Faut-il parler ?

« psychanalyste Freud, l'appareil psychique est constitué d'un surmoi qui refoule les affects douloureux ou immorauxen les maintenant dans l'inconscient.

Il en résulte des troubles physiques d'origine psychique, qui sont l'expressionde l'affect refoulé.

Par exemple, Anna O., une patiente du médecin viennois Breuer, refusait de parler de la mort deson père.

Par conséquent, elle souffrait de divers symptômes hystériques n'ayant pas de cause physique.

Accepterconsciemment de parler aurait pu l'amener à libérer certains affects et à se guérir de ces symptômes.

D'ailleurs,c'est par la parole que Breuer (et Freud après lui) guérira Anna O.: une fois hypnotisée, elle laisse parler soninconscient et des sentiments refoulés comme la colère finissent par s'exprimer consciemment et disparaître.

En cesens, il faut parler.

En outre, on peut considérer que la parole est indispensable pour être humain.

Le langage humain, danslequel nous pensons, se distingue de celui des animaux par le fait qu'il peut nous servir à parler de choses passées,futures, hypothétiques ou même imaginaires.

De plus, nous ne pouvons pas connaître une chose sans la nommer.Or, pour Platon, connaître, c'est reconnaître l'intelligible dans le sensible.

C'est donc par le langage que nousapprenons à nous servir de l'entendement (faculté des concepts).

Ce langage humain est culturel, il s'acquiert dèsl'enfance par la parole et la communication avec l'entourage.

Ainsi, un homme qui n'a pas été éduqué parmi leshumains n'acquiert pas le langage nécessaire à la pensée.

Peut-on dire alors qu'il est un homme ? Au XVIII° siècle,on a retrouvé un homme élevé par des renards.

Il imitait complètement les renards, se prenait pour l'un d'eux, etn'ayant pas parlé les onze premières années de sa vie, il n'a jamais pu par la suite apprendre le langage humain.Peut-on dire alors qu'il est un homme ? Le plus tôt possible, l'humain participe à son acquisition du langage enparlant.

Sans la parole, un être ne peut donc pas acquérir une pensée structurée, un entendement et uneconscience suffisante pour être un humain.

En ce sens, il faut parler pour penser.

Et une fois que le langage est acquis de manière suffisante pour une pensée structurée, faut-il continuer àparler pour être ? Dans la vie sociale, parler permet d'être reconnu comme le sujet d'une conscience possédant lelangage humain.

La condition pour que deux consciences communiquent est le dialogue.

Pour Merleau-Ponty, lelangage permet d'accéder à la perception d'autrui: parler, c'est être reconnu, mais c'est aussi reconnaître les autresconsciences.

La parole est un moyen d'échapper à la première conséquence du "cogito" cartésien, le solipsisme: lefait d'être prisonnier de sa conscience sans que personne ne puisse savoir exactement ce que l'on pense.

C'estégalement par la parole que Socrate pratique la maïeutique, ou l'art "d'accoucher les esprits" et de faire découvrir àune personne sa propre capacité de penser en l'incitant à utiliser le langage de manière plus insistante.

En ce sens,il faut parler dans la société.

Conclusion En conclusion, nous pouvons dire que la parole est indispensable à l'être humain dans sa vie sociale et pourpréserver sa liberté.

Malgré cela, l'homme doit savoir se taire si parler l'empêche d'agir, afin de ne pas exister quepar la parole.. »