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Jean-Paul Sartre et l'existentialisme athée

Publié le 03/04/2011

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sartre

Parti de Heidegger, Sartre, lui aussi., considère le Dasein comme la source de toute vérité, et la liberté comme le fondement des fondements. La « Réalité humaine « surgit dans le monde d'existants bruts au milieu d'autres réalités humaines. Les choses au milieu desquelles elle apparaît, le lieu, l'époque, les voisinages, les entours, l'hérédité constituent ce qu'il nomme « la situation «. Ainsi, l'homme ici est en situation, c'est-à-dire plongé dans cet ensemble de conditions matérielles, historiques qui définissent une époque déterminée. Il ne s'agit plus d'une causalité universelle agissant sur une nature humaine universelle. Il n'y a pas de nature humaine, il y a des conditions sur lesquelles s'engrène la liberté de l'individu, sur lesquelles l'homme s'engage. Cet engagement est obligatoire; la liberté n'est pas facultative, il faut choisir. A chaque instant, la liberté doit se prononcer, elle ne cesse jamais, elle est continuelle.   

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« visqueux.

Cette conscience de ma viscosité, de ma propension à devenir chose est une des clés de la pensée deSartre et le leitmotiv de la plupart des descriptions psychologiques de son œuvre littéraire. Pour Sartre, le Pour-Soi, toujours changeant et continuellement libre, toujours en face de son propre néant, aspire àla dignité de VEn-Soi qui, lui, ne bouge pas et apparaît comme le modèle de la tranquillité; mais la conscience viseun En-Soi qui ne serait pas mort, et qui aurait conscience de lui-même : un En-Soi-Pour-Soi.

C'est ce projetimpossible et contradictoire que tente l'homme et devant lequel il ne peut que désespérer. Aussi, ce que l'homme élude, c'est le désespoir, c'est le vide angoissant que lui manifeste à tout instant sa liberté;ce qu'il veut absolument se cacher, c'est sa condamnation à choisir, à agir.

Il souhaite ainsi de tomber à l'état dechose; c'est cette propension à la fuite de soi-même que Sartre nomme la Mauvaise Foi. Il est dans la nature même du Pour-Soi d'être de mauvaise foi, puisque, justement, sa condition est de ne pascoïncider avec lui-même, de « ne pas être ce qu'il est ».

Or, on peut se démettre de sa liberté : # soit en s'identifiant avec son passé, c'est-à-dire en faisant de soi-même l'en-soi passé que l'on est, comme ces gens qui croient épuiser et exprimer totalement leurpersonnalité sur leur carte de visite où ils écrivent « Ingénieur des Arts et Manufactures » ou « Agrégé deMathématiques »; soit, au contraire, en se figeant dans le futur, comme ceux qui se consument en projets lointains et définitifs : semarier, faire construire une maison, avoir des enfants, etc., et qui se cachent que dans le mariage, dans la maisonou dans la paternité, ils demeureront dans le souci, dans l'angoisse, dans la liberté ; enfin, on peut choisir la mauvaise foi, en se dépouillant de sa personnalité pour devenir le pion abstrait d'une grandeorganisation, d'un parti, en y fonctionnant comme l'organe indispensable, mais irresponsable, d'une machine; enréduisant l'être qu'on est à la pure image que les Autres auront de lui-même, en devenant ce « on » dont parleHeidegger, qui ignore l'idée de la mort, et qui n'est qu'un dessin animé. Mais tandis que, pour Heidegger, le Dasein ne retrouve sa liberté authentique que devant sa propre mort, POURSARTRE, LA MORT N'EST PLUS POUR LA VIE AUTHENTIQUE UNE CONDITION NÉCESSAIRE ; en effet, il y a toutd'abord des morts inauthentiques : le soldat qui se fait tuer aveuglément, l'otage choisi au hasard; par contre, il y ades amours, des œuvres d'art authentiques que « personne ne peut accomplir pour moi ».

Quoi qu'il en soit, il nepeut y avoir de vie authentique que dans l'angoisse, c'est-à-dire dans la prise de conscience continuelle de sapropre responsabilité, avec tout ce qu'elle peut comporter de tragique.

Il n'y a pas plus de renoncement au passéque de fuite devant l'avenir.

Or este (dans la pièce des « Mouches ») assume son passé et toute sa situation (lefait qu'il est un Atride, qu'il a été élevé loin d'Argos, qu'il retrouve le meurtrier de son père), mais se lance aussi dansun avenir où l'angoisse continuelle l'attend (sous la forme des Erinnyes).

Dans sa liberté, il ne connaît ni remords, niexcuse, ce qui est une façon de perpétrer son crime sans arrêt et de le continuer toute sa vie. L'homme, dans sa totale liberté, devient totalement est un responsable .

sans liberté, il ne peut y avoir d'action;sans responsabilité, il ne pourrait y avoir de morale.

Dans sa totale liberté, l'homme arrive au monde sans y trouveraucune valeur toute faite.

Pour vivre, il devra donc les construire lui-même à chaque instant en agissant, en sechoisissant; quand il s'abstient, par ignorance ou par veulerie, il agit néanmoins, car l'abstention elle-même est unchoix.

Mais, en se choisissant lui-même, il choisit en même temps les autres au milieu desquels il existe et qu'ilengage en totalité par sa propre action.

En élaborant sa propre morale, il entraîne aussi celle d'autrui.

Par exemple,s'il choisit de se marier, et de procréer, de deux choses l'une, ou bien il préconise que les autres doivent l'imiter, oubien il implique que d'autres doivent demeurer chastes, pour travailler à des besognes purement spirituelles que lavie de famille défavorise.

S'il choisit le célibat, ou bien il invite tous les autres à s'abstenir d'engendrer, parce qu'iltrouve le monde absurde ou la vie indigne d'être perpétuée, ou bien il suppose que d'autres se chargeront de fairece qu'il n'a pas le courage d'entreprendre ou ce pour quoi il n'a ni opinion, ni désir.

Dans tous les cas, son attitude,quelle qu'elle soit, implique celle d'autrui, et c'est devant tous qu'il est responsable; sur ses épaules individuelles, ilporte la morale sur le plan universel : à sa place, tous les gens sains d'esprit agiraient de même. Cette philosophie, qui restitue à l'homme toute sa responsabilité, qui lui permet de dire non à ses tendances, à sesinstincts, qui fait qu'il peut dire oui à la mort plutôt qu'à ce qu'il estime devoir être sa honte, cette doctrine de ladignité humaine qui ne donne à l'homme aucun moyen que lui-même pour tout faire, qui ne le justifie ni par Dieu, nipar une vérité toute faite à laquelle il n'aurait qu'à se conformer pour être authentiquement lui-même, ni par unevertu que lui enseignerait un dogme révélé, apparaît donc, non seulement comme un humanisme, mais encorecomme le seul humanisme cohérent possible.

S'il y a un humanisme possible, dit Alquié, ce ne peut être que celui-là. On conçoit que la difficulté continuelle, l'angoisse dont il investit la condition humaine n'enchante pas tout le mondeet que certains préfèrent aller se réfugier dans le temple d'Apollon ou dans un autre, où ils pourront lire etcontempler la vérité dans un grand livre, dans un manifeste ou dans le ciel.

Avant d'opter pour l'existentialisme, lesgens se soucient d'abord de savoir si c'est un optimisme, voilà ce qu'avant tout, ils désirent qu'on leur affirme, qu'onleur promette.

Car, dans le cas contraire, ils opteront pour une morale qui les fera exister de la même façon que lasouche, la fleur ou le moulin à café.Quoi qu'il en soit, cette philosophie qui veut que l'homme trouve en lui-même et en lui tout seul le sens des choses,. »

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