Devoir de Philosophie

Giovanni Pierluigi da Palestrina

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

Il s'appelait Giovanni Pierluigi, Pierluigi da Palestrina. Palestrina, l'ancienne Praeneste, est la petite ville romaine où il naquit en 1526. Son père, Sante Pierluigi, y possédait une maison, quelques terres ; il entretenait des relations d'affaires avec le chapitre de la cathédrale Saint-Agapit. L'enfant chanta-t-il au chOeur de la Cathédrale ? Nous l'ignorons. Les anecdotiers se sont plu à enrober ses premières années d'historiettes qui ne résistent pas à l'examen. Sa vie musicale commence en 1537. Il a onze ans et figure parmi les chanteurs de Sainte-Marie-Majeure. Là il s'initie au grand art polyphonique qu'il allait illustrer. Longtemps, on lui attribuera pour maître le Français Claude Goudimel. M. Brenet a fait justice de cette erreur en démontrant que Goudimel n'est jamais allé à Rome. C'est à deux Français néanmoins que revient l'honneur d'avoir façonné le Praenestin : Robin Mallapert, maître de chapelle à Sainte-Marie-Majeure jusqu'en 1539, et Firmin le Bel qui lui succéda en 1540.

« duquel on a brodé.

Ramené à sa juste mesure, il se réduit à ceci : Grégoire XIII, inquiété par les "barbarismes,obscurités, contradictions et prolixités" qui se sont introduits dans les livres de chOeur que, vingt ans plus tôt, ilavait occupé.

C'est alors que survint dans sa vie un événement autour duquel on a brodé.

Ramené à sa justemesure, il se réduit à ceci : Grégoire XIII, inquiété par les "barbarismes, obscurités, contradictions et prolixités" quise sont introduits dans les livres de chOeurs et soucieux de restituer au chant liturgique sa pureté, charge, en1577, Palestrina et Zoïlo (ancien maître de chapelle de Saint-Jean-de-Latran, alors chantre à la chapelle pontificale)de réviser l'Antiphonaire et le Graduel.

Pris d'un beau zèle, les deux artistes taillent dans le vif, peut-être avecquelque excès.

On s'émeut autour d'eux des transformations qu'ils proposent.

Les plaintes se multiplient.

Le travailest suspendu.

Palestrina, libéré, se remet à composer. Sur ces entrefaites, sa femme meurt (1581).

Baini veut qu'il en soit resté inconsolable.

De fait, il songe un instant àentrer dans les ordres ; la tonsure lui est conférée.

Mais l'année suivante il se remarie avec "une riche veuve,propriétaire d'un important commerce de pelleteries et d'une respectable fortune mobilière et immobilière".

On dit qu'ilsut allier la direction de la maison de commerce qui lui échéait ainsi avec l'exercice de sa profession.

Quoi qu'il ensoit, son activité de compositeur jusqu'à la fin ne se ralentit pas.

Et son ambition reste inassouvie : il aspire à ladirection de la chapelle pontificale.

Vainement.

Il mourra, le 2 février 1594, à la Julia. Sa vie fut en somme celle que mènent beaucoup de musiciens d'église : il fait travailler ses choristes, dirige le chantdes offices, donne des leçons, administre sa famille et ses biens, compose.

Comment la création d'une Oeuvremonumentale comme la sienne (quatre-vingt-treize messes, six cents motets, répons, psaumes, des madrigaux, despièces d'orgue) a-t-elle pu prendre place dans une vie aussi occupée ? Tel est le miracle du génie : à côté deLassus, son contemporain, à côté de Bach, de Mozart, Pierluigi prend place parmi les privilégiés pour qui sentir,penser, écrire, ne font qu'un et qui, possesseurs d'une technique achevée, acquise par le travail, dotés en outred'une grâce spécifique, n'ont qu'à se soumettre à leurs secrètes impulsions pour accroître en extension et enprofondeur le trésor poétique de l'humanité. Mais les dons de l'artiste ne semblent pas avoir écarté de lui les ordinaires ambitions : Pierluigi veut réussir ; ilcultive ses relations ; se ménage avec soin des protecteurs influents ; jamais le poste qu'il occupe ne comble sesappétits ; quoique pourvu de notables ressources qui lui viennent de son patrimoine familial, maisons et terres, deson second mariage, de sa musique et de ses appointements, jamais il n'est satisfait, souvent il se plaint.

Lesmauvaises langues disent même qu'il jalousa les belles éditions de Victoria.

Giovanni est un homme.

Que nousimportent ses petits côtés ? Ce qui compte, à nos yeux, c'est l'Oeuvre qu'il a laissée.

Émanation du vieil artecclésiastique traditionnel, fille directe des pré-renaissants dont elle achève l'effort, elle débouche sur cet artnouveau qui trouvera en Bach son parfait accomplissement.

Réalisant la pleine prise de possession par l'intelligencede plusieurs siècles d'expériences, au cours desquels de hautes Oeuvres virent le jour, elle offre à l'art le moyen dese dépasser en se renouvelant.

Des textes, empruntés par la liturgie à l'Écriture sainte, viennent à tout instant lesolliciter ; il leur répond.

Et ainsi son Oeuvre s'édifie, appelée chaque jour par les suggestions de l'Ordo divinis officii,par les nécessités professionnelles. Il reste purement et simplement un maître de chapelle accomplissant sa belle tâche.

Il l'accomplit secondé par uneclaire vision de son rôle, par le classicisme de son esprit. Mû par une tendance toute spontanée, toute naïve, il écrit comme écrivaient les maîtres médiévaux, sans calcul,comme il pense, comme il sent. Pour ce faire, cet ancien enfant de chOeur de Sainte-Marie-Majeure qui, toute sa vie, a vécu au chOeur d'uneéglise et y a exécuté les meilleures Oeuvres à son époque connues, n'a qu'à se laisser conduire par ses intuitions.Son Oeuvre nous apparaît comme "l'effort honnête d'un artiste qui...

de son mieux, avec les moyens qu'il a à sadisposition, essaye non pas lui-même d'apparaître, mais de répondre, de répondre à la parole par une parole, à laquestion par un acte, et au Créateur par une Création".. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles