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HENRI BERGSON, Le Rire

Publié le 13/05/2005

Extrait du document

bergson
"Entre nous et notre propre conscience, un voile s'interpose, voile épais pour le commun des hommes, voile léger, presque transparent, pour l'artiste et le poète. Quelle fée a tissé ce voile ? Fut-ce par malice ou par amitié ? Il fallait vivre, et la vie exige que nous appréhendions les choses dans le rapport qu'elles ont à nos besoins. Vivre consiste à agir. Vivre, c'est n'accepter des objets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées : les autres impressions doivent s'obscurcir ou ne nous arriver que confusément. Je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon coeur. Mais ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ce que mes sens en extraient pour éclairer ma conduite ; ce que je connais de moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action. Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'une simplification pratique. Dans la vision qu'ils me donnent des choses et de moi-même, les différences inutiles à l'homme sont effacées, les ressemblances utiles à l'homme sont accentuées, des routes me sont tracées à l'avance où mon action s'engagera." HENRI BERGSON, Le Rire.
Le mot conscience vient du latin cum-scientia qui signifie accompagné de savoir. Être conscient, c’est en effet agir, sentir ou penser et savoir qu’on agit, qu’on sent et qu’on pense. Le fait d’être conscient constitue donc pour l’homme un événement décisif qui l’installe dans le monde et lui commande de prendre position. Car l’homme, dans la mesure où il est conscient, n’est plus simplement dans le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants.
Or pour Bergson, la conscience n'est pas ce qui nous est immédiatement accessible, car constate Bergson, le rapport que nous avons à nous-mêmes est biaisé. En tant que nous sommes dans un monde, en tant que nous sommes orientés par certains besoins, nous sommes davantage dirigés vers la quête de l'utilité et de là nous devenons comme étrangers à nous-mêmes. C'est dans cette mesure que s'interpose entre nous et le monde un voile dés lors que nous visons dans l'existence que la dimension utile. Ce rapport à l'utilité brime notre connaissance de nous-mêmes et nous donne une vision erronée du réel qui consiste en une simplification. Nous verrons donc en premier lieu comment la vie est nécessairement tournés uniquement vers la dimension utile de la réalité, en nous pressant d'agir. « Entre nous « à « confusément «. De là notre rapport au monde ne saurait consister qu'en une simplification. (de « Mais ce que je vois et ce que j'entends «, à « où mon action s'engagera. «
 

bergson

« besoins.

Car quand dés que nous avons un besoin à satisfaire nous ne cherchons dans la réalité que ce qui estsusceptible de le satisfaire.

D'autre part, l'existence de tout à chacun n'est pas orienté immédiatement dans unequête de la vérité des choses qui constituent le réel mais écrit Bergson: « Vivre consiste à agir.

».

Mais en quoiplus précisément l'action altère en un sens notre vision des chose? Bergson précise : « Vivre, c'est n'accepter desobjets que l'impression utile pour y répondre par des réactions appropriées ».

Il y a comme un automatisme dans laquête de l'utile.

Le réel est plus confus pour celui ne voit que l'utile c'est ainsi « les autres impressions doivents'obscurcir ou ne nous arriver que confusément.

» « Je regarde et je crois voir, j'écoute et je crois entendre, je m'étudie et je crois lire dans le fond de mon coeur.

».Aussi nous ne sommes pas seulement étrangers au monde que nous habitons mais aussi à nous-mêmes.

En celanous sommes davantage que le poète et l'artiste victime d'une illusion. Exister et agir consiste en une simplification de la réalité L'homme dans le monde est immédiatement pragmatique, et c'est en tant qu'il ne voit que l'utile qu'il ne voit pas laréalité en tant que telle.

Il écrit: « Mais ce que je vois et ce que j'entends du monde extérieur, c'est simplement ceque mes sens en extraient pour éclairer ma conduite ».

C'est tous nos sens qui sont tournés dans la recherche del'utilité et peuvent être facilement détournés d'un rapport authentique à la réalité.

Car dans l'existence courante jecherche à rendre adéquat les moyens dont je dispose pour atteindre la fin que je souhaite atteindre, cette attitudequi envisage les choses comme des moyens ne peut donc être que superficielle.

Il écrit ainsi: « ce que je connaisde moi-même, c'est ce qui affleure à la surface, ce qui prend part à l'action.

».

Quand on agit, on ne contemple pasles choses et donc on ne les voit pas réellement mais on en use pour atteindre une certaine fin.

Nous ne voyons pasles choses pour elles-mêmes mais toujours et déjà comme un futur moyen. C'est ainsi que mon rapport au monde ne peut-être que erroné ou comme le dit Bergson « voilé ».

C'est en tant quenous sommes orientés par la quête de l'utile, que nos sens eux-mêmes filtrent certaines informations au détrimentd'autres.

Il poursuit d'ailleurs en écrivant: « Mes sens et ma conscience ne me livrent donc de la réalité qu'unesimplification pratique.

».

Agir c'est nécessairement simplifier.

La simplification est d'ailleurs le signe d'une pensée quicherche avant tout l'efficacité.

Mais c'est aussi le signe d'un pensée grossière.

Les choses sont d'ailleurs souventdans l'urgence de l'action ramenée à ce qui lui est presque semblable.

L'action exige de nous un regard grossier.C'est en ce sens que nous restons à la surface des choses, puisque nous voyons des choses que leurs dimensionsutiles.

Aussi précise l'auteur: « Dans la vision qu'ils me donnent des choses et de moi-même, les différences inutilesà l'homme sont effacées, les ressemblances utiles à l'homme sont accentuées, ».

C'est ce que d'ailleurs Bergsonconfirme à propos du langage quand il écrit dans un autre passage de cet ouvrage: « Nous nous mouvons par lesgénéralités, comme en un champs clos où notre force se mesure utilement avec d'autres forces, et fascinés parl'action, attirés par elle, pour notre plus grand bien, sur le terrain qu'elle s'est choisi, nous vivons dans un zonemitoyenne entre les choses et nous, extérieurement à nous-mêmes.

». Nous ne pouvons avoir dans ce cadre de rapport authentique à la réalité, puisque même: « des routes me sonttracées à l'avance où mon action s'engagera.

».Nous ne pouvons être que étrangers à nous-mêmes.

On comprendmieux alors pourquoi l'artiste et le poète ne voient pas la réalité de manière voilée, puisque ils sont détachés durapport utile à la réalité, ils ont saisi que la réalité n'était pas uniquement affaire d'efficacité.

Le poète et l'artisteont un rapport profond à la réalité. Conclusion Entre moi et moi-même, selon Bergson, persiste un voile aussi longtemps que mon existence est tournée versl'action.-Et cette orientation utilitariste de mon existence entraîne nécessairement un rapport voilé au réel, puisque jene vois et n'entends que l'utile.

C'est ainsi que mon rapport à moi-même est altéré. BERGSON (Henri-Louis) .

Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.

Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.

Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.

Titulaire,. »

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