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Faut-il se méfier de l'Etat ?

Publié le 26/06/2009

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L'État ne se confond pas avec la société, il en est la L colonne vertébrale, le principe d'organisation, il dispose d'institutions et d'organes politiques, administratifs, juridiques, etc. Il exerce le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire, le gouvernement le représente et il détient le monopole de la violence légitime par son droit de sanction pénale. L'État possède une autorité souveraine qu'il exerce sur l'ensemble d'un peuple et d'un territoire déterminés. Si, à l'origine, il s'est constitué afin de préserver et de garantir la sécurité et la paix de tous, tirant en cela l'homme de l'état de nature, et organisant la société, sa forme despotique est inacceptable. La force ne fondant pas le droit, l'État ne peut raisonnablement tirer sa légitimité que d'un contrat social, comme l'a montré Rousseau, et son idéal se doit d'être démocratique. Le pouvoir de l'État représente donc la volonté générale, mais il est à craindre que les conflits entre la volonté générale et les volontés particulières ne soient insolubles et permanents. "A l'instant qu'un peuple se donne des représentants, il n'est plus libre" écrivait Rousseau. Si l'existence de l'État est une nécessité absolue, sans laquelle nous vivrions dans un perpétuel état de guerre et d'insécurité, il n'en reste pas moins le devoir de vigilance à l'égard d'un pouvoir qui peut déresponsabiliser l'homme et lui faire abdiquer sa liberté. Tocqueville a montré le péril de l'État moderne pour le citoyen. Si la démocratie libère du joug du despotisme et de la tyrannie, elle conduit néanmoins à des sociétés de masse, où chacun ne se préoccupe plus que de son plaisir personnel. Le plaisir de la consommation des biens devient le seul idéal. La notion de liberté est égoïste, celle d'égalité vise à supprimer les différences et la fraternité a disparu.

« faisant sans réserve, l'union est aussi parfaite qu'elle peut l'être, et nul associé n'a plus rien à réclamer: car, s'ilrestait quelques droits aux particuliers, comme il n'y aurait aucun supérieur commun qui pût prononcer entre eux etle public, chacun, étant en quelque point son propre juge, prétendrait bientôt l'être en tous; l'état de naturesubsisterait, et l'association deviendrait nécessairement tyrannique ou vaine.

Enfin, chacun se donnant à tous ne sedonne à personne; et comme il n'y a pas un associé sur lequel on n'acquière le même droit qu'on lui cède sur soi, ongagne l'équivalent de tout ce qu'on perd, et plus de force pour conserver ce qu'on a ». Transition : Ainsi l'Etat ne devrait pas être l'objet d'une défiance dans la mesure où il est nécessaire à l'existence d'unecommunauté.

Pourtant, si l'Etat est une nécessité, cela ne signifie pas non plus qu'on doive lui accorder toute notreconfiance. II – Défiance a) Nietzsche voit dans l'Etat le monstre le plus froid des montres froids.

Il y a donc tout lieu de se méfier de lieu Dans ce texte d' Ainsi parlait Zarathoustra Nietzsche fait référence au peuple, mais ce dernier est composé de la somme des individualités : « « Il y a quelque part encore des peuples et des troupeaux, mais ce n'est pas chez nousmes frères, chez nous il y a des Etats.

Etat, qu'est-ce que cela ? Allons ! ouvrez vos oreilles, je vais vous parler dela mort des peuples.

L'Etat, c'est le plus froid de tous les monstres froids.

Il ment froidement et voici le mensongequi rampe de sa bouche : « moi l'Etat, je suis le peuple ».

C'est un mensonge ! Ils étaient des créateurs ceux quicréèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie.

Cesont des destructeurs ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un Etat : ils suspendentau-dessus d'eux un glaive et cent appétits.

Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l'Etat et il ledéteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois.

» b) Par bien des aspects, il semble que l'on puisse suivre Marx & Engels dans L'Idéologie allemande lorsqu'ils parlent de l'Etat comme d'une communauté illusoire dont l'intérêt général ne serait que le reflet de la classe dominante.

Ilfaut se méfier de l'Etat parce qu'il ne représente pas le peuple.

Or à l'aune d'une lutte des classes, il apparaît alorsévident pour eux qu'un intérêt commun à l'ensemble d'une société est impossible en l'état : […] La division du travailimplique du même coup la contradiction entre l'intérêt de l'individu singulier ou de la famille singulière [ la société civile ] et l'intérêt collectif de tous les individus qui sont en relation entre eux ; qui plus est, cet intérêt collectif n'existe pas seulement, mettons dans la représentation, en tant qu'« intérêt universel », mais d'abord dans la réalitécomme dépendance réciproque des individus entre lesquels se partage le travail […]Il s'ensuit que toutes les luttes àl'intérieur de l'État, la lutte entre la démocratie, l'aristocratie et la monarchie, la lutte pour le droit de vote, etc.,etc., ne sont que les formes illusoires sous lesquelles dont menées ces luttes effectives des différentes classesentre elles […] et il s'ensuit également que toute classe qui aspire à la domination […] doit conquérir d'abord lepouvoir politique pour représenter à son tour son intérêt propre comme étant l'intérêt universel […] ». c) Et c'est pour cela que Proudhon dans De la liberté nous montre que la société en évoluant, en vue de la liberté de tous, et en suivant les lumières de l'esprit, doit devenir anarchique ce qui manifeste bien cette défiance face àl'Etat : « Toute royauté peut être bonne, quand elle est la seule forme possible de gouvernement ; pour légitime,elle ne l'est jamais.

Ni l'hérédité, ni l'élection, ni le suffrage universel, ni l'excellence du souverain, ni la consécrationde la religion et du temps, ne font la royauté légitime.

Sous quelque forme qu'elle se montre, monarchique,oligarchique, démocratique, la royauté, ou le gouvernement de l'homme par l'homme, est illégale etabsurde.

[…] Ainsi, dans une société donnée, l'autorité de l'homme sur l'homme est en raison inverse dudéveloppement intellectuel auquel cette société est parvenue, et la durée probable de cette autorité peut êtrecalculée sur le désir plus ou moins général d'un gouvernement vrai, c'est-à-dire d'un gouvernement selon la science.Et de même que le droit de la force et le droit de la ruse se restreignent devant la détermination de plus en pluslarge de la justice, et doivent finir par s'éteindre dans l'égalité ; de même la souveraineté de la volonté cède devantla souveraineté de la raison, et finira par s'anéantir dans un socialisme scientifique.

La propriété et la royauté sonten démolition dès le commencement du monde ; comme l'homme cherche la justice dans l'égalité, la société cherchel'ordre dans l'anarchie...

». Transition : Ainsi l'Etat n'est pas toujours cette solution de la vie en communauté : elle peut l'asservir et la priver de liberté.Pourtant ne faut-il pas saisir cette liberté autrement que comme liberté d'un caprice de faire ce que l'on veut ?. »

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