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HEGEL: La philosophie, une chose sérieuse.

Publié le 24/04/2005

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hegel
Il paraît particulièrement nécessaire de faire de nouveau de la philosophie une affaire sérieuse. Pour toutes les sciences, les arts, les talents, les techniques, prévaut la conviction qu'on ne les possède pas sans se donner de la peine et sans faire l'effort de les apprendre et de les pratiquer. Si quiconque ayant des yeux et des doigts, à qui on fournit du cuir et un instrument, n'est pas pour cela en mesure de faire des souliers, de nos jours domine le préjugé selon lequel chacun sait immédiatement philosopher et apprécier la philosophie puisqu'il possède l'unité de mesure nécessaire dans sa raison naturelle - comme si chacun ne possédait pas aussi dans son pied la mesure d'un soulier. (...) Puisque le sens commun fait appel au sentiment, son oracle intérieur, il rompt tout contact avec qui n'est pas de son avis, (...) il foule aux pieds la racine de l'humanité, car la nature de l'humanité c'est de tendre l'accord mutuel ; son existence est seulement dans la communauté instituée des consciences. Ce qui est antihumain, ce qui est seulement animal, c'est de s'enfermer dans le sentiment et de ne pouvoir se communiquer que par le sentiment. HEGEL

questions indicatives    Importance des notations « apprendre « et « pratiquer «? Sont-elles équivalentes ?  Fonction de la comparaison avec « les sciences, les arts, les talents, les métiers « ?  Pourquoi « croit-on « que « chacun sait philosopher et apprécier la philosophie « selon Hegel ?  Que pensez-vous de la comparaison entre :  — « la mesure de sa raison naturelle « ?  — « la mesure d'un soulier dans son pied « ?  Importance de la notation :  « Il semble que l'on fait consister proprement la possession de la philosophie dans le manque de connaissances et d'études « ?  Pourquoi Hegel part-il des opinions (ou des « convictions «) ? Que cherche-t-il à faire apparaître ?  Qu'en pensez-vous ?

hegel

« 2.

Ce n'est pas l'opinion dominante.

La philosophie aurait bien une place à part mais non pas entendue commeexigeant une acquisition encore plus difficile, encore plus longue puisque portant sur un savoir impossible à acquérirabsolument.

Une place à part, car la philosophie sans se défendre (« immédiatement ») se donnerait à tous ceux quivoudraient la prendre (« chacun sait »)... 3.

Mais un glissement se fait dans le texte de Hegel.

Jusqu'alors la réflexion était centrée sur un métier, maintenantelle se donne pour point nodal l'homme lui-même.

D'où la question hégélienne implicite : « la raison naturelle » dequiconque est-elle suffisante pour savoir et évaluer (« apprécier ») la philosophie (ce qui fait comprendre que toutesles philosophies ne se valent pas, qu'il y a moyen de les comparer, de les juger) ?Compte tenu du terme employé par Hegel (« préjugé ») on comprend sa réponse : non, la raison naturelle du premiervenu n'est pas suffisante.

A l'image du prétendu cordonnier d'un instant qui ne saurait que faire du cuir et de l'alêne(poinçon de cordonnier), incapable de fabriquer une chaussure, bien qu'il eût, comme tout un chacun, pour modèleses propres pieds.

Sa maladresse (on dit de manière populaire maladroit comme ses pieds) autoriserait à s'enmoquer, en dégonflant sa vaine prétention.

Le lecteur peut poursuivre aisément l'analogie, selon le principe : « demême le philosophe spontané est incapable...

»Par cet exemple de bon sens et facile à comprendre, faisant tenir ensemble ce qui est commun de ces domainesapparemment aussi disparates, « cordonnerie et philosophie », Hegel rend dérisoire la thèse (« chacun s'entend àphilosopher ») contre laquelle il vient d'exercer sa verve destructrice.

Mais ce qui est exprimé par l'opiniondominante, Hegel en donne à voir une représentation topologique, dans l'espace.

L'espace philosophique, sa place àpart, se loge dans l'écart (« le défaut », comme on parle du défaut d'une cuirasse) laissé vacant par ce qui n'estpas encore couvert par la connaissance et l'étude.

Lieu sans connaissances particulières, qui ne nécessite parconséquent ni connaissance ni étude.Mais c'est pour Hegel une représentation erronée.

Selon lui il n'y a pas, pour la philosophie, une place particulière,mais au contraire une présence générale, qui donne son sens aussi bien au champ des métiers qu'à celui dessciences.

Faire de la philosophie une chose sérieuse, c'est certes avoir un regard qui réhabilite la philosophie, maisc'est par ailleurs la seule manière de faire de la philosophie... HEGEL (Friedrich-Georg-Wilhelm).

Né à Stuttgart en 1770, mort à Berlin en 1831. Il fit des études de théologie et de philosophie à Tübingen, où il eut pour condisciples Hölderlin et Schelling.

Il futprécepteur à Berne de 1793 à 1796, puis à Francfort de 1797 à 1800.

En 1801, il devient privat-dozent à l'Universitéd'Iéna puis, les événements militaires interrompirent son enseigne- ment, et il rédigea une gazette de province.

En1808, il fut nommé proviseur et professeur de philosophie au lycée classique de Nuremberg.

De 1816 à 1818, ilenseigna la philosophie à l'Université de Heidelberg ; enfin.

à Berlin, de 1818 à sa mort.

due à une épidémie decholéra.

Peu de philosophes ont eu une influence aussi considérable que celle qu'exerça Hegel.

Peu aussi furent plussystématiques dans l'expression de leur pensée.

L'idéalisme hégélien part d'une conception de la totalité.

Le Toutest l'unité des opposés, la non-contradiction.

Mais la réalité est contradictoire, parce qu'elle est vivante, et viceversa.

L'étude du développement des notions universelles qui déterminent la pensée, constitue la logique.

Réel etrationnel (la réalité est raisonnable et le raisonnable est réel), être et pensée, se concilient dans l'idée, principeunique et universel.

L'idée, c'est l'unité de l'existence et du concept.

« Nous réserverons l'expression Idée auconcept objectif ou réel, et nous la distinguerons du concept lui-même, et plus encore de la simple représentation.» Le développement de l'Idée détermine l'être.

La science étudie ce développement la logique en précise les lois, quisont la contradiction et la conciliation des contraires.

Le mouvement de l'idée, qui se traduit par la marche de lapensée, procède par trois étapes successives : la thèse, l'antithèse qui est sa proposition con- traire, et lasynthèse, qui concilie les deux, les dépasse.« La synthèse, qui concilie les opposés, ne les nie pas.» Ce mouvementde la pensée est la dialectique.

Le développement dialectique de l'idée engendre la Nature (qui est le développe-ment du monde réel extérieur à l'idée) et l'Esprit ; il explique l'ordre et la suite nécessaire des choses.

La philosophiede l'Esprit, selon Hegel, se divise en trois parties : l'esprit subjectif (anthropologie, phénoménologie, psychologie),l'esprit objectif (droit, moralité, moeurs) et l'esprit absolu (art, religion, philosophie).

L'Esprit est l'intériorisation de laNature.

On retrouve dans les trois notions d'Idée, de Nature et d'Esprit, le schéma parfait de la dialectique.

L'Idéeest la pensée absolue, pure et immatérielle.

La Nature est sa dissolution, dans l'es- pace et dans le temps.

L'Espritest le retour de l'absolu sur lui-même ; il devient la pensée existant pour elle-même.

Hegel définit l'histoire « ledéveloppement de l'esprit universel dans le temps ».

L'État représente alors l'idée ; les individus ne sont que lesaccidents de sa substance.

Les guerres conduisent à la synthèse, qui est la réalisation de l'idée.

L'histoire a un sensdernier, auquel contribuent le passé et le présent.

Ce qui réussit est bien.

La force est le symbole du droit.

C'estcertainement par sa philosophie de l'histoire —« la philosophie est compréhension du devenir » — que Hegel a laissélibre cours aux plus diverses interprétations.

L'hégélianisme de droite (représenté de nos jours par M.

H.

Niel)effectue un retour vers un théisme chrétien traditionnel ; c'est le courant qui se développa surtout en Angleterre,avec Bradley et Boyce.

L'hégélianisme de gauche (que M.

A.

Kojève représente actuellement) s'est orienté versl'athéisme.

Il connut une grande faveur en Allemagne et en Russie, avec Feuerbach, Karl Marx et A.

Herzen.

On peut. »

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