Il faut chasser le poète de la Cité - Platon
Publié le 16/09/2018
Extrait du document
Les propos de Platon sont durs à l’égard de l'art comme de la poésie. On l'a accusé d’être un censeur. Ce qui est un contresens. La censure qu’il faut redouter n’est pas celle qui condamne le fait de jouer avec la violence et le mensonge, mais celle qui, au nom de l'art et du jeu, condamne le fait de censurer violence et mensonge.
«Adimante, nous ne sommes pas poètes, ni toi ni moi, en ce moment, mais fondateurs de cités; or à des fondateurs de cités, il appartient de connaître les modèles que doivent écrire les poètes dans leurs histoires et de défendre qu’on s’en écarte; et ce n’est pas à eux de composer des fables.»
Platon,
La République,
II, 279h
«
�
éthique face à l'esthétique
Platon s'insurge contre la «beauté du crime >>.
Lassassinat
ne saurait être considéré comme l'un des beaux-arts, ainsi
que le proclame le titre d'un ouvrage de Thomas De
Quincey De l'assassinat comidéré comme l'un des beaux-arts.
Et l'acte libre par excellence ne consiste pas à décharger
son revolver gratuitement dans la foule, comme le clame
Lafcadio, un héros de Gide dans Les Caves du Vatican.
C'est la raison pour laquelle il chasse le poète de la cité
théorique et de celle-ci seulement, en ne voulant pas lui
confier le soin d'éduquer les esprits.
Ce rôle revient au
philosophe à qui il appartient d'expliquer pourquoi l'es
thétique doit servir une éthique au lieu de la remplacer.
fla poésie quand même
Toutefois, il ne faudrait pas croire que Platon s'en soit
tenu là.
Dans ses dialogues, il a recours à maintes
reprises à des mythes, pour exprimer ce qui dépasse la
pensée humaine.
À la fin de sa vie -ironie
des choses -, Socrate s'occupe dans sa cel
lule de poésie et de musique.
À ses
interlocuteurs qui s'en étonnent, il
avoue :
(Phèdre, 61 a).
Contradiction ? Non.
Il explique
ce parado xe en disant :
.
Socrate a fait de la philosophie
une musique, car il a fait de la phi
losophie avec art au lieu de faire
de l'art une philosophie.
•
Beauté du crime •
Dans son film
Orange mécanique
(1971), Stanley
Kubrick met en
scène la vie d'une
bande de jeunes
délinquants jouant
avec la violence.
Quand ils
commettent un
crime, Ils le font en
dansant un ballet.
Dans un autre film,
Apocalypse Now
(1979), Francis
Ford Coppola met en
scène un épisode
de la guerre du Viêt
Nam.
On y voit un
pilote d'hélicoptère
bombarder un
village vietnamien
au napalm au son
de la chevauchée
des Walkyries de
Wagner.
Dans les deux cas,
pour maquiller leur
cruauté, les héros
de ces films.
»
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