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Jacques Cartier

Publié le 22/02/2012

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L'expédition du Florentin Verrazano, organisée en 1524, par des banquiers toscans, sous le contrôle de François Ier, s'était heurtée à une muraille infranchissable entre la Caroline du Sud et le cap Breton. On ignorait s'il s'agissait d'un continent autonome, au travers duquel il faudrait chercher un passage vers l'ouest, ou d'une avancée des terres asiatiques qu'on devrait contourner, mais l'espoir d'atteindre directement le Cathay ou Cipangu demeurait aussi vivace qu'au temps de Colomb. En France, les pêcheurs bretons et normands fréquentaient assidûment le banc de Terre-Neuve mais n'avaient pas dépassé le détroit de Belle-Isle. On pouvait se demander si la voie des terres neuves n'en était pas proche, par où on accéderait aux villes de Marco Polo. En 1534, le roi chargea un capitaine, à qui le trajet était familier et qui avait été, peut-être, un des compagnons de Verrazano, de "découvrir certaines îles et pays où l'on dit qu'il se doit trouver quantité d'or et d'autres riches choses". Aucun mérite spécial ne désignait Jacques Cartier, alors âgé de quarante-trois ans, dont le choix se heurta à l'hostilité persistante de ses confrères malouins, mais il était parent du procureur fiscal de l'abbaye du Mont-Saint-Michel, protégé de l'abbé Le Veneur, évêque de Lisieux, qui avait soutenu auprès du pape les ambitions coloniales de François Ier. Ce fut Le Veneur qui persuada le roi de la nécessité de l'expédition, au cours d'un pèlerinage au Mont Saint-Michel, et fournit une partie des fonds. Pour la première fois, la Couronne témoigna de l'intérêt qu'elle portait à l'entreprise en précisant ses buts et en la finançant.
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« loin.

Il réservait pour une autre tentative d'atteindre la terre promise dont il connaissait désormais l'emplacement.

Ilne put retourner aussitôt en France et dut passer l'hiver dans le fort de Sainte Croix, aux prises avec de terriblesépreuves et au milieu de l'hostilité des Indiens.

Vingt-cinq de ses hommes périrent du scorbut.

Les survivants,épuisés par la maladie, furent sauvés par une plante miraculeuse. Après la débâcle des glaces, Cartier s'apprêta, avec le restant de son équipage, à regagner la France sur la Grande-Hermine et l'Emerillon.

Le roi Donnacona affirmait s'être rendu en personne au Saguenay et attestait que l'or et lespierres précieuses y étaient communs.

Un pareil témoignage serait susceptible de convaincre le roi de France de lanécessité d'une nouvelle expédition de vaste envergure.

Cette certitude suffit à Cartier pour qu'il enlevât de forcel'agouhanna et quelques-uns de ses proches.

Aussitôt le coup fait, les deux bateaux mirent à la voile et, après unetraversée de deux mois, entrèrent dans le port de Saint-Malo, le 6 juillet 1536.Une fois encore, Cartier n'avait pas atteint le but réel de son voyage mais il avait fixé l'insularité d'Anticosti,déterminé le cours du Saint-Laurent jusqu'aux rapides de Lachine et révélé de vastes espaces canadiens au delàdesquels s'étendait le pays fabuleux du Saguenay. Le résultat déçut la Couronne et l'Amirauté qui escomptaient de l'or frais.

Personne ne s'intéressa réellement auxdécouvertes de territoires, pas plus à l'étranger qu'en France.

Ni les représentants officiels, ni les espions duPortugal ou de l'Espagne, toujours aux aguets des initiatives françaises, ne parurent se soucier de celles de Cartier.Quant à François Ier, aux prises avec l'empereur jusqu'à la trêve de Nice, en juin 1538, il renonça aux entreprisesd'outre-mer.Brusquement le Canada reprit de l'importance, en septembre 1538.

Cartier, qui semblait oublié, reçut deuxsubventions et fut invité à présenter au roi un mémoire détaillé sur l'armement d'une flotte de six vaisseaux, avec unnombreux personnel et des provisions abondantes.

Il semblait que le gouvernement se rendît compte, pour lapremière fois, de la nécessité de peupler et de mettre en valeur les nouvelles terres.

Cependant le roi, loin d'avouerses desseins coloniaux, invoquait la seule obligation de convertir les sauvages au catholicisme.

