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Faut-il refuser l'abstraction au nom du vécu ?

Publié le 25/02/2004

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L'étonnement consiste en l'arrêt admiratif devant une chose que l'on ne comprend pas. Le mot n'est pas à comprendre au sens moderne cad la stupéfaction devant quelque chose d'inhabituel.Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à la routine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peut le classer dans les rubriques habituelles. Or les phénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l'on voit souvent n'est qu'une illusion.L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence. C'est d'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de son incompréhension devant ses mécanismes. « Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance [...] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance que les premiers philosophes se livrèrent à la philosophie. »L'abstraction ordonne le réelL'abstraction s'occupe de l'universel et du nécessaire, sans se soucier des singularités et des contingences du vécu. "Il n'y a de science que du général et non du particulier" dira Aristote.

« Langage et abstractionLa fonction essentielle du langage, selon Hegel, est de tirer l'esprit du monde complexe et confus que lui présente laperception vécue et de le faire accéder à un monde plus intellectuel, purifié, celui des mots: "L'intelligence se trouvecomme remplie par l'objet qui lui est donné immédiatement et qui entraîne avec lui la contingence, l'inanité et lafausseté qui sont le propre de l'existence extérieure".

Mais, le rôle de l'intelligence est de "purifier le contenu del'objet qui s'offre à elle d'une façon immédiate, en y effaçant tout ce qu'il a d'extérieur, d'accidentel etd'insignifiant".

Or c'est le son articulé, le mot qui accomplit cette fonction, car d'un côté le mot est une formeexterne mais il est aussi l'oeuvre de l'esprit: il est un signe et il est par là une forme interne.

"Le son s'articulantsuivant les diverses représentations déterminées, c'est-à-dire la parole et son système le langage, donne auxintuitions et aux représentations une seconde existence, plus haute que leur existence immédiate, en un mot, uneexistence qui a sa réalité dans la sphère de la représentation".

Par exemple, "en entendant le mot lion, nous n'avonsbesoin ni de l'intuition, ni même de l'image de cet animal, le mot une fois compris est la représentation simple sansimage.

C'est en mots que nous pensons", c'est-à-dire non en images vécues. Le vécu conduit à l'abstractionPrendre conscience de soi, de son vécu exige qu'on le mette à distance de lui.

Comprendre mon comportement,c'est m'abstraire de lui.

C'est ainsi que chez Platon ou chez Aristote, le passage du vécu à la pensée, dont le termeintermédiaire est l'étonnement, s'ouvre sur la métaphysique en tant que mise à distance du monde.Dans un passage de la « Métaphysique » (Livre A, chapitre 2), Aristote explique l'origine de la philosophie et le butqu'elle poursuit.

« Ce qui à l'origine poussa les hommes aux premières recherches philosophiques, c'était, commeaujourd'hui, l'étonnement .

» L'admiration et l'incompréhension devant le monde poussent l'homme à chercher àcomprendre et à rendre compte de ce qui l'entoure.

Ainsi naît la philosophie, qui n'a d'autre but que de tendre àexpliquer le monde.Dans ce passage de la « Métaphysique », Aristote reprend l'enseignement de son maître.

En effet, Platon écrit dansle « Théétète » : « il est tout à fait d'un philosophe, ce sentiment : s'étonner.

La philosophie n'a point d'autreorigine...

»L'étonnement, pour les Grecs, est donc l'origine véritable de la recherche philosophique.

L'étonnement consiste enl'arrêt admiratif devant une chose que l'on ne comprend pas.

Le mot n'est pas à comprendre au sens moderne cad lastupéfaction devant quelque chose d'inhabituel.Le sens commun, la plupart des hommes ne s'étonnent que devant un phénomène extraordinaire, qui échappe à laroutine, et dont il est clair qu'on ne le comprend pas, qu'on ne peut le classer dans les rubriques habituelles.

Or lesphénomènes les plus communs ne sont pas les plus connus, tant sen faut, et le sentiment de connaître ce que l'onvoit souvent n'est qu'une illusion.L'étonnement qui frappe le philosophe concerne n'importe quelle chose, aussi banale soit-elle en apparence.

C'estd'abord l'admiration devant la nature, et l'aveu de son incompréhension devant ses mécanismes.

« Or apercevoir unedifficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance [...] ainsi donc ce fut pour échapper à l'ignorance queles premiers philosophes se livrèrent à la philosophie.

» L'abstraction ordonne le réelL'abstraction s'occupe de l'universel et du nécessaire, sans se soucier des singularités et des contingences du vécu."Il n'y a de science que du général et non du particulier" dira Aristote.La science est connaissance du nécessaire et de l'universel.

Notons que l'universalité n'est que le signe de lanécessité : ce qui ne peut pas être autrement (le nécessaire) se retrouve identique en chaque cas (ce qui définitl'universel).

Mais il est inutile, pour acquérir l'idée universelle, de rassembler des milliers d'expériences.

Il suffit deraisonner en général sur un cas particulier, à travers lequel on vise l'universel en faisant abstraction desparticularités.

Une démonstration sur un triangle est suffisante car le triangle dessiné n'est que le support d'un raisonnement quivise l'essence même de tri-angle.

Celle-ci n'existe pas séparément du triangle, dans un monde d'idées, mais elle estla détermination intelligible que l'on retrouve en tout triangle.

Elle est l'objet propre de l'intellect, qui saisit la formedes choses, indépendamment de leur matière.

Pour ce faire, il a toujours besoin d'une image, d'une incarnation del'idée, à partir de laquelle il abstrait.

« On ne pense pas sans images », donc pas sans imagination (De l'âme, III).

Aristote appelle « induction » le processus intellectuel par lequel on passe des cas particuliers à l'idée générale.Mais il s'agit moins d'une généralisation vague à partir de cas ressemblants que d'une vision de l'essence à même lachose existante.

La science connaît du réel ce que l'on peut en dire de manière nécessaire, et donc universelle.

Les particularitéscontingentes lui échappent.

Elle ne connaît donc jamais parfaitement l'individu ; elle est une approximation infinie àpartir de concepts généraux. Sans abstraction, l'homme ne serait jamais parvenu à ordonner toute la diversité du monde dans lequel il vit.

Sansabstraction, point de science.

Sans abstraction, point de connaissance.. »

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