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La liberté est-elle possible sans le savoir ?

Publié le 10/04/2009

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La question de la liberté de l’Homme a été posée par de nombreux philosophes. Les réponses et les définitions de la liberté apportées sont aussi diverses que les individus qui se sont penchés sur le problème. On peut toutefois simplifier le tableau en affirmant qu'avant la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, les philosophes ¨classiques¨ concevaient la liberté comme la capacité, pour l'être humain, de déterminer ses actes grâce à la raison et d'appliquer ces décisions. Que ces dernières soient le résultat d'une interprétation systématique de la réalité à partir des indices fournis par l'observation (empirisme scientifique de Newton), qu'elles découlent d'une connaissance révélée par introspection (maïeutique) ou qu'elles se basent sur des règles découlant de la raison pure (impératif catégorique de Kant), la raison et ce qui en dérive sont le lieu de la liberté. Une fracture se produit cependant avec l'avènement de Freud qui, pour définir la liberté humaine, s'attacha à découvrir ce à quoi la relie l'individu. Selon lui l'être humain aspirerait (inconsciemment) à la pleine satisfaction de ses pulsions comme il l'aurait connue dans un passé lointain (la petite enfance). Ainsi les idées d’inconscience et de liberté s’opposeraient elles ? D’autre part, si l’on définie une vraie liberté comme une liberté choisie, comme tout choix morale implique une connaissance ; il en découlerait donc que le savoir serait la condition sine qua non à notre liberté. Cependant la réelle liberté est elle la réalisation immédiate de nos désirs ? Ou bien est-elle le résultat d’une acquisition qui impliquerait nécessairement un certain savoir ?  

« qu'aucun des deux termes de l'alternative n'apparaît comme évident.

Ainsi la liberté dans laquelle n'entre nulleréflexion, nul motif, est en fait une liberté d'esclave, puisqu'on obéit à rien d'autre qu'à ses penchants, aux lois del'instinct.

Cette liberté là ne nous distinguerait pas de l'animal.

Cette liberté d'indifférence est le plus bas degrés dela liberté, c'est une « caricature de la liberté ».

La liberté n'est pas cette indétermination traduite par l'exemple del'âne de Buridan qui, placé entre deux sacs d'avoine, meurt de faim au milieu parce qu'il n'a pas plus de raison d'allerà droite qu'à gauche.

C'est dans cette mesure que Condillac affirme : « On ne dispose de rien, quand on ne faitqu'obéir à ses habitudes: on suit seulement l'impulsion donnée par les circonstances.

Le droit de choisir, la liberté,n'appartient donc qu'à la réflexion.

Mais les circonstances commandent les bêtes, l'homme au contraire les juge: ils'y prête, il s'y refuse, il se conduit lui même, il veut, il est libre.

».

La liberté est donc fondée sur un choix éclairépar la raison grâce à laquelle nous évaluons les causes et les conséquences de nos actions.

En effet, si passions'oppose à raison, l'Homme éclairé par sa raison s'affranchi de ses passions et n'est donc plus esclaves de sespulsions.

Ainsi Spinoza parle d'un Homme libre comme de celui qui : « vit selon le seul commandement Raison ».

C'està travers cette connaissance rationnelle que nous pouvons non seulement décider par nous-mêmes (car noussavons ce que nous voulons) mais aussi réaliser et réussir nos actions à travers la connaissance des moyens et dela finalité.

Telle est la véritable liberté pour Descartes, une liberté qui voit le bien et le mal avec évidence.

On saitici ce que l'on fait.

Que l'on réponde oui ou non, que l'on choisisse le contraire de ce que l'on voit avec clarté, celaest la plus haute liberté.

Elle s'applique à une action qui a des motifs et des buts.

Elle doit être intentionnelle,projetée, décidée, on doit pouvoir en rendre compte de manière intelligible, à soi-même comme à autrui.

Il y a doncbien quelque chose qui détermine en quelque sorte mon action, mais ce quelque chose ce n'est pas une cause, unepulsion, un désir, une force, mon milieu social, ou d'autres circonstances extérieures ; c'est une raison, un motif.

Eneffet, si on enlève de la liberté le caractère de rationalité, de délibération, alors, on peut dire que n'importe quelêtre est libre.

Un animal, un bébé, et même pourquoi pas une pierre qui tombe, de l'eau qui coule d'un vase, sontlibres, car doués de spontanéité… De plus le savoir conduit à la maîtrise de soi-même et du monde : se connaîtresoi-même, c'est pouvoir prévoir, prendre conscience de nos volontés et pouvoir les réaliser, c'est donc maîtriser nosactions.

Comme l'affirme Alain : « Derrière cette ombre de liberté qui consiste à choisir, se montre aussitôt la libertévéritable qui consiste à se dominer ».

Se dire libre, ce n'est pas être comme une pierre qui aurait conscience de sonélan vers le bas mais ignorerait la loi de la chute des corps.

