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Jean-Jacques ROUSSEAU (1712-1778) Profession du vicaire savoyard (dans Émile)

Publié le 22/04/2010

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rousseau

« Les coupables qui se disent forcés au crime sont aussi menteurs que méchants : comment ne voient-ils point que la faiblesse dont ils se plaignent est leur propre ouvrage ; que leur première dépravation vient de leur volonté ; qu'à force de vouloir céder à leurs tentations, ils leur cèdent enfin malgré eux et les rendent irrésistibles ? Sans doute il ne dépend plus d'eux de n'être pas méchants et faibles, mais il dépendit d'eux de ne pas le devenir. Or que nous restions aisément maîtres de nous et de nos passions, même durant cette vie, si, lorsque nos habitudes ne sont point encore acquises, lorsque notre esprit commence à s'ouvrir, nous savions l'occuper des objets qu'il doit connaître pour apprécier ceux qu'il ne connaît pas ; si nous voulions sincèrement nous éclairer, non pour briller aux yeux des autres, mais pour être bons et sages selon notre nature, pour nous rendre heureux en pratiquant nos devoirs ! Cette étude nous paraît ennuyeuse et pénible, parce que nous n'y songeons que déjà corrompus par le vice, déjà livrés aux passions. Nous fixons nos jugements et notre estime avant de connaître le bien et le mal et puis, rapportant tout à cette fausse mesure, nous ne donnons à rien sa juste valeur.

Le thème : La passion et la volonté.

La thèse : Rousseau nous invite à juger et à maîtriser nos passions selon une juste valeur qui ne peut être acquise que si l'on comprend les valeurs du devoir et de la volonté.

Les enjeux : La question que semble poser le texte est : pourquoi devons-nous maîtriser nos passions ?

La structure : Le premier mouvement du texte indique que les passions ne peuvent être un alibi de la faiblesse de la volonté. Nous sommes responsables de nos passions. Il appartient à la volonté de s'en prémunir (« Les coupables... valeur «). Pour cela, il nous faut nous éduquer à rechercher la sagesse et le bien, à combattre la passion ; c'est ce qu'indique le second mouvement du texte. Le troisième mouvement du texte montre qu'il nous faut penser au plus juste nos valeurs. Que devient la passion ?

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« condamnée au nom de la raison.

L'exemple des « tonneaux percés » de Platon (Gorgias) nous montre que la passionse définit comme un détournement radical de l'âme.

La passion est fondée sur l'ignorance, elle asservit la volonté etla raison.

La passion nous rend aveugle, nous dupe.

L'homme ne peut vouloir un tel aveuglement.

La passions'oppose à la raison, elle est aliénation parce que ignorance.

Le projet de l'homme est la connaissance s'il ne veutpas être dupe et dupé.

Rousseau demande à l'homme de combattre la passion par la volonté. Transition : L'homme doit maîtriser ses passions s'il veut conserver volonté et liberté.

Comment le peut-il ? Deuxième partie Combattre la passion Comment ne pas être dupe ? Il s'agit de montrer le sens du combat.Il s'agit donc de rester maître de ses passions.

Comment ?La croyance en une toute-puissance de la raison au XVlle siècle fera de Spinoza et Descartes les représentantsd'une volonté rationaliste qui veut s'exercer sur la totalité de l'âme humaine.

Il faut combattre les passions, carcelles-ci sont synonymes de confusion.

La raison doit intervenir pour que nous puissions en former des idées claireset distinctes.

C'est le sens des analyses de Spinoza dans L'Éthique.

L'idée adéquate de la passion consiste en laconnaissance de la nature et de la cause de la passion.

C'est un traitement rationnel des passions et non unecondamnation morale.

L'homme doit combattre les passions par la connaissance des causes de l'action.

On peutégalement combattre les passions par la volonté, par l'exercice de la vertu.C'est le sens des analyses de Descartes dans Le Traité des passions.

L'homme doit donc maîtriser ses passions.

MaisRousseau nous montre que ce combat est essentiellement celui de l'éducation.

Elle doit montrer les justes valeursde l'existence, une fois de plus Rousseau met l'éducation au centre de l'existence de l'homme.

Celui-ci doit prendrel'habitude des vertus.

Mais ce combat ne résout pas complètement la problématique de la passion, car est oubliéqu'il n'y a peut-être pas de comparaison possible entre la cupidité, l'avarice, la passion de soi, l'égoïsme (que l'oncombat) et les égards de l'amoureux, la passion de la justice (que l'on recherche).

L'homme ne peut se reconnaîtredans ses passions si celles-ci l'aliènent à sa sensibilité.

Mais il ne peut se reconnaître dans leur maîtrise si cettemaîtrise par la raison occulte la dimension humaine de la sensibilité. Transition : Rousseau nous montre que connaître le bien et le mal nous ferait juger correctement des bonnes et mauvaises passions.

Dès lors que faire ? Faut-il réhabiliter les passions, sous certaines conditions ?Quel projet d'existence l'homme peut-il se donner ? Troisième partie Éduquer : seul chemin vers la volonté L'homme peut se reconnaître dans des passions qui témoignent d'une valeur, c'est-à-dire les passions quitémoignent de la capacité à réunir sensibilité et raison, à faire que l'homme se réconcilie entre raison et passion.La passion peut être « engagement de l'individualité tout entière » (Hegel).

Ainsi la passion est dynamisme, création.La passion est liée au projet de la raison.

La passion est le moteur de l'énergie et de la volonté, elle entraînel'activité de l'homme.

Si la passion est vraie en sa nature, il faut lui permettre de se réaliser.

« Rien dans le mondene s'est fait sans passion » (Hegel), cela signifie que la passion est positive, elle engendre un vouloir individuel quidétermine une action en vue de la fin.

La passion devient moteur de la raison dans l'histoire à condition d'admettreque la raison doive se réaliser dans l'histoire et que la force exprime le droit.

La passion est éveil de l'âme,enrichissement intellectuel et ne s'oppose pas nécessairement à la raison.

Pour Rousseau, l'entendement et lespassions doivent être associés, car c'est à partir de l'activité des passions que la raison se perfectionne.

En effet,pourquoi se perfectionner si je ne peux concevoir ni crainte, ni désirs.

Les passions sont le moteur desconnaissances.Mais pour Hegel comme pour Rousseau, le véritable problème des passions réside en leur nature.

L'énergie de lapassion est à conserver, ce qui rend la passion néfaste pour l'homme, c'est sa nature, sa destination.L'homme ne peut ni laisser libre cours à ses passions, ni les condamner, mais les orienter en vue de réconcilier en luiraison et sentiments.

L'homme se reconnaît dans cet effort à vivre dignement.

L'éducation est là pour nous endonner l'habitude.

Tel nous semble être le sens du texte.. »

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