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La morale est-elle quelque chose de personnel ?

Publié le 02/10/2005

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morale
Nous savons, de manière innée, ce qui est juste et ce qui est vertueux. §  Ce que veut Rousseau, ce n'est pas établir par le raisonnement ce que doivent être les maximes morales, il ne veut pas chercher à fonder la morale sur des principes rationnels, faire la philosophie de la morale, il veut faire comprendre ou sentir que nous sommes déjà moraux pour peu que l'on soit attentif à notre coeur. Il ne s'adresse pas à la raison du lecteur, à sa faculté de raisonner, mais à sa conscience, c'est-à-dire à ce qu'il sent en lui, aux idées de justice et de vertu qu'il connaît déjà. Il ne cherche donc ni à fonder la morale, ni à dire ce que l'on doit faire pour être moraux, il essaie de nous faire sentir que nous savons tout ce qu'il nous faut savoir pour être moraux, sans avoir à raisonner, sans avoir à réfléchir. §  La morale est alors un sentiment que nous possédons au plus profond de notre coeur mais qui est masqué en nous par la société et l'être en communauté qui est un paraître. Le seul moyen de retrouver cette moralité est alors se rentrer en soi même afin de pouvoir entendre individuellement et de manière personnelle la voix de la conscience. C'est donc personnellement que la conscience nous dicte les principes moraux et c'est lorsque l'homme se retire de la société qui est le règne du paraître et des faux semblants qu'il peut parvenir à la morale. §  La morale semble donc bien être personnelle, elle est l'affaire de l'individu dans sa singularité même.     Mais alors qu'elle objectivité peut on trouver à ces préceptes moraux ? Chacun n'est-il pas son propre juge, au prix de toute justice véritable ?

§  La morale est cet ensemble de préceptes selon lesquels nous jugeons les actions d’autrui et sur lesquels nous tentons de régler les notre. Elle apparaît donc dans un premier temps comme  cette voix personnelle de la conscience qui semble nous dicter ce que nous devons faire et ce que nous ne devons pas faire. En ce sens, la morale apparaît donc bien comme quelque chose de personnel, dans la mesure où elle consiste à rentrer en nous-mêmes afin de consulter les principes et règles que nous dicte notre conscience.

§  Néanmoins, la morale est aussi semble-t-il ce qui nous est enseigné, ce que l’on reçoit des autres et que l’on partage avec autrui. Il apparaît donc que la morale s’inscrit dans une communauté déterminée et qu’elle se manifeste comme étant cette interrelation entre les individus, ceci débouchant sur l’instauration d’une morale commune, permettant à chacun de posséder des critères objectifs afin de juger les actions d’autrui mais surtout ses actions propres.

§  Le problème apparaît donc lorsque l’on distingue la nécessité pour la morale d’être subjective, au sens où chacun doit être maître de lui-même et autonome, ne pouvant se laisser dicter ses actions et conduites de l’extérieur, et d’autre part la nécessité pour cette morale de se fonder sur des principes communs, qui seraient tels des critères objectifs afin de juger de la validité des actions de chacun. La morale tend donc à la fois vers le pôle subjectif et le pôle objectif et c’est ce qui semble faire la difficulté du sujet. Comment faire de la morale quelque chose de totalement personnel, si les critères de validité des principes moraux ne sont pas fondés objectivement ? Mais d’un autre côté, comment faire de la morale une source de principes purement objectifs et extérieurs au sujet ?

§  La morale est ce qui doit être fondamentalement tourné vers autrui, dans la mesure où c’est toujours en référence à autrui et aux conséquences de mon action sur lui que je dois orienter mon action.

§  Le problème semble alors être le suivant : La morale est-elle cette voix de la conscience propre à chacun de nous et singulière, individuelle, faisant des principes moraux des règles subjectives d’actions sans aucune validité objective, et non tournés vers autrui ou est-elle cette loi morale objective accessible à tous, mais parvenant maintenir l’autonomie du sujet et sa subjectivité ?

 

morale

« "Conscience ! conscience ! instinct divin, immortelle et céleste voix ;guide assuré d'un être ignorant et borné, mais intelligent et libre ; jugeinfaillible du bien et du mal, qui rends l'homme semblable à Dieu, c'esttoi qui fais l'excellence de sa nature et la moralité de ses actions ; sanstoi je ne sens rien en moi qui m'élève au-dessus des bêtes, que letriste privilège de m'égarer d'erreurs en erreurs à l'aide d'unentendement sans règle et d'une raison sans principe.Grâce au ciel, nous voilà délivrés de tout cet effrayant appareil dephilosophie : nous pouvons être hommes sans être savants ; dispensésde consumer notre vie à l'étude de la morale, nous avons à moindresfrais un guide plus assuré dans ce dédale immense des opinionshumaines.

Mais ce n'est pas assez que ce guide existe, il faut savoir lereconnaître et le suivre.

S'il parle à tous les coeurs, pourquoi donc y ena-t-il si peu qui l'entendent ? Eh ! c'est qu'il parle la langue de la natureque tout nous a fait oublier.

La conscience est timide, elle aime laretraite et la paix ; le monde et le bruit l'épouvantent ; les préjugésdont on l'a fait naître sont ses plus cruels ennemis [...], le fanatismeose la contrefaire et dicter le crime en son nom." ROUSSEAU • Le problème posé par le texte Il est facile de constater la diversité historique et géographique des moeurs ("dédale immense des opinionshumaines").

Peut-elle constituer un argument contre l'idée qu'il existe des principes moraux universels, susceptiblesde guider tous les hommes de la même façon ? Autrement dit, la diversité des moeurs peut-elle justifier unrelativisme qui rendrait incertaine l'idée même de moralité ?Par le terme de « conscience », le texte désigne donc exclusivement la conscience morale. • Le raisonnementIl est un fait que chacun entend en lui-même la voix de sa conscience qui lui dicte son devoir.Quelle est la nature de cette voix ? Rousseau emploie l'expression a instinct divin ».

Le mot « instinct » est engénéral utilisé pour caractériser les conduites animales ou ce qui, en l'homme, relève de son aspect « animal » ets'oppose à la raison.

Or, ici, Rousseau l'emploie au contraire pour nommer ce qui va diriger l'homme vers uneconduite non animale (« sans toi je ne sens rien qui m'élève au dessus des bêtes »).Parler d'instinct à propos de la conscience permet de ne pas l'identifier à la raison.

Comme l'instinct animal, laconscience n'est pas le résultat d'un apprentissage ou d'une réflexion, le fruit de connaissances : elle estspontanée, « innée ».

Mais, en même temps, l'adjectif « divin » différencie la conscience de l'instinct animal ensoulignant son caractère éminemment spirituel.Pourquoi sommes-nous « sourds » ? Si la conscience était à nos actions ce que l'instinct est à la conduite animale,nous ne pourrions lui résister.

Mais, précisément, « tout » nous fait oublier cette voix de la nature.

a Tout », c'est-à-dire l'éducation que nous recevons dans la société et qui, dès l'enfance, inculque des préjugés.

La voix de laconscience n'est ni celle de la raison instruite, ni celle du fanatisme nourri dès l'enfance.

D'où le projet de Rousseaudans l'Émile d'expliquer ce que pourrait être une éducation --qui préserve, pour l'enfant, la possibilité d'entendrecette voix à la fois naturelle et divine. • Rapprochements possibles et intérêt philosophique du texteOn retrouvera chez Kant la même idée selon laquelle le sens moral est à la portée de tout homme, même non instruit: chacun sait immédiatement où est son devoir.

Mais cette universalité même de la moralité est pour Kant le signeque la conscience morale est l'oeuvre de la raison : non pas une raison « théorique » ou « savante », mais uneraison pratique.

Contrairement à Rousseau, Kant ne fait pas de la morale un sentiment qui s'éprouve mais une loi quis'impose à tout être raisonnable.

La différence entre Kant et Rousseau n'est pourtant pas si grande : lorsqueRousseau dissocie conscience et raison, c'est à la « raison savante » qu'il pense, et le sentiment moral, dans saspiritualité, est pour lui hautement raisonnable. § La morale est alors un sentiment que nous possédons au plus profond de notre cœur mais qui estmasqué en nous par la société et l'être en communauté qui est un paraître.

Le seul moyen deretrouver cette moralité est alors se rentrer en soi même afin de pouvoir entendre individuellement etde manière personnelle la voix de la conscience.

C'est donc personnellement que la conscience nousdicte les principes moraux et c'est lorsque l'homme se retire de la société qui est le règne du paraîtreet des faux semblants qu'il peut parvenir à la morale. § La morale semble donc bien être personnelle, elle est l'affaire de l'individu dans sa singularité même. Mais alors qu'elle objectivité peut on trouver à ces préceptes moraux ? Chacun n'est-il pas son propre juge, au prixde toute justice véritable ? Comment s'assurer que ce que nous dicte notre conscience est objectivement lemeilleur ? Quels sont les critères pour juger de cette forme de moralité ? Ne faut-il pas que ces critères soientfondés sur la communauté afin qu'ils soient objectifs ? Autrui n'entre-il pas nécessairement dans la morale commecelui qui est visé par mon action ?. »

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