Devoir de Philosophie

Jean-Martin Charcot

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

charcot
Incontestablement Charcot fut le maître de l'école de la Salpêtrière, et il le demeure pour l'histoire ; mais si la place royale lui revient, ce serait erreur de croire qu'il en fut, comme on l'a écrit, le fondateur. Dès 1820, le vieil Hospice de la Salpêtrière abritait dans ses vieux murs chargés d'histoire, une pléiade de médecins éminents, chercheurs et découvreurs parmi le terrain presque vierge de la neuropathologie. Pinel vivait encore tandis qu'y professaient les Georget, les Ferrus, les Foville, les Trélat. Mais, si l'on veut comprendre la grandeur, la puissance et l'originalité de l'Oeuvre de J.-M. Charcot, il faut nous transporter à l'époque où il entreprit ses premières recherches sur la pathologie de la vieillesse, c'est-à-dire en 1848 où Charcot, jeune interne, promenait son regard curieux, pénétrant et étonné dans les dortoirs où s'entassaient, pêle-mêle, les malades affectés des misères pathologiques les plus diverses. A-t-on oublié que, à cette époque, Delaye et Foville s'efforçaient de montrer que la substance corticale du cerveau est le siège de l'intelligence, que l'on refusait aux lésions du cortex la possibilité de se traduire par des paralysies, que l'on considérait les ganglions de la base comme l'organe de la locomotion, enfin, que personne ne contestait l'insensibilité du cerveau puisque la doctrine commune fixait le centre des sensibilités dans le cervelet, tandis que le vermis de cet organe était considéré comme le centre excitateur des organes de la génération ? Certes, Lallemand soutenait bien que le cortex cérébral recelait dans sa profondeur les centres du mouvement et de la sensibilité, mais c'était là des idées encore fort contestées et révolutionnaires.
charcot

« elle devient plus que cela : une discipline physiopathologique.

Répétons-le, car nous sommes ici en plein centre del'esprit de Charcot, un symptôme, une manifestation morbide ne peuvent être étudiés et retenus, séparés de lacause lésionnelle qui les a engendrés, et tout notre effort doit tendre, à la lumière de la physiologie, à trouver lemécanisme selon lequel la désorganisation anatomique a entraîné le dérèglement de la fonction. Une technique aussi rigoureuse et pertinente ne pouvait manquer son but et se devait d'obtenir des résultatspresque inespérés.

Et, en effet, il en fut bien ainsi.

Depuis 1866 jusqu'à l'année 1893 où la mort vint clore sespaupières, Charcot ne cesse point d'apporter au monde savant une ample moisson de découvertes de premièreimportance que l'on trouve éparses dans les revues, les journaux et surtout dans ses magistrales leçons qui furentrecueillies par ses élèves Jean Charcot, Blin, Henri Colin, Georges Guinon.

Il est impossible de les rappeler toutes carelles sont innombrables.

Cependant, comment ne pas dire que c'est au maître de la Salpêtrière que nous devonsl'étude systématique des localisations cérébrales, qui conduisit Charcot à établir les relations qui unissent lescompressions ou, d'une manière plus générale, les altérations de telle partie des circonvolutions cérébrales auxparalysies complètes ou dissociées, à l'aphasie, à l'épilepsie localisée ou jacksonnienne, que c'est encore à Charcotque nous devons la description et le dénombrement des atrophies musculaires dont certaines apparaissentconditionnées par une adultération primitive des muscles tandis que d'autres sont la conséquence de ladégénérescence des cellules des cornes antérieures de la moelle, que c'est toujours à Charcot et à lui tout seul,que nous sommes redevables de connaître cette singulière affection : la sclérose latérale amyotrophique danslaquelle se joignent ensemble le syndrome pyramidal et le syndrome amyotrophique conditionné par la destructionprogressive de la substance grise antérieure de la moelle ? Avec son élève Pierre Marie, n'avait-il pas décrit aussiune modalité d'atrophie musculaire singulière qui aujourd'hui porte leurs noms conjoints : l'amyotrophie Charcot-Marie? Ce sont des découvertes capitales ; il en est bien d'autres que nous avons puisées dans son enseignement etdont l'origine semble quelque peu oubliée.

A l'époque où Charcot professait à la Salpêtrière, la maladie de Parkinson,la sclérose en plaques, la maladie de Basedow (goitre exophtalmique) étaient encore fort mal connues et c'est parune patiente étude et une intuition pénétrante que Charcot put conférer à ces types morbides une physionomieclinique assez précise pour que, aujourd'hui, non seulement aucun spécialiste, mais même aucun médecin, ne puissefaire confusion.

