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Faut-il punir ?

Publié le 26/03/2005

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Si l'on prend en compte les circonstances atténuantes, n'est-ce pas à terme effacer la responsabilité individuelle ? Que vaut une loi si elle ne repose plus sur la responsabilité individuelle ? Auquel cas punir n'est pas légitime, mais nécessaire, voire inévitable. I. L'homme a-t-il le droit de punir l'homme ? Le problème apparaît avec une évidence saisissante quand il s'agit de la peine de mort, car enfin, en tuant le criminel il semble que la justice s'arroge un privilège véritablement divin. L'homme ne crée pas la vie, il la reçoit : il ne lui appartiendrait pas, en conséquence, de la supprimer. II. Sans même penser à la peine de mort et sans faire intervenir l'argument théologique, on aperçoit le paradoxe de toute sanction. La sanction imite ce qu'elle entend sanctionner.

« VII.

Platon disait : pour le juge punir est un devoir, pour le coupable être puni est en quelque sorte un droit ;c'est la formule exposée dans le Gorgias.

Le coupable a droit au juge comme le malade au médecin (Hegel dansses Principes de Philosophie du Droit reprendra les formules du « droit à la punition » considéré comme un droitdu coupable lui-même). "La vengeance se distingue de la punition en ce que l'une est une réparation obtenue par un acte de la partielésée, tandis que l'autre est l'oeuvre d'un juge.

C'est pourquoi il faut que la réparation soit effectuée à titre depunition, car, dans la vengeance, la passion joue son rôle et le droit se trouve ainsi troublé.

De plus, lavengeance n'a pas la forme du droit, mais celle de l'arbitraire, car la partie lésée agit toujours par sentiment ouselon un mobile subjectif.

Aussi bien le droit qui prend la forme de la vengeance constitue à son tour unenouvelle offense, n'est senti que comme conduite individuelle et provoque, inexpiablement, à l'infini, denouvelles vengeances." HEGEL VIII.

Il y aurait entre la faute et la punition une sorte d'équivalence rationnelle, d'harmonie nécessaire (Leibnizdisait qu'une sanction adaptée à la faute satisfait l'esprit comme une belle architecture ou comme unesymphonie très harmonieuse).

La nécessité de l'expiation serait même inscrite dans les profondeurs del'organisme (le sentiment de culpabilité provoquant, selon les psychanalystes, une autopunition sous forme demaladie, asthme, ulcère à l'estomac, etc.).Toutefois la théorie de l'expiation paraît discutable à certains.

En quoi une souffrance rachèterait-elle unefaute ? Si c'est ma volonté qui est coupable, en quoi la sanction qui frappe ma sensibilité répare-t-elle la faute? X.

C'est pourquoi on s'oriente plutôt aujourd'hui vers une conception de la sanction rééducatrice.

L'idée que lecoupable est un malade, tout au moins un désadapté, paraît une idée féconde, riche en germes de progrès.

Lasociété s'oriente donc vers les pratiques de rééducation psychologique (inspirées de la psychanalyse) etsurtout sociale (par exemple apprendre un métier au condamné afin de préparer sa réinsertion dans la viesociale). CITATIONS: « On ne peut déterminer rationnellement [...] si, pour être conforme à la justice, il faut, pour un délit, infliger [...]une peine de prison de un an ou de trois cent soixante-quatre jours ou encore de un an et un, deux ou trois jours.Pourtant, [...] une semaine ou un jour de prison en trop ou en moins sont déjà une injustice.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit, 1821. « Vous avez entendu qu'il a été dit : oeil pour oeil, et dent pour dent.

Et moi je vous dis de ne pas résister à celuiqui vous fait du mal.

Au contraire, si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre.

» Nouveau Testament, Evangile selon Matthieu. « Le châtiment a pour but de rendre meilleur celui qui châtie.

» Nietzsche, Le Gai Savoir, 1883. « Si peine et récompense disparaissaient, du même coup disparaîtraient les motifs les plus puissants quidétournent de certaines actions et poussent à certaines autres; l'intérêt de l'humanité en exige la perpétuation.

»Nietzsche, Humain, trop humain, 1878. « Le bagne, les travaux forcés ne relèvent pas le criminel; ils le punissent tout bonnement et garantissent lasociété contre les attentats qu'il pourrait encore commettre.

» Dostoïevski, Souvenirs de la maison des morts, 1862.. »

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