Le savoir nous rend indépendant du monde extérieurpuisque nous acquérons des compétences et une somme de connaissances qui nous affranchissent de l'emprised'autrui.

C'est notamment le cas dans la dialectique du maître et de l'esclave chez Hegel : par son savoir-faire,l'esclave s'affranchit de l'emprise du maître tandis que ce dernier reste dépendant de l'esclave.

Car en fait, la liberténe consiste pas dans ce qu'on fait, mais dans la manière dont on le fait.

La liberté est une attitude, celle de l'hommequi se reconnaît dans sa vie, qui approuve l'histoire du monde et des évènements.

C'est pourquoi la liberté consistesouvent à "changer ses désirs plutôt que l'ordre du monde", à s'adapter à l'évolution et à l'ordre des choses.

Deplus, outre le fait de nous rendre indépendants, le savoir nous rends autonomes, nous n'avons plus besoin d'autrui,nous pouvons penser, juger par nous-mêmes.

Nous sommes à l'origine de notre vie, même si nous devons nous plierà des règles.

Toutefois il faut savoir que une liberté absolue est non seulement illusoire mais inexistante ; carcomme le souligne Joseph Moreau : « notre liberté n'est jamais parfaite, dans sa perfection elle exclurait le choix ».En ce sens, les contraintes font partie du choix et ne sont ressenties comme telles que lorsqu'elles nous sontimposées, non choisies ; d'où la distinction entre être contraint et s'obliger.

Enfin, Il est illusoire de penser que nouspouvons nous autodéterminer spontanément par rapport à nos désirs, sans savoir ce qui nous détermine et sansprendre conscience des obstacles liés à la réalisation de nos désirs.

C'est ici que la thèse de Spinoza sur l'illusion dela Liberté prend tout son sens.

Pour le philosophe Hollandais, les Hommes se croient libres parce qu'ils ignorent lescauses qui affectent leurs appétits et leurs désirs : « Telle est cette liberté humaine que tous les hommes sevantent d'avoir, et qui consiste en cela seul que les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causesqui les déterminent ».

Prendre conscience de ce qui nous détermine et considérer les obstacles qui font partie detoute action est un grand pas accompli vers la liberté car nous pouvons alors connaître et orienter notre devenir ; ilest alors possible de concilier la contrainte avec l'autonomie.

L'idée que le savoir s'oppose à la liberté relève d'uneconception illusoire et abstraite de la liberté.

Pour être libre, il faut voir clair : mieux je connais ce dont je juge, plusje suis libre.

Être libre, choisir librement, c'est choisir à la fois son action et les résultats prévisibles de celle-ci, enconnaissance de cause.

Cependant de quel savoir s'agit-il ? Quelles sont ses nécessités et ses limites ?Il est cependant dangereux de dire que seul le savant (ou celui qui sait) est libre, alors même que la liberté est undroit que tout Homme doit posséder, sans distinction : cette idée peut dès lors renforcer les inégalités, endémontrant que l'ignorant est forcément dépendant ; or il a non seulement le droit à la protection de ses libertés,mais aussi à la réalisation de ses désirs.

Si on ne peut, en droit, ôter la liberté à personne, il n'est pas dit que cetteliberté sera effective au sein de la société.

Ici, le savoir permet de préserver cette liberté, il est même une conditionde sa réalisation.

Un minimum de savoir est donc nécessaire à l'exercice de notre liberté.

C'est donc dans cettemesure qu'il faut nuancer le propos puisque dès lors, si la liberté est un droit, l'accès au savoir en est un aussi,puisqu'il représente une condition de notre autonomie réelle.

Ainsi plutôt que de parler d'une liberté totale ou aucontraire d'un assujettissement complet à nos désirs, il incombe de rappeler la spécificité de la Liberté puisqu'ellen'est pas absolue ; si bien que Rousseau dans son Contrat social la définit comme : « l'obéissance à la loi qu'on s'estprescrite».Même si le savoir ne cesse d'évoluer, il n'est pas forcément équivalent à la vérité.

D'où l'importance parfois de leremettre en question, de le « désacraliser ».

Il peut être donc légitime de faire plus attention à ses désirs, à sesopinions, à ses convictions, qu'au savoir admis, qui peut par ailleurs être faux ou imprégné d'idéologie, de préjugés.N'obéir qu'à soi-même, à ses opinions et à ses convictions peut parfois conduire à remettre en cause un savoir fauxpour y substituer un savoir vrai et fondé.

C'est notamment le cas de Galilée qui a su faire confiance à son intimeconviction ne cessant d'affirmer que la Terre est ronde ; et ce, contrairement à l'opinion publique et à l'Eglise pourlesquels la Terre était plate.

C'est aussi, plus récemment, le cas du Mathématicien Benoît Mandelbrot qui malgré lescepticisme ambiant des scientifiques, s'est acharné à défendre la richesse de l'outil fractal jusqu'à la. »

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