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La Mezouza

Publié le 22/02/2012

Extrait du document

La Mezouza est un petit parchemin écrit à la main qui contient plusieurs passages de la Tora et que l'on fixe à toutes les portes principales de la maison. Elle possède un rôle symbolique de protection et de rappel à la vigilance d'une « éthique du chemin ». La Mezouza est UN morceau de parchemin sur lequel sont écrits les deux premiers paragraphes du Chema (Deutéronome, 6, 4-9 et 11, 13-21). Ce parchemin est roulé et placé dans un étui de bois, de métal ou de toute autre matière. La Mezouza doit être fixée sur le montant de la porte, à droite en entrant, à un tiers de la hauteur de la porte à partir du linteau. Si la porte est trop haute, la Mezouza doit être placée à portée de la main.

« Le Talmud, le Midrach, la Kabbale et le Hassidisme possèdent une pensée voyageuse, celle d'hommes qui pensent enmarchant et selon la vérité de la marche.

C'est là, sans aucun doute, un des sens du verset : « Tu en parleras…quand tu es en route sur le chemin » (Deutéronome 6-7). Tout tient au chemin : nous sommes plus près du lieu recherché quand nous sommes en chemin que lorsque nousnous persuadons être arrivés à destination et n'avoir plus qu'à nous établir.

Comme dit Edmond Jabès : « N'oubliejamais que tu es un voyageur en transit ». Le mot « chemin » n'a pas nécessairement une signification spatiale ; il n'évoque pas quelque promenade champêtreou forestière de la pensée vagabonde.

Il ne nous fait pas passer d'un lieu à un autre.

Il est le passage de la penséeelle-même. Le chemin met en mouvement, met en cause, en balance.

Il invite et inquiète, incite et sollicite.

L'homme du cheminn'est pas seulement l'homme juif, c'est l'homme de manière générale. Dans l'un des plus beaux textes écrits sur l'être juif, Maurice Blanchot, inspiré ici par l'œuvre d'André Neher,approfondit et développe cette idée centrale du judaïsme.

Nous en reprenons ici les idées essentielles :« Que signifie être juif ?Pourquoi cela existe-t-il ? Cela existe pour qu'existe l'idée du “chemin” comme mouvement juste ; cela existe pourque, dans et par le “chemin”, l'expérience de l'étrangeté s'affirme auprès de nous dans un rapport irréductible ; celaexiste pour que, par l'autorité de cette expérience, nous apprenions à parler.Être “homme du chemin”, c'est en tout temps être prêt à se mettre en route : exigence d'arrachement, affirmationde la vérité nomade.Ainsi l'être juif s'oppose à l'être païen ; être païen, c'est se fixer, se ficher en terre en quelque sorte, s'établir par unpacte avec la permanence qui autorise le séjour et que certifie la certitude du sol.

Le cheminement, le nomadismerépondent à un rapport que la possession ne contente pas.Se mettre en chemin, être en chemin, c'est déjà le sens des paroles entendues par Abraham : “Va-t'en de ton lieunatal, de ta parenté, de ta maison”.

» Mais insistons avec force sur un point.

Ces paroles portent un sens qui n'est pas négatif.

« S'il faut se mettre enroute et errer, est-ce parce qu'exclus de la vérité, nous sommes condamnés à l'exclusion qui interdit toute demeure? N'est-ce pas plutôt que cette errance signifie un rapport nouveau avec le “vrai” ?N'est-ce pas aussi que ce mouvement nomade s'affirme non pas comme l'éternelle privation d'un séjour, mais commeune manière authentique de résider, d'une résidence qui ne nous lie pas à la détermination d'un lieu, ni à la fixationauprès d'une réalité d'ores et déjà fondée, sûre, permanente ?Comme si l'état sédentaire était nécessairement la visée de toute conduite ! Comme si la vérité elle-même étaitnécessairement sédentaire !Il faut sortir de la demeure, aller et venir de manière à affirmer le monde comme parcours.

» Voilà la leçon de la Mezouza (on comprend pourquoi la Mezouza est placée penchée vers la gauche, mimant ainsi lemouvement du buste d'un homme en marche) !. »

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