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HEGEL et le dédoublement du monde

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

hegel
C'est seulement chez l'homme et dans l'esprit humain que cette opposition prend la forme d'un monde dédoublé, de deux mondes séparés : d'une part le monde vrai et éternel des déterminations autonomes, d'autre part la nature, les penchants naturels, le monde des sentiments, des instincts, des intérêts subjectifs, personnels. Nous voyons, d'une part, l'homme emprisonné dans la vulgaire réalité et la temporalité terrestre, accablé par les besoins et les tristes nécessités de la vie, enchaîné à la matière, courant après des fins et des jouissances sensibles, dominé et entraîné par des penchants naturels et des passions ; d'autre part, nous le voyons s'élever jusqu'à des idées éternelles, vers le royaume de la pensée et de la liberté, nous le voyons plier sa volonté à des lois et déterminations générales, dépouiller le monde de sa réalité vivante et florissante pour le résoudre en abstractions, l'esprit n'affirmant son droit et sa liberté qu'en traitant sans pitié la nature, comme s'il voulait se venger des misères et des violences qu'elle lui avait fait subir.HEGEL

L’opposition développée par Hegel dans cet extrait distingue d’un côté tout ce qui relève du monde des idées et d’un autre tout ce qui est solidaire du monde sensible.

Cette dualité est celle de l’homme, qui réunit l’esprit et la sensibilité.

La thèse de l’extrait peut se formuler ainsi : inéluctablement lié à la nature, l’homme affirme néanmoins les droits de l’esprit contre les penchants de la réalité sensible.

On peut découper le texte en trois parties pour cerner la progression de la pensée de Hegel.

 

hegel

« monde des idées est immuable.

Son mode de vérité est corrélatif à la façon par laquelle j'y accède : les idées sontobjectives, et ne dépendent pas du cours des événements.

Le mot « vrai » nous empêche également de penser lemonde de la « détermination autonome » comme étant simplement abstrait, au sens d'irréel.(Cette opposition générale peut vous permettre d'expliquer les qualités propres à chacun des mondes que Hegelprésente ici.)On sera attentif à l'idée de « détermination autonome », qui est décisive.

Elle signifie que je ne suis pas contraintd'agir en étant attaché à la partie matérielle de ma nature.

Mon action peut être guidée par le monde des idées.Implicitement, c'est tout ce qui relève du monde sensible, le plaisir par exemple, qui est concerné.

Je peux,participant du monde des idées, me déterminer autrement que par des motivations extérieures et matérielles.

D'oùl' « autonomie » dont il est question : elle est une indépendance par rapport au monde empirique.Etymologiquement, l'autonomie exprime l'idée suivant, qui est celle de Hegel, à savoir que l'on peut se donner à soi-même une loi pour l'action, sans dépendre des motivations matérielles.

La façon dont je dois agir n'est pas guidéepar les sollicitations de la nature, mais par les idées de la raison.Il faut aussi insister sur l'opposition entre « personnel », « subjectif » d'un côté, et d'un autre l' « universalité » quesupposent la vérité et l'éternité du monde des déterminations autonomes.

La deuxième partie développe la condition de vie dans le monde naturel.

La dévalorisation du monde de la nature (lemonde qui concerne la dimension naturelle de l'homme) est nette.

Tout ce qui est « terrestre » apparaît commelourd et corrompu.Quelques indications :Il ne faut pas passer à côté du fait que l'homme est « enchaîné » à la nature.

La question n'est pas d'échappertotalement à ce monde naturel.

Le propos général de l'extrait est d'illustrer comment vivre dans ce monde.

IL nefaut échapper à ce monde que dans le sens où il ne faut pas être son prisonnier.

Si l'homme participe d'un mondedes « déterminations autonomes », il n'en reste pas moins que c'est au cœur de la nature, que c'est dans le mondenaturel, qu'il doit se déterminer.Il faut saisir dans cette partie tout ce qui, dans les déterminations extérieures, les sentiments subjectifs (on peutopposer le sentiment à l'idée) nous « enchaînent ».

Il faut par ailleurs toujours garder en tête l'opposition avec« l'autonomie » que permet l'accès aux idées.Il faut aussi être attentif à la connotation morale des qualificatifs employés par Hegel.La description de Hegel semble sans concession, et le champ lexical employé est clair (emprisonné, enchaîné,dominé, entraîné).

Tous ces verbes s'opposent à l'autonomie présentée en première partie.Le texte est construit sur une opposition, et cela s'exprime même dans la forme du texte (emploi des points-virgules, de « d'une part », et « d'autre part »).

Ainsi, il faut que le commentaire suive le fil conducteur de cetteopposition.

Pour commenter progressivement cette deuxième partie, il est bon de se référer régulièrement à ce quel'on sait, grâce à la première partie, du monde de la détermination autonome.

La troisième partie est difficile.

Elle traite non seulement de l'élévation au monde des idées, mais aussi de ladétermination de la nature que permet ce monde des idées.

L'accès au monde des idées permet d'être libre dans lemonde naturel.Il faut voir ces deux moments : premièrement Hegel décrit l'élévation ; deuxièmement il décrit comment l'homme« traite » la nature.Là encore, il faut se nourrir le plus possible des oppositions que l'on peut déceler dans l'extrait pour le commenter.L'élévation dont il est question fait évidemment écho à la nature « terrestre » où on est enchaîné.

Les « idéeséternelles », la « pensée », donnent la clé du mode d'élévation : c'est l'esprit qui se détache de la nature.

Les idéesformées par l'homme composent un monde affranchi de tout lien avec les penchants naturels.On peut pointer encore dans cette partie aussi les connotations morales du champ lexical employé.Le « royaume » des idées fait toute la valeur de l'homme, qui y a accès.

L'esprit va gouverner la nature.La pensée est liée aux idées, et à l'esprit dans lequel existe ce monde.

Car ce monde n'existe que pour celui qui y aaccès.

Encore une fois, ce n'est pas exactement un monde dans lequel, strictement, on évolue, car on est attachéà la nature.

Mais on touche ce monde lorsqu'on connaît les idées qui le composent.La liberté doit être comprise comme synonyme de la détermination autonome.

Etre libre, ce n'est alors pas faire cequ'on veut.

Etre libre, c'est se déterminer à agir de manière autonome, c'est-à-dire détaché des conditionsmatérielles et subjectives qui nous enchaînent.

Ce n'est ni la sensation ni la sensibilité (en bref, rien de ce qui est« naturel ») qui doit influencer l'homme s'il veut agir librement.Pour ce faire, l'homme doit trouver dans ses idées les déterminations de son action.

C'est cela : « plier sa volonté àdes lois et déterminations générales ».

La généralité de la détermination libre s'oppose à la particularité de lasensation.

La détermination autonome, la loi propre, est rationnelle.

C'est de l'influence de la nature qu'il faut sedétacher.

« Plier » sa volonté, c'est la soumettre à ce qui doit être le motif rationnel d'agir.

Hegel n'emploie pas ici la« raison », mais le terme rationnel permet de comprendre ce que signifie le fait d'être déterminé à agir par des idées.Les idées sont capables d'énoncer des lois ; alors que dans la nature on ne saurait trouver que des circonstancesparticulières.Ensuite vient l'idée de l'action du monde des idées sur la nature.Il s'agit premièrement de « dépouiller le monde de sa réalité vivante et florissante pour le résoudre en. »

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