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La guerre est-elle la continuation de la politique par d'autres moyens ?

Publié le 25/03/2005

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Carl Schmitt, Théorie du partisan), « guerres coloniales » (« Bataille » d'Alger, 1961), « guerres civiles » ou « guerres révolutionnaires », « conflits de basse intensité » ou « guerre contre le terrorisme »... Toutes ces nouvelles formes de guerre mettent en question la distinction civils/militaires et politique intérieure/affaires étrangères. Dès lors, la guerre n'est plus l'ultime recours de la diplomatie, mais apparaît au contraire comme la trame secrète de toute politique.   - Outre cet aspect historique, l'affirmation clausewitzienne d'un continuum politique-guerre s'expose à être renversée, la politique devenant la continuation de la guerre par d'autres moyens. Lénine renverse ainsi le mot de Clausewitz en utilisant le concept de « lutte de classes ». Si l'Etat est, selon la théorie marxiste, l'instrument de la classe dominante, l'ordre intérieur n'est que fictif et dissimule une véritable lutte, laquelle prend tantôt un aspect légaliste (politique), tantôt un aspect insurrectionnel menant à une guerre ouverte entre les classes antagonistes. « La loi n'est pas pacification, car sous la loi, la guerre continue à faire rage à l'intérieur de tous les mécanismes de pouvoir (...) la guerre, c'est le chiffre même de la paix » (Foucault, Il faut défendre la société, cours du 21 janvier 1976, pp.43-44 Seuil Gallimard 1997). De même C. Schmitt (La Notion de politique) détermine le champ politique comme affrontement entre l' « ami » et l' « ennemi » (hostis - à distinguer de l'inimitié personnelle, inimicus) : c'est la possibilité d'un état de guerre qui devient le critère même du politique.   Conclusion   La formule clausewitzienne, qui subordonne le militaire au politique et fait de la guerre l'ultime recours de la diplomatie, ne tient donc que dans le cas des guerres inter-étatiques.

« La guerre est une affaire trop sérieuse pour être laissée aux militaires «, affirmait Clemenceau, qui validait ainsi la formule de Clausewitz, selon laquelle « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens «. Celle-ci ne serait donc qu’un moyen en vue d’une fin, qui, pour être juste, doit viser à l’établissement de la paix ou à la restauration de l’ordre. Mais cette formule, qui souligne l’existence d’un continuum politique-guerre, n’appelle-t-elle pas son renversement ? Si Clausewitz, théoricien de la guerre, explicitait ainsi la subordination de l’objectif militaire aux fins politiques, sa formule ne risque-t-elle pas d’induire une zone d’indifférenciation entre le politique et la guerre, champ de bataille lugubre où l’on ne distinguerait plus entre les moyens légitimes de l’action politique et  la violence et la ruse à l’œuvre dans toute bataille ?

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