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La force, la violence peuvent quelque chose, mais non pas toujours tout (Montaigne)

Publié le 16/02/2005

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montaigne
  «  -  Je lis dans le livre d'Antelme[1] : « Mais il n'y a pas d'ambiguïté, nous restons des homme, nous ne finirons qu'en hommes... C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront en définitive impuissants devant nous... Le bourreau peut tuer un homme, mais il ne peut pas le changer en autre chose. » [...] « L'homme peut tout, et d'abord m'ôter à moi-même, me retirer le pouvoir de dire « Je ». Dans le malheur - et, pour notre société, le malheur est toujours d'abord déchéance sociale - , l'homme, frappé par les hommes, est radicalement altéré, il n'existe plus dans son identité personnelle, non seulement tombé au-dessous de la personne, mais au-dessous de toute classe et de tout rapport collectif réel, en ce sens déjà hors du monde, être sans horizon. Et il n'est pas une chose : une chose, même inutile, est précieuse; le déporté n'est pas la chose du SS; quand il travaille en travailleur, son travail lui rend quelque peu le prix d'un homme exploité; mais le déporté essentiel, celui qui n'a plus ni figure ni parole, le travail qu'on lui impose n'est destiné qu'à exténuer son pouvoir de vivre et à le livrer à l'insécurité démesurée des éléments; plus de recours nulle part : au dehors le froid, en lui la faim, partout une violence indéterminée [...] «  - De sorte que, déchu de moi, étranger à moi-même, ce qui s'affirme à ma place, c'est l'étrangeté d'autrui - l'homme comme absolument autre, étranger et inconnu, le dépossédé et l'errant ou, comme le dit René Char, l'homme inimaginable - par la présence duquel passe l'affirmation dune exigence infinie. [...] « Quand l'homme en est réduit à l'extrême dénuement du besoin, quand il devient « celui qui mange les épluchures », l'on s'aperçoit qu'il es réduit à lui-même, et l'homme se découvre comme celui qui n'a besoin de rien d'autre que le besoin pour, niant ce qui le nie, maintenir le rapport humain dans sa primauté.
montaigne

« qu'un domaine d'action les définit ( quelque chose ), mais qu'une situation peut se présenter où, séparées de lui, elles sont impuissantes. Discussion de la citation La question majeure qu'il faut poser à la citation est la suivante : y a-t-il des domaines, des régionspour lesquels toute force et toute violence sont inefficaces? Ou sur lesquels leur efficacité ne peut être quepartielle? Remarquons que cette dernière question peut être ramenée à la première; en effet, elle revient àdemander si quelque chose, de la force, est fondamentalement impuissant dans un domaine, c'est-à-dire àinterroger un domaine plus restreint où force et violence seraient nulles. Voici tout d'abord un texte, extrait de L'entretien infini , où Maurice Blanchot montre que si tout ce qui fait que l'homme est humain peut lui être enlevé, son humanité même ne peut lui être ôtée car elle se retrouve jusquedans la privation des caractères d'humanité.

Ainsi, est dégagé un domaine fondamental où toute force et touteviolence sont impuissantes.

On peut tenter d'étendre l'argumentation à la question de la nature comme telle :la force ne peut pas changer la nature de ce sur quoi elle s'exerce. « - Je lis dans le livre d'Antelme [1] : « Mais il n'y a pas d'ambiguïté, nous restons des homme, nous ne finirons qu'en hommes...

C'est parce que nous sommes des hommes comme eux que les SS seront endéfinitive impuissants devant nous...

Le bourreau peut tuer un homme, mais il ne peut pas le changer enautre chose.

» [...] « L'homme peut tout, et d'abord m'ôter à moi-même, me retirer le pouvoir de dire « Je ».

Dans le malheur – et,pour notre société, le malheur est toujours d'abord déchéance sociale - , l'homme, frappé par les hommes, estradicalement altéré, il n'existe plus dans son identité personnelle, non seulement tombé au-dessous de lapersonne, mais au-dessous de toute classe et de tout rapport collectif réel, en ce sens déjà hors du monde,être sans horizon.

Et il n'est pas une chose : une chose, même inutile, est précieuse; le déporté n'est pas lachose du SS; quand il travaille en travailleur, son travail lui rend quelque peu le prix d'un homme exploité; maisle déporté essentiel, celui qui n'a plus ni figure ni parole, le travail qu'on lui impose n'est destiné qu'à exténuerson pouvoir de vivre et à le livrer à l'insécurité démesurée des éléments; plus de recours nulle part : au dehorsle froid, en lui la faim, partout une violence indéterminée [...] « - De sorte que, déchu de moi, étranger à moi-même, ce qui s'affirme à ma place, c'est l'étrangeté d'autrui –l'homme comme absolument autre, étranger et inconnu, le dépossédé et l'errant ou, comme le dit René Char,l'homme inimaginable – par la présence duquel passe l'affirmation dune exigence infinie.

[...] « Quand l'homme en est réduit à l'extrême dénuement du besoin, quand il devient « celui qui mange lesépluchures », l'on s'aperçoit qu'il es réduit à lui-même, et l'homme se découvre comme celui qui n'a besoin derien d'autre que le besoin pour, niant ce qui le nie, maintenir le rapport humain dans sa primauté.

Il faut avouerque le besoin alors change, qu'il se radicalise au sens propre, qu'il n'est plus qu'un besoin aride, sansjouissance, sans contenu, qu'il est le rapport nu à la vie nue et que le pain que l'on mange répondimmédiatement à l'exigence du besoin, de même que le besoin est immédiatement le besoin de vivre.

[...] « - On peut donc se dire que lorsque, par l'oppression et le malheur, mon rapport avec moi-même se perd ets'altère, faisant de moi cet étranger et cet inconnu dont me sépare la distance infinie et faisant de moi laséparation infinie elle-même, le besoin devient le besoin radical, sans satisfaction, sans valeur, qui est lerapport nu à l'existence nue, mais devient aussi l'exigence impersonnelle qui porte à elle seule l'avenir, et lesens de toutes les valeurs ou, pour parler plus justement, de tous les rapports humains.

» Il serait ensuite intéressant d'organiser la discussion autour des dispositions de l'objet de la force ou de laviolence.

C'est en fonction d'elles que l'on pourra montrer quelles limites leur imposer.

Un tel traitement duproblème aurait l'avantage de permettre de rendre compte d'acceptions plus larges de la violence et de laforce, par exemple de celles des passions.

Ainsi, le déplacement se ferait vers la question de la résistance.Epictète dans son Manuel , écrit «La divinité t'a donné des armes pour résister à tous les événements les plus fâcheux.

Elle t'a donné la grandeur d'âme, la force, la patience, la constance.

Tu dois t'en servir.

Ou, si tu teplains, avoue que tu as mis bas les armes dont elle t'avait muni.

» C'est alors le moment de se souvenir de l'ambiguïté du terme de force, que nous avions soulevée plus haut :résister à la violence demande de la force, à ses passions, de la force intérieure.

Limiter la force par nature,. »

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