspiration stoïcienne, quasi directement recopiée d'Épictète, et qui nous invite à fairele départage entre :• d'une part ce qui dépend de nous, ce sur quoi nous avons un pouvoir ;• d'autre part ce qui ne dépend pas de nous, et dont nous devons nous exercer à ce qu'il ne nous touche enaucune façon. Le but que poursuivent les stoïciens, et Descartes ici, est de nous rendre les plus indépendants possibles des coupsdu sort, d'assurer au sujet la plus grande autonomie possible.

Or pour cela il faut NOUS vaincre, plutôt que de nousen prendre à la fortune (au mode, au hasard) et changer nos désirs plutôt que de sombrer dans l'illusion deremodeler le mode suivant nos projets.

Comme le déclare Epictète : « Ce n'est pas en satisfaisant nos désirs quel'on se fait libre, mais en détruisant les désirs.

»On voit ici naître l'opposition entre le sujet et la fortune, ses désirs et le monde.

En fait, il faut d'abord savoir faire ladifférence entre ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas, compter nos propres forces, et les mesurer àcelles du monde qui nous fait face.Ce qui m'appartient en propre et sur quoi j'ai un pouvoir, c'est moi-même, mes désirs, mes pensées, l'initiative demes actes.Par contre, les choses extérieures, ce qui prend pour moi la forme du hasard, l'action des autres, les conséquencesde mes actes, tout cela échappe à mon contrôle, dépasse mon pouvoir.Or, aussi évident que cela paraisse, les hommes n'ont pas conscience de cette opposition.

Comme le fait remarquerDescartes, nous ne désirons que ce qui nous semble possible.

Seuls les fous, c'est-à-dire ceux dont la raison estégarée, voudraient avoir des corps de diamant ou des ailes pour voler.

De même, je ne désire pas devenir roi duMexique, parce que j'ai clairement conscience que cela est impossible.

Par suite je ne souffre pas de ne pas pouvoiraccéder à la royauté.

Comment se fait-il alors que je désire être en bonne santé étant malade, ou libre étant enprison ? C'est que je continue à croire possible la santé et la liberté qui ne dépendent pas entièrement de moi.

Jesouffre donc inutilement, dans la mesure où je ne comprends pas que ce que je désire est en fait impossible et horsde mon pouvoir.C'est pourquoi Descartes déclare qu'il lui a fallu : « [s'] accoutumer à croire qu'il n'y a rien qui soit entièrement ennotre pouvoir que nos pensées, en sorte qu'après que nous avons fait de notre mieux, touchant les choses qui noussont extérieures, tout ce qui manque de nous réussir est, au regard de nous, absolument impossible.

» Une fois que j'ai fait au mieux, par exemple, que j'ai adopté toutes les règles d'une vie saine, si mon objectif n'estpas atteint, la santé, je dois considérer qu'il n'était absolument pas possible de l'atteindre.

Cela n'était pas en monpouvoir.

Je ne suis pas responsable des conséquences non voulues ou non prévisibles de mes actes.

Cela relève del'intervention du hasard, ou des actions des autres, sur lesquels je n'ai aucune prise.

Il est donc vain de continuer àespérer, ou à me faire des reproches, cela est impossible pour moi.Il s'agit d'une reprise de la maxime d'Épictète : « Ne désire pas que les choses arrivent comme tu le désires, maisdésire qu'elles arrivent comme elles arrivent, et tu seras heureux .

» Cela ne signifie pas qu'il faut ne rien faire ou nerien entreprendre ; il faut à l'inverse, comme le dit Descartes « faire de notre mieux ».

Mais il faut comprendrequ'une fois que j'ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, je ne peux plus rien désirer.L'inverse serait croire que le destin ou le monde peuvent s'ordonner selon mes désirs, serait demander que leschoses arrivent comme je le désire, ce qui est absurde.

C'est demander l'impossible ou se prendre pour un Dieu quiaurait tout pouvoir sur le monde.

J'ai tout pouvoir sur mes pensées, mais le résultat de mes actions ou de mes actesne dépend pas entièrement ni absolument de moi, il dépend de l'ordre entier de l'univers qui m'échappe.Appliquer cette règle difficile, c'est selon Descartes parvenir à ce que « nous ne désirons pas davantage être sains,étant malades ou être libres, étant en prison, que nous ne faisons maintenant d'avoir des corps d'une matière aussiincorruptible que les diamants [...] Mais je crois qu'il est besoin d'un long exercice et d'une méditation souventréitérée, pour s'accoutumer à regarder de ce biais toutes les choses.

»La maxime de Descartes reprend des stoïciens : « Changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde » s'est vueopposer en mai 68 le fameux « désirez l'impossible ».

Soucieux de mettre l'individu à l'abri des coups du sort, de luiépargner les désirs et les remords inutiles, Descartes tend à nous dire qu'il faut « aimer le réel » ou du moinsl'accepter, une fois qu'on a fait ce que l'on pouvait.

Cette règle de conduite extrêmement exigeante doit d'abordnous rappeler que les conséquences de nos actes et de nos décisions nous échappent, ne dépendent pasentièrement de nous, que nous sommes pris dans un réseau d'actions qui modifient nos initiatives, nos projets, nosdésirs.La morale des stoïciens donne comme « solution » un retrait orgueilleux dans la maîtrise de la pensée, undésinvestissement du monde.

Ce n'est pour Descartes qu'une étape, qu'une règle de la morale provisoire, celle quiest nécessaire pour conjuguer la prudence et la rigueur intellectuelle avec l'urgence de la vie.

Le dernier mot deDescartes réside dans ce qu'il nomme « générosité », et qui permet à chacun de gagner l'estime de soi-même.L'homme est généreux quand « il sent en soi-même une ferme et constante résolution de bien user (de son libre-. »

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