Hobbes: Etat, autorité et représentation
Publié le 01/08/2011
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Dans son livre « Sur l'expression courante : il se peut que ce soit juste en théorie, mais en pratique, cela ne vaut rien « (1793), Kant intitule le second chapitre : « Du rapport de la théorie et de la pratique dans le droit politique «, avec pour sous-titre, « Contre Hobbes «. Après avoir réfuté l'idée d'un droit de résistance des sujets de l'État vis-à-vis du souverain, ce qui rejoint Hobbes, mais selon d'autres raisons, Kant veut établir que les sujets ont cependant un droit d'opiner librement et publiquement sur les affaires de l'Etat :
« Hobbes, écrit-il, est de l'avis contraire. Selon lui ff)e Cive, chap. 7, § 14), le chef de l'État n'est aucunement lié par contrat au peuple et ne peut se montrer injuste à l'égard du citoyen (quoiqu'il décide à son sujet). — Cette thèse serait tout à fait exacte si par injustice on entend cette lésion /Lâsion/ qui reconnaît à celui qui est lésé un droit de contrainte contre celui qui l'a traité injustement ; mais, prise dans sa généralité, la thèse est effrayante.
Le sujet qui n'est pas en rébellion doit pouvoir admettre que le souverain ne veut pas lui faire d'injustice. Par conséquent comme tout homme a des droits inamissibles1, auxquels ils ne peut renoncer, même s'il le voulait, et dont il a lui-même le droit de juger, et comme d'autre part l'injustice dont, à son avis, il est victime, ne peut, dans cette hypothèse, se produire que par erreur, ou par ignorance de la part du pouvoir souverain de certains ejfets des lois, il faut accorder au citoyen, et cela avec l'autorisation du souverain lui-même, la faculté de faire connaître publiquement son opinion sur ce qui dans les décrets de ce souverain lui paraît être une injustice à l'égard de la chose publique. (...) Ainsi la liberté d'écrire — dans les limites du respect et de l'amour de la constitution sous laquelle on vit, par la façon de penser libérale des sujets qu'inspire en outre cette constitution (...) — tel est l'unique palladium des droits du peuple.

«
raisons de l'obéissance : pourquoi faut-il que les hommes
obéissent à l'État? Et à quelles conditions peuvent-ils
légitimement accepter d'obéir
?
L'ordre et la sécurité Si nous réfléchissons d'abord, poiir
notre part, sur ces deux dernières ques-
tions concernant l'obéissance, la simple raison nous sug-
gère des réponses.
D'abord, les hommes doivent chacun
obéissance pour que l'ordre soit, c'est-à-dire que chacun
soit protégé, vive en sécurité.
L'ordre consenti par tous
garantissant la sécurité de chacun.
Mais d'autre part, les
hommes ne seront vraiment convaincus de la nécessité de
l'obéissance que si l'État assure l'exercice du bien public :
l'obéissance est légitime si le commandement est légitime,
entendons qu'il travaille pour le bien de ceux à qui il
commande.
Si donc, l'État exerce par son gouvernement une
autorité, et non une domination.
Si nous admettons le
bien-fondé de ces réponses, nous nous préparons à compren-
dre la théorie hobbienne de l'État : elle explique en même
temps pourquoi l'État existe et d'où provient sa légitimité.
Léviathan, c'est-à-dire l'État, ainsi surnommé par Hobbes,
existe d'une part pour assurer la sécurité de chacun, d'autre
part en tant que représentant de chacun.
Résumons à
grands traits cette problématique, avant d'étudier la
démonstration.
Une « personne L'articulation de cette fonction (protec-
artificielle » trice) et de cette nature (représentative)
de l'État s'organise par la théorie du
« contrat » comme créateur de la « personne artificielle »
du Souverain.
L'idée de contrat en politique n'était pas
neuve, mais l'originalité de Hobbes sera de faire par là de
l'État un être purement artificiel, c'est-à-dire œuvre de l'art
humain, en s'opposant ainsi à la tradition aristotélicienne
qui dérive le pouvoir politique de micro-communautés
naturelles.
Nous sommes entièrement créateurs de l'ordre
civil et de l'ordre politique, et c'est cette origine purement
humaine (ni naturelle, ni non plus garantie par une transcen-
dance divine comme le pense le Moyen Age) qui peut le
mieux fonder la nécessité de l'obéissance et la légitimité de
l'obéissance.
En effet, c'est nous qui faisons le souverain
(monarque ou aussi bien assemblée, elle-même aristocrati-
que ou démocratique) en faisant notre Représentant, et c'est
donc à nous-mêmes, finalement, que nous obéissons, en lui
obéissant.
« Personne artificielle » et
« personne représenta-
tive » du souverain ses conjoignent dans cette idée : l'État
émane des hommes, les hommes peuvent et doivent obéir à
l'État puisqu'il les représente..
»
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