Devoir de Philosophie

La morale positive d'Auguste COMTE

Publié le 17/03/2011

Extrait du document

morale

   La sociologie rend possible la morale, qui en est l'application la plus importante. C'est ici le point le plus confus d'un système où les confusions ne manquent pas. Les idées de Comte sur les devoirs de la vie, sur ce qu'on appelle la morale pratique, sont un peu sommaires, mais assez nettes. Ce qui est obscur, c'est la manière dont il entend les déterminer et les justifier. Les opinions de Comte sur la science morale et le problème moral sont extrêmement vagues. C'est donc là ce qu'il faut préciser d'abord, avant d'énoncer les principes sur lesquels il fonde la pratique morale ou de rappeler les principales applications qu'il en indique.

morale

« les autres sciences.

Nul philosophe, pas même Platon, n'a affirmé plus énergiquement et avec moins de réserve quela moralité est la seule chose nécessaire.

D'un autre côté, Comte ne comprend pas que l'on puisse hésiter àreconnaître le principe de la vie morale.

C'est pourquoi, lorsqu'il affirme l'altruisme et définit par là la moralité, il luiparaît aussi inutile de le prouver que d'écarter les autres doctrines.

C'est assez de ces deux points fixes pour définirune orientation morale et pour permettre d'esquisser une morale pratique. 2° Le principe moral : l'altruisme.

— On sait quelle est pour Comte la fin et la règle de la vie : c'est l'altruisme.

Vivrepour autrui, voilà la loi.

Cela ne veut pas dire que l'on doit s'attacher à certaines personnes.

Ces inclinations sontsans doute légitimes, ou même elles sont, en leur fond, le sentiment moral lui-même.

Mais il appartient à la raisond'en déterminer l'application dernière et suprême, dont les autres ne sont que la préparation.

L'objet éminent del'affection et du dévouement qui constituent la vie morale c'est l'humanité.

— L'altruisme est la loi de la vie, parcequ'il est le penchant dominateur de l'âme humaine, celui que tout le progrès de la civilisation a eu pour effetd'exciter, d'étendre et de fortifier, et qui tend toujours de plus en plus, non sans doute à supprimer l'égoïsme, mais àle dompter définitivement.

Le dévouement à l'humanité apparaît donc comme le terme naturel du progrèssentimental.

Le moraliste, instruit par l'histoire, constate le sens dans lequel l'humanité se développe ; il essaie decomprendre les raisons de cette orientation spontanée avant d'en régler systématiquement l'exercice en vue de luiconférer une plus complète efficacité.

Il détermine notamment les causes qui font prévaloir l'altruisme et qui l'érigenten règle; après quoi, il en suit les progrès qui en révèlent la vraie et dernière fin : sur l'un et l'autre point, Comteabonde en intéressantes remarques. Deux causes principales lui paraissent avoir provoqué le développement de l'altruisme.

C'est d'abord le jeu naturel,l'action et la réaction spontanées de nos penchants et des circonstances.

C'est ensuite la réflexion et le progrès del'intelligence.

La sociabilité est un instinct primitif, mais d'abord assez faible, beaucoup plus en tout cas que lestendances intéressées.

Elle se développe par l'exercice de la vie en commun, domestique ou sociale.

Ce moded'existence, à la faveur duquel se fortifie le penchant social, est maintenu, sinon suscité, par des instincts égoïstes.C'est un instinct égoïste, l'amour, qui est le principal facteur de l'association fondamentale d'où naît la famille.

C'estun autre instinct égoïste qui suscite la division du travail, par laquelle sont étendus et resserrés les liens sociaux.Mais la famille et la cité n'en sont pas moins une école d'altruisme.

Il se trouve ainsi que nos tendances intéresséesfavorisent le développement de cet autre penchant, qui est appelé à les dominer.

La nature nous achemine doncd'elle-même à vivre non seulement avec autrui, mais pour autrui.

C'est pourtant la raison qui est le principal facteurdu progrès moral.

Il y aurait lieu, semble-t-il, de distinguer deux formes de cette action morale de la raison et desconnaissances qu'elle systématise.

D'une part, elle nous apprend que toutes choses sont soumises à des loisnécessaires, auxquelles notre volonté ne saurait passer outre.

Ainsi, elle nous détermine à modérer et à ordonnernos sentiments, et elle nous détourne de nous laisser aller à nos désirs, quels qu'ils soient.

Il y a donc là unediscipline qui refrène les instincts égoïstes en nous obligeant à tenir compte, dans nos décisions, d'autre chose quede notre bon plaisir ou de notre intérêt.

Si l'altruisme n'est pas directement excité par cette connaissance des lois,encore profite-t-il de tout ce que perd l'instinct opposé de complaisance aveugle à soi-même.

Mais surtout l'homme,à mesure que sa science s'étend, comprend mieux sa nature et les conditions de la vie humaine, dont la première etla principale est la société.

Il se rend compte, notamment, du vrai rapport de l'individu à l'organisme social.

Ilapprend ainsi la nécessité de la subordination, et cela achève de refréner l'égoïsme et d'assurer la prépondérancedes sentiments sociaux.

C'est parce que, mieux que toute autre doctrine, le positivisme a reconnu et mis en lumièrel'étroite subordination de l'individu à la société, qu'il est plus apte que toutes les métaphysiques à fortifier le sensmoral naturel et à fonder systématiquement la moralité et l'éducation morale. Le même progrès, qui a rendu l'altruisme pré.

dominant et en a fait la loi spontanée de la vie, en a aussi déterminé levéritable objet.

C'est dans la famille que l'altruisme se développe d'abord, et c'est là que primitivement il trouve safin.

C'est dans la cité qu'il s'exerce ensuite et trouve son application : le patriotisme a été, pour bien des nations, leprincipe moral par excellence.

Mais enfin l'homme a appris à porter ses regards au delà : la philosophie positive adémontré l'unité et la continuité de l'humanité, enveloppant tous les peuples en son développement; c'est désormaisvers l'humanité, envisagée dans la continuité de son existence, que se portent nos affections.

Ici l'altruisme atteintson terme et s'attache définitivement à son idéal.

Le principe moral suprême est enfin trouvé : il n'y a plus qu'àl'appliquer. 3° La pratique morale.

— Il serait difficile d exposer ici, avec un détail suffisant, les vues de Comte sur la pratiquemorale.

Cependant plus d'une mériterait d'être connue et retenue.

Conformément aux divisions de la statiquesociale, qui sert de cadre à son système moral, Comte répartit les règles morales en trois groupes, dont les unesconcernent la vie personnelle, d'autres la vie domestique et d'autres, enfin, la vie sociale. Relativement à la morale personnelle, Comte n'innove rien : il recommande simplement les vertus traditionnelles.Mais, sans rien prescrire de neuf, il n'en a pas moins la prétention de «régénérer totalement la morale personnelle»,en la pénétrant d'un nouvel esprit.

D'abord il ne veut pas que l'on fonde les vertus privées sur la prudence, ni,davantage, sur des raisons métaphysiques.

C'est uniquement pour se rendre mieux propre au service des autres qu'ilfaut être tempérant, chaste, courageux, etc...

C'est l'amour de l'humanité qui doit régler notre vie la plus intime.

Lasignification et le prix des vertus personnelles tiennent d'abord à ce qu'elles sont des moyens efficaces de maîtriserl'égoïsme et d'exercer à l'abnégation : car voilà l'idéal intérieur.

La mortification, l'ascétisme nous préparant à l'oublide nous-mêmes, nous nous mettrons sans arrière-pensée au service d'autrui.

Mais Comte ne pense pas que toute lamoralité personnelle se résume à la mortification.

Sans jamais s'expliquer systématiquement sur ces questions, il estdes passages de ses écrits où il semble bien considérer comme un devoir pour chaque homme de cultiver sesfacultés de tout ordre et de se donner autant de qualités ou d'aptitudes que sa nature le comporte.

Même, en ces. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles