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La connaissance dérive-t-elle de la perception ?

Publié le 11/08/2004

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perception

La connaissance peut se définir comme l’ensemble des propositions positives ayant un degré de certitude et de scientificité définissant un savoir ou le savoir en général. La perception peut elle se comprendre de deux manières : soit simplement comme ce qui renvoie à la vue, soit à l’ensemble des perceptions, c’est-à-dire de toutes expériences possibles relevant des sens. Le terme serait alors à comprendre de façon générique. S’interroger sur « la connaissance dérive-t-elle de la perception « c’est se demander si la perception est bien le matériau de la connaissance. Dériver peut ainsi s’entendre comme venant de… ou comme partie de… Le problème est alors de voir en quoi, ou non, les perceptions peuvent avoir un rapport avec la connaissance et la science. L’enjeu sous-jacent est de déterminer un critère de vérité et de saisir la genèse de la connaissance scientifique.

            Or si la perception nous offre bien un lien à la connaissance (1ère partie), force est de constater que celle-ci est parfois trompeuse (2nd partie), ce qui pourtant ne doit pas l’exclure de la genèse de la vérité et du savoir scientifique au risque sinon de verser dans l’abstraction ou l’illusion métaphysique (3ème partie).

perception

« invérifiable.

Cependant, la science, pour produire une connaissance ne doit-elle pas s'éloigner aussi de la perceptionen tant qu'expérience première relevant des sens ? II – L'insatisfaisante perception a) En effet, on pourrait objecter à Aristote qu'il n'explique par réellement comment se forme les concepts ou lesnotions générales.

Si c'est de l'ensemble des images que nous avons alors cela se fait par comparaison, abstractionou réflexion.

Cependant, le problème qui se pose est bien que ce type de conception dépend essentiellement de nosperceptions et de l'ensemble des images que nous avons pu rencontré.

Dès lors l'universalité n'est plus de mise ettoute notion générale n'est que le fruit d'une abstraction subjective.

J'aurai une conception du chien que mon voisinsi je n'ai vu qu'un certain type de chien et lui un autre.

Mais plus essentiellement, le problème est que touteconnaissance fondée sur les sens, a fortiori la perception, n'a pas un degré de validité ou de scientificité suffisant.En effet, bien souvent nos perceptions ne sont pas exactes comme cela peut être le cas du bâton brisé lorsqu'il estplongé dans l'eau comme le met en exergue Descartes dans sa Dioptrique : « Mais peut-être vous étonnerez-vous, en faisant ces expériences, de trouver que les rayons de la lumière s'inclinent plus dans l'air que dans l'eau, sur lessuperficies où se fait leur réfraction, et encore plus dans l'eau que dans le verre, tout au contraire d'une balle quis'incline davantage dans l'eau que dans l'air, et ne peut aucunement passer dans le verre ».

C'est pourquoiDescartes ajoute dans Les Règles pour la direction de l'esprit : « Il faut noter en outre que les expériences sont souvent trompeuses, mais que la déduction […] peut sans doute être omise si on ne l'aperçoit pas, mais ne sauraitêtre mal faite même par l'entendement le moins capable de raisonner ».b) La connaissance et son principe de certitude scientifique reposent sur la seule capacité de la raison, ou plutôt,de l'entendement, non sur l'expérience trompeuse.

La vérité se comprend alors dans un modèle déductif et permetalors l'établissement d'une méthode qu'il définit comme : « des règles certaines et faciles, grâce auxquelles tousceux qui les observent exactement ne supposeront jamais vrai ce qui est faux, et parviendront sans se fatiguer enefforts inutiles mais en accroissant progressivement leur science à la connaissance vraie de tout ce qu'ils peuventatteindre », d'où le fait que la perception ne puisse pas être source de connaissance.

Le doute est notamment uneméthode afin d'atteindre un degré de certitude et de vérité tel que l'exigence la connaissance et la science positive.Et c'est notamment à l'origine de l'idéal d'une science parfaite que le doute prend toute sa valeur gnoséologique.

