Devoir de Philosophie

La liberté est-elle notre plus grand bien ?

Publié le 06/02/2004

Extrait du document

Seconde partie Vivre selon sa raison = vivre libre Pour un philosophe comme Kant vivre en accord avec sa raison revient à vivre librement. Aristote fait de la vie gouvernée par la raison ce qui fait l'excellence humaine. Une vie gouvernée par la raison est-elle libre ? La raison pure, pour Kant, est la raison déterminée par des principes indépendants de tout motif empirique. La raison pure s'oppose à toute détermination pathologique, les passions, l'intérêt, ne peuvent déterminer la raison pure. L'oeuvre de Kant, intitulée Critique de la raison pratique, a pour but de montrer que la raison pure peut être pratique. Cela veut dire que la raison pure peut déterminer la volonté de l'homme. Être gouverné par la raison pure c'est être libre. La raison pure échappe au déterminisme, elle n'est pas soumise à l'ordre des causes empiriques, cette raison rend libre celui qui la suit. Etre déterminé par la raison pratique cela revient à être libre.

Si la liberté est notre plus grand bien alors un homme non libre n’est plus un homme. Voilà tout l’enjeu de notre sujet. Dire de la liberté qu’elle est notre plus grand bien, c’est préférer la mort à la perte de notre liberté. Si on dit que la liberté est notre plus grand bien, alors il faudra démontrer en quoi la vie peut être inférieure à la liberté. Le second problème qui se pose est le suivant : si la liberté est notre plus grand bien comment expliquer qu’on troque notre liberté contre notre vie ? Celui qui se fait esclave, place la vie au dessus de la liberté. La question est donc double : 1) Comment placer la liberté au dessus de la vie ? 2) Si la liberté vaut plus que la vie comment expliquer qu’on échange la première pour conserver la seconde ?

« Rousseau dira: « Renoncer à sa liberté, c'est renoncer à sa qualité d'homme, aux droits de l'humanité et même à ses devoirs.

Il n'y a nuldédommagement possible pour quiconque renonce à tout.

Une tellerenonciation est incompatible avec la nature de l'homme.

» C'est dans le « Contrat social » que l'on trouve l'une des affirmations les plusradicales de Rousseau concernant la liberté comme bien inaliénable,définissant l'homme en propre.L'idée que la liberté est un bien inaliénable, et que nul ne peut consentir à yrenoncer pour appartenir à l'Etat, est une thèse centrale de la penséepolitique de Rousseau.

Elle sous-tend tout le « Contrat social », où il s'agit dedéterminer comment les hommes peuvent véritablement s'associer, obéir à unpouvoir commun, à des lois valant pour tous, sans abdiquer leurimprescriptible liberté.Cette fameuse formule s'inscrit dans un contexte polémique.

Rousseau vientde montrer, en accord avec Hobbes et les partisans de l'école du droitnaturel, que toute société, tout Etat, ne peut reposer que sur desconventions :« Puisqu'aucun homme n'a une autorité naturelle sur son semblable, etpuisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pourbase de toute autorité légitime parmi les hommes.

» Rousseau entend maintenant se démarquer de ses prédécesseurs en refusant toute espèces de pacte de soumissionqui lierait le peuple à des gouvernants, qui soumettrait la liberté des hommes à celle d'un autre.

C'est pourquoi ilentend prouver que renoncer à sa liberté conduit à se détruire en tant qu'être humain, et que, par suite, nul nepeut le vouloir.Mais sans doute faut-il comprendre que la liberté pour Rousseau est constitutive de l'humanité : être humain, c'estêtre libre.

On peut aller jusqu'à dire que la liberté pour Rousseau prend la place du cogito chez Descartes.

Descartesconsidérait les animaux comme de simples automates, des machines, et la pensée seule assurait l'homme de sadifférence essentielle avec les bêtes.

A cela Rousseau rétorque, faisant sienne les thèses sensualistes : « Toutanimal a des idées puisqu'il a des sens […] et l'homme ne diffère à cet égard de la bête que du plus ou moins.