Il ne faudrait pasêtre dupe de ce désintéressement.

Dans une conversation libre que François Ier eut alors avec un pilote portugais, ilne dissimula pas qu'il s'intéressait avant tout aux mines d'or et d'argent.

Les deux orfèvres embarqués par Cartier nedevaient pas être affectés à la prédication.

La précaution n'était pas inutile.

Le monopole des terres occidentales,accordé par la Papauté à l'Espagne, n'avait pas été explicitement abrogé.

Pour parer aux démarches de Charles-Quint en vue de faire condamner par Rome l'expédition canadienne, le mieux était de lui attribuer un butexclusivement religieux. Le troisième voyage prenait un tout autre caractère que les précédents, car il traduisait les nouvelles conceptionscoloniales de la royauté.

A la doctrine des Espagnols et des Portugais que la découverte crée la possession, ladiplomatie française opposait la conception originale de la nécessité préalable d'une occupation effective.

Laposition ainsi prise entraînait deux conséquences fondamentales : d'une part, la France devait respecter lesterritoires habités par ses rivaux, d'autre part, elle devait s'installer à demeure dans les domaines qu'ellerevendiquait.

Elle renoncerait donc à ses tentatives sur les Antilles, le Brésil ou la Guinée, mais affirmerait ses droitssur le Canada dans les formes traditionnelles.

Un roturier, comme Jacques Cartier, pouvait être employé pourdécouvrir un pays et en prendre juridiquement possession, mais il n'avait qualité ni pour administrer, ni pourcommander des armées, ni pour accorder des fiefs.

Dans le cadre de la royauté, seul un noble pouvait assumer detelles responsabilités.

Ce fut donc pour des raisons politiques, dont le Malouin fut le dernier à s'étonner, queFrançois Ier remplaça Jacques Cartier par le seigneur de Roberval, quand il voulut faire du Canada une province de laCouronne, en janvier 1541. Roberval était un gentilhomme du Languedoc, suffisamment riche pour supporter le gros des charges et réputé pourses qualités d'ingénieur, précieuses en pays neuf.

Il était protestant, ce qui est une preuve nouvelle que le roi neplaçait pas la prédication catholique au premier plan.

Ses lettres patentes lui enjoignaient d'organiser le pays en vued'une colonisation effective dont la métropole fournissait les cadres.

Des gentilshommes seraient installés dans desfiefs ou seigneuries et des gens "de moindre état et condition" recevraient des terres moyennant certainesredevances.

Roberval devrait faire également appel à des marchands et à tous "les sujets de bonne volonté et detouttes qualités, arts et industries".

Bien que l'exploitation des mines du Saguenay fût le but essentiel, lesinstructions révèlent la volonté de fixer à demeure une population française au Canada.

Le troisième voyage deCartier marque le début de la colonisation française. Les préparatifs suscitèrent un vif émoi au Portugal et surtout en Espagne.

On crut, à Lisbonne, que l'on préparait uncoup de main sur le Brésil ; à Valladolid, que la Floride était menacée.

Charles-Quint envisagea de sévèresreprésailles et se borna, en définitive, à l'envoi de deux caravelles qui ne purent s'opposer à la traversée.

Lesinterventions de l'empereur auprès du Pape n'eurent pas plus de succès.

Aucune pression étrangère ne réussit àdétourner François Ier de ses fermes desseins et l'expédition eut lieu. Jacques Cartier fut prêt à partir, le 23 mai 1541, avec cinq navires portant plusieurs centaines d'hommes et defemmes et des approvisionnements pour deux ans.

Trois mois plus tard, il mouillait à Sainte-Croix.

Aucun des Indiensn'avait survécu pour participer au retour.

Donnacona avait fait récemment une fin chrétienne.

Son successeuraccueillit cordialement les Français qui s'installèrent à la rivière du cap Rouge, à quatre lieues en amont de Sainte-Croix.

Le site était enchanteur.

On l'appela Charles-Bourg-Royal.

Le sol apparaissait riche et la découverte du cuivrefit naître d'immenses espoirs.

Après avoir longtemps attendu Roberval, Cartier entreprit de remonter le Saint-Laurentet d'atteindre le Saguenay.

Parvenu aux rapides de Lachine, il apprit des indigènes qu'il se heurterait à un nouveausaut et ne pourrait gagner le Saguenay par bateau.

Il renonça à aller plus avant et retourna à Charles-Bourg où il. »

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