Etc'est bien ce que l'on peut voir chez Descartes avec son doute systématique dans la première de ses Méditations métaphysiques : « Maintenant donc que mon esprit est libre de tous soins, et que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m'appliquerai sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes mesanciennes opinions Or il ne sera pas nécessaire, pour arriver à ce dessein, de prouver qu'elles sont toutes fausses,de quoi peut-être je ne viendrais jamais à bout ; mais, d'autant que la raison me persuade déjà que je ne dois pasmoins soigneusement m'empêcher de donner créance aux choses qui ne sont pas entièrement certaines etindubitables qu'à celles qui nous paraissent manifestement être fausses le moindre sujet de douter que j'y trouveraisuffira pour me les faire toutes rejeter.

Et pour cela il n'est pas besoin que je les examine chacune en particulier, cequi serait d'un travail infini ; mais parce que la ruine des fondements entraîne nécessairement avec soi tout le restede l'édifice, je m'attaquerai d'abord aux principes sur lesquels toutes mes anciennes opinions étaient appuyées.

Toutce que j'ai reçu jusqu'à présent pour le plus vrai et assuré, je lai appris des sens, ou par les sens : or j'ai quelquefoiséprouvé que ces sens étaient trompeurs et il est de la prudence de ne se fier jamais entièrement à ceux qui nousont une fois trompés.

Mais encore que les sens nous trompent quelquefois, touchant les choses peu sensibles etfort éloignées, il s'en rencontre peut-être beaucoup d'autres desquelles on ne peut pas raisonnablement douterquoique nous les connaissions par leur moyen : par exemple que je sois ici assis auprès du feu vêtu d'une robe dechambre, ayant ce papier entre les mains et autres choses de cette nature.

[…] Combien de fois m'est-il arrivé desonger, la nuit, que j'étais en ce lieu, que j'étais habillé que j'étais auprès du feu quoique je fusse tout nu dedansmon lit ? Il me semble bien a présent que ce n'est point avec des yeux endormis que je regarde ce papier.

que cettetête que je remue n'est point assoupie.

que c'est avec dessein et de propos délibéré que j'étends cette main et queje la sens : ce qui arrive dans le sommeil ne semble point si clair ni si distinct que tout ceci Mais en y pensantsoigneusement je me ressouviens d'avoir été souvent trompé, lorsque je dormais, par de semblables illusions.

Etm'arrêtant sur cette pensée, je vois si manifestement qu'il n'y a point d'indices concluants ni de marques assezcertaines par où l'on puisse distinguer nettement la veille d'avec le sommeil que j'en suis tout étonné ; et monétonnement est tel, qu'il est presque capable de me persuader que je dors ».c) Pour Descartes dans les Règles pour la direction de l'esprit : « Seules, toutes les choses où l'on étudie l'ordre et la mesure se rattachent à la mathématique, sans qu'il importe que cette mesure soit recherchée dans les nombres,des figures, des astres, des sons, ou quelque autre objet ; on remarque ainsi qu'il doit y avoir quelque sciencegénérale expliquant tout ce qu'on peut chercher touchant l'ordre et la mesure, sans application à une matièreparticulière ».

La connaissance ne peut venir que de la « mathesis universalis », notamment à travers cette sciencede l'ordre et de la mesure, et non de la perception.

De l'ordre, car elle a pour objet l'ordre des quantités, les sériesirréversibles et orientées comme la suite des nombres ou celle des points sur une droite ; de la mesure, car laquantité est, en mathématique, susceptible d'être mesurée, c'est-à-dire rapportée à une quantité de même naturechoisie comme unité.

C'est en ce sens que la mathématique, science abstraite et générale, apparaît comme unmodèle de rigueur et d'intelligibilité.

Transition : Ainsi la connaissance ne dérive pas de la perception.

Bien au contraire, elle doit en faire abstraction afin justementde produire une connaissance certaine.

Cependant, une connaissance sans rapport avec la perception n'est-elle pasune pure abstraction ?. »

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