»Mais, alors que l'animal est régi par l'instinct, par des règles de comportement innées, fixées par la nature, l'hommeest libre : « et c'est surtout dans la conscience de cette liberté que se montre la spiritualité de son âme ».

Ce quifait la grandeur de l'homme , sa spécificité, sa spiritualité, ce qui le définit en propre, ce n'est plus la raison, c'est laliberté.A partir de ces fondements, mis à jour dans le « Discours sur l'origine et les fondements parmi les hommes » (1755),Rousseau va s'employer à démontrer tous les arguments qui tentent de justifier l'esclavage privé et la sujétionpolitique.Il entend d'abord réfuter le parallèle établi par Grotius (1583-1645) entre l'esclavage privé et la soumission despeuples.

Si l'on pouvait comprendre qu'un homme se vende pour pouvoir survivre, il n'en resterait pas moinsincompréhensive qu'un peuple se donne à un maître qu'il devra nourrir.

Rétorquer que le peuple gagne au moins sasécurité revient à dire, selon Rousseau, que les compagnons d'Ulysse étaient en sécurité dans l'antre du Cyclope :ils attendaient tranquillement d'être dévorés chacun à leur tour.

Enfin, même si u peuple pouvait se donner, il nepourrait en aucun cas engager la liberté de ses enfants, nés libres, car en admettant que l'on puisse disposer de saliberté, on ne peut engager celle des autres.Rousseau commence ici à démontrer les arguments fallacieux qui justifient l'emprise du pouvoir sur les hommes, etles privent de leur bien le plus précieux au nom d'une prétendue sécurité.

Mais il va plus loin en montrant que mêmeun contrat de soumission est, en fait, juridiquement nul, moralement inconcevable.Un contrat suppose un échange de biens entre contractants, or renoncer à sa liberté, c'est renoncer à tout, c'estéchanger un bien un bien infini (ma liberté) contre un avantage qui sera par définition disproportionné.

Si je donnetout, que pourra-t-on me restituer en échange ? Ce contrat est un contrat de dupe.

Je renonce à tous mes droits,je les donne à une autre qui en use à sa guise.

Qu'aurais-je à réclamer contre lui ? Que pourrais-je faire s'il veut menuire ? « C'est une convention vaine et contradictoire de stipuler d'une part une autorité absolue et de l'autre uneobéissance sans borne.

»Renoncer à ma liberté revient à promettre d'obéir inconditionnellement à un autre, donc à me considérer comme unsimple instrument, un simple objet, une chose dont l'autre peut disposer à sa guise.

Or, vouloir être un objet, unesclave, est impossible Je n'abdique pas alors simplement mes droits, mais que je renonce aussi à mes devoirs, queje me détruis comme être moral.

Si celui auquel j'ai promis d'obéir m'ordonne de faire une action que je juge atroce,de deux choses l'une, ou bien j'obéis, mais alors j'abdique tout jugement, me considère comme une machine, et menie comme être moral, je ne suis alors (à mes propres yeux) qu'un instrument animé, ou bien je refuse d'obéir etdans ce cas je fais éclater au grand jour que ce contrat de soumission est intenable, que je n'ai jamais puvéritablement vouloir obéir inconditionnellement.Ne pas être libre signifie ne pas accomplir sa volonté mais celle d'un autre.

Or, Rousseau montre que la liberté définitl'homme comme tel, et que nul e peut vouloir renoncer à sa liberté, cad nul ne peut vouloir véritablement sesoumettre.

Ce serait « renoncer à sa qualité d'homme », vain & contradictoire : autant dire qu'un homme voudraitdevenir un esclave, un instrument, une chose.

L'importance de la conception de Rousseau n'est donc pas tant demontrer que l'homme est naturellement libre que d'affirmer que cette liberté est inaliénable, et doit perdurer sous leslois, sous le pouvoir.

La liberté ne s ‘échange pas, on n'échange pas tout contre rien.

Sont ainsi disqualifiées toutesles théories qui, sous couvert d'assurer à l'homme sa sécurité, sa simple survie biologique, le privent en réalité de. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles