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Karl Marx

Publié le 22/02/2012

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marx
Il nous faut retourner chez les sorciers, revenir au Shakespeare d'Hamlet ou de Macbeth, pour pénétrer dans un monde où des spectres, des êtres abstraits, des mots même, accèdent à l'existence comme chez Marx, où des " forces objectives " jouent un rôle comparable à celui qui est le leur dans le monde que Marx nous décrit ­ depuis cette " chose mystérieuse " (Le Capital, Part. I, Ch. I, Sec), la marchandise, qui flotte dans l'ombre des produits de l'industrie moderne, jusqu'à ces " personnifications de catégories économiques " dont Le Capital nous dit qu'elles sont les personnages du drame économico-politique. Chacune de ces entités, selon l'un des mots les plus caractéristiques de Marx, " acquiert, face aux individus, une existence indépendante " (L'Idéologie allemande) et domine le comportement des hommes. Ce sont elles qui fournissent à la fois les acteurs et les décors sur la scène de l'histoire ; hommes et femmes vivants, attachés à leur service par un lien magique, tel Caliban par la baguette de Prospero, n'agissent que pour réaliser leurs desseins. Et le héros lui-même ­ Marx prend soin de le démontrer ­ tout en s'imaginant suivre sa propre volonté, reflète en réalité dans sa pensée, dans ses sentiments, le mode de vie et les intentions de ce personnage collectif, la classe, qui l'a élu, et dont les fluctuations déterminent celles de son destin.    Bien entendu, ces figures, ces puissances immatérielles ne sont pas, chez Marx, venues de la nature ou de l'au-delà dans le monde humain. Elles sont engendrées par les activités propres des hommes, et plus précisément, par leur activité la plus pratique. Ce sont des conduites cristallisées dont la forme a été modelée automatiquement par les sociétés historiques. Tout " fantômes " qu'elles soient, elles sont inséparables de la réalité humaine. Une classe sociale est pour Marx une " communauté illusoire ", mais qui émerge des relations les plus fondamentales, du " rapport matériel d'un homme avec un autre ", et les représente. Elle est entièrement composée d'alter ego, puisque les individus " n'appartiennent à elle qu'en tant qu'individus moyens " et non en tant que personnes ; cependant cette communauté de " doubles " est le seul terrain sur lequel l'individu puisse se réaliser lui-même. Pour Marx, le principe directeur de l'histoire est la métamorphose, laquelle veut que rien n'ait de réalité qu'à travers une fiction.   
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« Il nous faut retourner chez les sorciers, revenir au Shakespeare d'Hamlet ou de Macbeth, pour pénétrer dans un monde où des spectres, des êtres abstraits, des mots même, accèdent à l'existence comme chez Marx, où des " forces objectives " jouent un rôle comparable à celui qui est le leurdans le monde que Marx nous décrit depuis cette " chose mystérieuse " (Le Capital , Part.

I, Ch.

I, Sec), la marchandise, qui flotte dans l'ombre des produits de l'industrie moderne, jusqu'à ces " personnifications de catégories économiques " dont Le Capital nous dit qu'elles sont les personnages du drame économico-politique.

Chacune de ces entités, selon l'un des mots les plus caractéristiques de Marx, " acquiert, face auxindividus, une existence indépendante " (L'Idéologie allemande) et domine le comportement des hommes.

Ce sont elles qui fournissent à la fois les acteurs et les décors sur la scène de l'histoire ; hommes et femmes vivants, attachés à leur service par un lien magique, tel Caliban par labaguette de Prospero, n'agissent que pour réaliser leurs desseins.

Et le héros lui-même Marx prend soin de le démontrer tout en s'imaginant suivre sa propre volonté, reflète en réalité dans sa pensée, dans ses sentiments, le mode de vie et les intentions de ce personnage collectif, laclasse, qui l'a élu, et dont les fluctuations déterminent celles de son destin.

Bien entendu, ces figures, ces puissances immatérielles ne sont pas, chez Marx, venues de la nature ou de l'au-delàdans le monde humain.

Elles sont engendrées par les activités propres des hommes, et plus précisément, par leuractivité la plus pratique.

Ce sont des conduites cristallisées dont la forme a été modelée automatiquement par lessociétés historiques.

Tout " fantômes " qu'elles soient, elles sont inséparables de la réalité humaine.

Une classesociale est pour Marx une " communauté illusoire ", mais qui émerge des relations les plus fondamentales, du" rapport matériel d'un homme avec un autre ", et les représente.

Elle est entièrement composée d' alter ego, puisque les individus " n'appartiennent à elle qu'en tant qu'individus moyens " et non en tant que personnes ;cependant cette communauté de " doubles " est le seul terrain sur lequel l'individu puisse se réaliser lui-même.

PourMarx, le principe directeur de l'histoire est la métamorphose, laquelle veut que rien n'ait de réalité qu'à travers unefiction.

Nous hésitons à qualifier de " mythes " ce système, ces constructions qui, loin d'être seulement mentales,constituent des formes historiques spécifiques.

Et cependant, nous ne pouvons éviter d'en parler en termesd'imaginaire.

" La différence, écrit Marx, entre l'individu personnel et l'individu accidentel n'est pas une distinction idéologique, mais un fait historique.

Cettedistinction a, suivant les époques, un sens différent.

" (L'Idéologie Allemande) Dans l'histoire, comme dans le rêve, le passé s'incarne, et cela continuellement, dans les figures des vivants.

Cette privation, cet escamotage du présent, de l'état éveillé, suscite l'angoisse générale ; noussommes prisonniers de nos actes de soldats, d'ouvriers, de critiques radicaux, comme si ces actes se moulaient, en argile ou en métal, sur noscorps.

La tyrannie du " déjà fait " exige que nos talents les plus réels nous trahissent, comme le lanceur de couteau de Maupassant L133 , si expert qu'il ne pouvait, même volontairement, manquer son but, ne fût-ce que d'un cheveu.

L'homme se fait contre lui-même " le mort saisit le vif ", noteMarx dans la préface .

Mais il ne vise pas seulement à combattre les survivances anachroniques.

Marx s'empresse de glorifier l'assaut formidable que livra le capitalisme H033M3 contre les structures et les institutions traditionnelles, la critique scientifique à laquelle il soumit toutes les superstitions anciennes.

" Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement detout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelle distinguent l'époque bourgeoise de toutes les précédentes.

" (Le Manifeste communiste H033M2 ) L'individu particulier émerge et proclame son indépendance, affirmant que son association avec les autres individus repose sur un libre contrat.

Et cependant, le capitalisme H033M3 n'a pas brisé l'étreinte qu'exerce le passé sur le présent.

Il n'a dissipé les mirages de la religion que pour tomber lui-même sous la griffe de fantasmes séculaires.

La société bourgeoise est elle-même née d'un mythe, explique le Dix-huit Brumaire : elle n'a pu accéder à l'existence qu'en faisant appel aux personnages et à la rhétorique de sociétés depuis longtemps disparues.

Davantage, elle a faitde la mise au passé des énergies humaines le centre de son activité car tel est le sens de cette quasi-chose, le capital, qui, dans notre société,dirige chaque geste, l'oriente.

" Dans la société bourgeoise, le travail vivant n'est qu'un moyen d'accroître le travail accumulé..., dans la sociétébourgeoise le passé domine donc le présent.

" Au plus profond de la dynamique du capitalisme, Marx découvrit la matrice où les fétiches sereproduisent à l'infini.

C'est vers ce centre immobile, d'où fusent, comme la vapeur d'une fissure, les émanations delphiques du capitalisme, qu'est dirigée l'analyseextraordinairement détaillée du Capital.

Le travail mort, retrouvant, sous la forme du capital, une nouvelle énergie, projette un système d'entités abstraites qui va s'élargissant à l'infini, entités qui, en apparence, obéissent à leur volonté propre.

Le Capital s'assigne pour tâche de retraduire chacune de ces excroissances magiques sur le plan de la matérialité humaine.

Par-delà le système des " êtres indépendants ", la marchandise,l'argent, le marché, il met en lumière le processus suivant lequel le travail effectué est transformé en plasma économique, duquel le capitalisme H033M3 tire sa force et le drame de la domination et de la révolte de classe qui accompagne cette transformation.

Tout cet exposé est sous-tendu par l'aversion sans limites que Marx éprouve à l'égard de la mystification et par sacroyance opiniâtre en la possibilité immédiate d'une société dans laquelle, comme dans le communisme que décritL'Idéologie allemande, sera " impossible tout ce qui existe indépendamment des individus, pour autant que ce qui existe n'est cependant qu'un produit de l'ancien commerce des individus entre eux " Du fait que les figures du passé dominent à la fois la pensée et l'organisation matérielle de la société, elles nepeuvent être chassées que si toute possibilité d'existence autonome, et par là même leur puissance surhumaine, leurest retirée sur les deux plans.

Toute critique, écrivait Marx au début de sa carrière, est critique de la religion, et critique et révolution sont lecomplément l'une de l'autre.

En expliquant comment le capital, la marchandise, la propriété sont, en fait, des acteset des rapports humains pétrifiés, la critique nettoie la conscience de ces divinités qu'elle rattache à l'histoire des. »

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