Cependant, les années s'écoulaient lorsque, en 1878, Charcot fut nommé à la chaire d'anatomiepathologique où il succédait à Vulpian.

Dans ce domaine qui lui était familier, car jamais le maître neurologiste ne sedétourna de l'étude complète du cadavre, Charcot accomplit encore une révolution, non point peut-être endécouvrant des altérations que les pathologues n'avaient point remarquées, mais en donnant une classificationrigoureuse et d'une limpide clarté des adultérations que les processus morbides peuvent déterminer sur le poumon, lefoie, le rein en particulier.

Avant toute chose, Charcot se montre épris de précision, aussi ne s'engage-t-il dansl'étude des lésions viscérales qu'après avoir déterminé rigoureusement l'anatomie fine du viscère dont il se proposede préciser les lésions.

Et c'est ainsi que Charcot fut amené à nous donner successivement le modèle du lobulepulmonaire, du lobule hépatique, du lobule rénal et, de cette manière, à permettre de nous reconnaître facilementparmi le foisonnement et la complication des modifications et des transformations que les maladies imposent auxorganes qui subissent leur emprise. Vers la fin de sa carrière, Charcot fut entraîné à s'occuper de certaines psycho-névroses et singulièrement del'hystérie. Assuré qu'il était de par sa connaissance des maladies à base organique, le maître devait réussir dans ce domaine oùtant d'autres avant lui avaient échoué.

A cette recherche, il avait aussi été amené par sa position de chef deservice à la Salpêtrière.

En effet, à cette époque, épileptiques et hystériques se trouvaient mêlés et confondus, ensorte qu'il n'y a rien d'étrange que nombre de sujets influençables et suggestibles aient été contaminés par lecontact qu'ils avaient pris avec les malades atteints de ce qu'on appelait la maladie sacrée, le mal comitial, en bref,l'épilepsie.

Après avoir séparé ces deux groupes et mis à part les épileptiques, Charcot fut frappé par la manièredont réagissaient les hystériques ; il conçut que, là encore, se dévoilait une maladie, assurément singulière etdépouillée de toute lésion puisque les accidents qui la marquaient guérissaient sans laisser de trace, mais cependantune affection qui n'était pas due tout entière à une insatisfaction sexuelle, à une passion érotique comme onl'admettait dans le monde médical et dans le monde tout court.

Ses descriptions de la grande hystérie et desaccidents mineurs de cette névrose (hysteria minor) n'ont pas été surpassées, et si l'on a pu penser que lesgrandes attaques convulsives étaient dues à quelque dressage ou même à la simulation, l'expérience de la guerre de1914-1918 a montré à tous les esprits non prévenus qu'il n'en était rien, que la grande hystérie était, hélas ! uneréalité bien vivante avec laquelle il fallait compter.

Cette hystérie masculine, de même que cette hystérietraumatique, dépeintes et isolées toutes deux par le génie clinique de Charcot, il n'est pas de neurologiste qui n'enobserve encore de nombreux cas à l'heure présente où, cependant, chacun est armé pour le dépistage de lasimulation.

Il en est de même pour l'hypnotisme que certains disciples du maître ont voulu entendre exclusivementcomme une expression de la simulation ; en vérité, le phénomène de l'hypnose ne peut être nié ; il se présente bienchez les animaux, qui ne peuvent guère être présumés simulateurs volontaires et conscients.

Sans doute, les leçonssur l'hystérie et l'hypnotisme attiraient à la Salpêtrière un public assez mêlé où se coudoyaient des littérateurs, desartistes, des gens de théâtre, dont la qualité des réflexions qu'ils venaient y puiser n'était pas toujours pure.

Mais àcela, le maître ne pouvait rien, et c'est d'un point de vue scrupuleusement scientifique que Charcot présentait seshystériques, déclenchait les grandes convulsions et montrait les effets surprenants de l'hypnotisme médical.

Charcotprofessait, en effet, une horreur de la renommée vulgaire ou banale et s'il reçut tous les honneurs, tous les titresqu'un savant peut mériter, il ne les chercha point. Professeur d'anatomie pathologique, comme devait l'être aussi son élève Pierre Marie, avant d'être professeur declinique des maladies du système nerveux, Charcot fut nommé en 1872 membre de l'Académie de médecine puis,. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles