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Freud: L'erreur n'est-elle due qu'à l'ignorance ?

Publié le 15/03/2006

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Une illusion n'est pas la même chose qu'une erreur, elle n'est pas non plus nécessairement une erreur. L'opinion d'Aristote selon laquelle la vermine se développerait à partir des déchets - opinion à laquelle le peuple dans son ignorance reste aujourd'hui encore attaché - était une erreur, tout comme celle d'une génération antérieure de médecins qui voulait que le tabes dorsalis (affection neurologique due à la syphilis de la moelle épinière) soit la conséquence d'une débauche sexuelle. Il serait abusif d'appeler ces erreurs illusions. En revanche, ce fut une illusion de Christophe Colomb d'avoir cru découvrir une nouvelle voie maritime vers les Indes. La part que prend son souhait à cette erreur est très nette. On peut qualifier d'illusion l'affirmation de certains nationalistes selon laquelle les Indo-Germains seraient la seule race humaine capable de culture, ou bien la croyance selon laquelle l'enfant serait un être sans sexualité, croyance qui n'a finalement été détruite que par la psychanalyse. Il reste caractéristique de l'illusion qu'elle dérive de souhaits humains ; elle se rapproche à cet égard de l'idée délirante en psychiatrie, mais elle s'en distingue par ailleurs, indépendamment de la construction plus compliquée de l'idée délirante. Dans l'idée délirante, nous soulignons comme essentielle la contradiction avec la réalité effective ; l'illusion, elle, n'est pas nécessairement fausse, c'est-à-dire irréalisable ou en contradiction avec la réalité. Une jeune fille de la bourgeoisie peut, par exemple, se créer l'illusion qu'un prince viendra la chercher. C'est possible, quelques cas de ce genre se sont produits. Qu'un jour le Messie vienne et fonde un âge d'or, c'est bien moins vraisemblable ; selon sa position personnelle, celui qui jugera de cette croyance la classera comme illusion ou comme l'analogue d'une idée délirante. Il n'est d'ailleurs pas facile de trouver des exemples d'illusions qui se soient révélées vraies. Telle pourrait bien être néanmoins l'illusion des alchimistes de pouvoir transformer tous les métaux en or. Le souhait d'avoir énormément d'or, d'avoir tout l'or possible, est très émoussé par la compréhension que nous avons aujourd'hui des conditions de la richesse, et cependant la chimie ne tient plus la transmutation des métaux en or pour impossible. Nous appelons donc une croyance illusion lorsque, dans sa motivation, l'accomplissement de souhait vient au premier plan, et nous faisons là abstraction de son rapport à la réalité effective, tout comme l'illusion elle-même renonce à être accréditée.

Ce texte, plus complexe qu'il n'y paraît, semble s'articuler selon cinq moments distincts :

  • Freud s'attache tout d'abord à déterminer le sens de ce qu'est une erreur (« Une illusion [...] ces erreurs illusions. «).

  • Il en vient, ensuite, à donner la signification exclusive de la notion d'illusion (« En revanche [...] souhaits humains.)

  • Ceci étant fait, Freud montre l'efficacité spécifique de la théorie psychanalytique sur l'approche de la notion d'illusion, en en ajoutant une nouvelle (« elle se rapproche [...] avec la réalité «).

  • Vient ensuite un moment d'exemplification qui vient illustrer cette distinction cruciale (« Une jeune fille [...] pour impossible «).

  • Il dresse, enfin, un constat synthétique qui donne à penser, en deçà de cette distinction première de l'illusion avec l'erreur, celle plus fondamentale de la sphère affective avec celle de la réalité effective (« Nous appelons donc [...] à être accréditée «).

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« commun qui fait que nous en sommes venus à confondre ces deux notions. La problématique générale de ce texte est liée au regard psychanalytique de l'auteur sur la question du phénomènede l'illusion.

Cette problématique est celle du procès critique des racines et de l'avenir des religions et de la cultureeuropéenne.

Celles-ci s'alimentent des angoisses existentielles (mort, souffrance), ainsi que des frustrations(renoncements, interdits culturels) que rencontre l'humain dans les limites que lui imposent la société ? La distinctionde l'illusion avec l'erreur et ses rapports avec la pathologie psychanalytique, présentée ici, nous aide à mieux saisirle point de vue et les objectifs propres de l'auteur concernant cette problématique générale. Ce texte, plus complexe qu'il n'y paraît, semble s'articuler selon cinq moments distincts : Freud s'attache tout d'abord à déterminer le sens de ce qu'est une erreur (« Une illusion [...] ces erreurs illusions. »). Il en vient, ensuite, à donner la signification exclusive de la notion d'illusion (« En revanche [...] souhaits humains. ) Ceci étant fait, Freud montre l'efficacité spécifique de la théorie psychanalytique sur l'approche de la notiond'illusion, en en ajoutant une nouvelle (« elle se rapproche [...] avec la réalité »). Vient ensuite un moment d'exemplification qui vient illustrer cette distinction cruciale (« Une jeune fille [...] pour impossible »). Il dresse, enfin, un constat synthétique qui donne à penser, en deçà de cette distinction première de l'illusionavec l'erreur, celle plus fondamentale de la sphère affective avec celle de la réalité effective (« Nous appelons donc [...] à être accréditée »). I.

L'erreur n'est pas l'illusion Pour saisir le sens précis de ce qu'est une illusion, Freud nous propose, dès le départ, de comprendre ce qu'elle n'estpas : l'erreur.

Il commence donc par une définition « négative » de l'illusion.

Le sens commun confond, en effet,l'erreur avec l'illusion et cette confusion doit être éradiquée préalablement.

Freud s'attache donc à fixer le sensparticulier de l'erreur tout en l'illustrant. L'erreur commise, nous dit-il, fut celle par exemple, d'Aristote lorsqu'il pensait que la génération de la vermine étaitcausée par celle des déchets.

Cette opinion fut certes longtemps crue, jusqu'à ce que nous parvenions à expliquerle phénomène de manière scientifique.

De fait, l'erreur n'est dénonçable que par la production de preuves tangibles,vérifiables.

En cela l'erreur ne se dissout que par vérification de la « réalité », vérité objectivement déterminée paret dans l'expérience. Mais la médecine elle-même peut se trouver dans l'erreur, ainsi que nous l'explique Freud, tant que ses théories nesont pas vérifiées par une expérience concrète.

Le réel reste ainsi le criterium absolu du départage entre réalité et erreur.

L'erreur est ce qui n'est donc ni vrai, ni réel.

Elle dépend entièrement du domaine de la réalité et de touteentreprise de vérification.

L'hypothèse, l'opinion ne peuvent être confirmées vraies que par la méthoded'expérimentation rigoureuse que propose la science.

Dont acte : l'illusion n'est pas l'erreur.

Mais, alors qu'est-cedonc que s'illusionner ? II.

L'illusion souhaitée par l'humain Freud en vient alors à distinguer l'illusion.

Une des thèses majeures du célèbre psychanalyste est ici esquissée :l'illusion appartient à la sphère de l'affectivité et de la psychopathologie.

C'est cela qui la distingue radicalement del'erreur, appartenant à celle de la réalité.

Pour nous convaincre, Freud reprend la même méthode que celleprécédemment utilisée : il met son propos en exergue par trois exemples successifs qui sont tout sauf hasardeux.

Sil'erreur peut toujours être dénoncée par les faits, l'illusion garde quant à elle son pouvoir de persuasion en dehorsdes limites tangibles de l'expérience.

Colomb croyait avoir trouvé la voie vers les Indes qu'il désirait.

Son erreurinitiale se transforme en illusion à partir de son souhait ardent.

De même pour les nationalistes qui « croient » en lacapacité culturelle exclusive des descendants des « Indo-Germains », et aussi pour cette croyance d'une enfancenon-libidineuse.

Freud note, non sans but, que cette dernière croyance n'est battue en brèche que par sa théoriepsychanalytique (rappelons que sa thèse de la sexualité infantile, « l'enfant est un pervers polymorphe », fut malcomprise et fit scandale !).

L'idée que soulève tacitement Freud est que les croyances proviennent des « souhaits »(ou « désirs » selon les traductions) ainsi que des hantises humaines.

C'est ainsi qu'il faut comprendre les illusions :mécanismes de défense et d'espoir contre les cruelles vérités de l'existence : souffrance, mort, finitude... III.

Psychopathologie de la croyance illusoire L'illusion est donc conçue par Freud comme un dérivatif des souhaits les plus chers à l'homme : immortalité,bonheur, extase, connaissance, autant de vœux qui viennent contredire la dure réalité.

Freud dresse, à ce titre, unparallèle avec « l'idée délirante », processus considéré par la psychiatrie.

Si Freud reconnaît que ce processus estplus complexe, il effectue cependant un rapprochement entre l'illusion et celui-ci.

L'illusion passe alors du statutd'erreur désirée à celui de pathologie.

L'illusion serait – au même titre que cette « maladie naturelle de la raison qui. »

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