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La morale s'apprend-elle ?

Publié le 12/08/2005

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morale

La morale est la présence en nous du prescriptif sous la forme d‘une obligation, c’est-à-dire d‘une contrainte qui vient de nous . Le prescriptif désigne ce qui doit être tandis que le descriptif désigne ce qui est. La morale est-ce qui en moi me dit ce qui ne doit pas être et ainsi en creux, ce qui doit être sans que je sache vraiment l’origine de cette obligation.

 Apprendre, c’est sur le plan théorique acquérir un ensemble de connaissances que l’on ignorait auparavant ou alors sur le plan pratique intérioriser dans les corps des attitudes, des postures sous la forme d’habitudes, c’est-à-dire de dispositions durables . 

Pour définir le devoir qui est précisément le fait dêtre moralement contraint, il sagit de connaitre la provenance de cette contrainte : quest-ce qui me commande ce que je dois ou ce que je ne dois pas faire ?Il s’agit alors de savoir si la présence en nous du prescriptif résulte d’un apprentissage ou s’il est présent en nous depuis toujours, dans la nature humaine ? Or si lon se réfère à lexpérience du scandale ou de lindignation, on constate que a présence du prescriptif en nous advient sous la forme de l’obligation dans la conscience du devoir. Le devoir désigne lobligation pour un sujet dagir dune manière déterminée, et telle qu’il se présente à notre conscience, il s’impose à notre conscience et à notre action sans que nous l’ayons appris auparavant. La morale ne s’apprend pas dans la mesure où elle est fondée par des principes de la conscience qui se révèle à nous dans les expériences privilégiées du scandale ou de l’indignation . Toutefois si l’on se réfère à l’expérience que nous faisons de l’enfant au début de son éducation, nous pouvons constater qu’il n’est pas spontanément moral. Le petit homme pour s’humaniser doit en passer par l’éducation qui lui apprend ce qu’il doit faire ou ne pas faire. Ainsi dans la mesure où la morale est un ensemble de postures corporelles et d’interdits à intérioriser aussi bien que de valeurs à respecter qui permet aux hommes de vivre ensemble, elle fait l’objet d’un apprentissage. Néanmoins si la morale se réduisait à un ensemble de règles et d’attitudes intériorisées par l’éducation, comment expliquer que certains individus peuvent revendiquer une exigence morale qui s’oppose à la morale apprise ?  

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« commun, les hommes sont déterminé par le principe de jouissance qui exige la satisfaction de tous les désirs Lasatisfaction de toutes les pulsions est l'idéal de l'individu encore asocial : l'individu cherche en effet à jouir sansaucunes limites.

Or il est porté par ses pulsions à s'en prendre à ses semblables pour satisfaire ses désirs,notamment dans le désir sadique qui consiste en un plaisir pris à l'agression d'autrui.

Ainsi si chaque individu chercheà satisfaire tous désirs, il risque de mettre en péril tous les autres.

La civilisation est l'état social qui apprend auxhommes à sacrifier une part de leurs désirs incompatible avec la vie en société.

Lorsque la civilisation exige pourrendre possible une vie en commun la non satisfaction et même la répression d'une grande partie de ses pulsions,l'individu se sent spontanément opprimé.

Or si l'individu se sent opprimé par les sacrifices que la civilisation exige delui, il aura tendance à vouloir s'en excepter en s'en prenant à la civilisation elle-même.

C'Est-ce que l'on peutsoutenir avec Freud dans la préface à l 'Avenir d'une illusion : « La civilisation doit ainsi être défendue contre l'individu ».Si la civilisation doit être défendue, c'est qu'elle permet aux individus de vivre ensemble quoique elle exigede la part de chacun d'eux un sacrifice.

C'est la raison pour laquelle la civilisation se dote des moyens de contrainteexterne de nature politique : « son organisation, ses institutions et ses lois se mettent au service de cette tâche ».Toutes ses instances externes visent à rendre possible la vie en commun en contraignant les hommes à obéir auxsacrifices exigés par la civilisation, et à punir ceux qui contreviennent à l'ordre ainsi établi entre les hommes.

Cependant ces instances externes ne sont pas absolument efficaces dans la mesure où la tâche est à reprendre àchaque fois pour chaque individu._ L'enfant n'est pas un être moral dans la mesure où il n'a pas encore intériorisé l'ensemble des postures et desinterdits qui sont les conditions de possibilité de la vie humaine en société.

Or s'il ne les possède pas encore, il doitles apprendre.

En effet l‘enfant est spontanément tenté de satisfaire tous ses désirs et ainsi de s‘excepter du principe du sacrifice exigé par la civilisation.

En ce sens l‘enfant déterminé par le principe de jouissance est en soncommencement ce qu‘est un névropathe : »Il est toute une catégorie d'êtres humains, les névropathes, quiréagissent déjà à ces privations en devenant asociaux.

»; a une exception près cependant, l'enfant n'a pas encorefait le sacrifice alors qu'il doit le faire pour être reçu dans la civilisation tandis que le névropathe a échoué à faire cesacrifice.

Freud note que l'enfant doit recommencer dès le début un processus qui concerne toute l'humanité.

Eneffet si les premiers temps de l'humanité étaient encore proches de l'état animal à cause du principe de jouissance,le progrès de la civilisation se fait par la répression des pulsions comme tendrait à la prouver un ouvrage desociologie comme celui de Norbert Elias par exemple la Civilisation des mœurs : « Il est conforme à notre évolution que la contrainte externe soit peu à peu intériorisée » Ainsi l'évolution humaine progresse avec l'intériorisation del'exigence de répression pulsionnelle.

Or le moyen par lequel cette exigence de répression pulsionnelle s'applique àl'humanité comme à chaque individu est le Surmoi : « une instance psychique particulière, le sur moi, la prend à sacharge ».

Le Surmoi est le nom de l'instance qui s'oppose au ça, l'instance de nos pulsions, c'est de leur conflit queva émerger le moi.

Ce qu'il importe de comprendre est le surmoi n'est que l'intériorisation de l'exigence politiqueexterne de réprimer ses pulsions ._ La morale fait l'objet d'un apprentissage intégral : des postures corporelles aux valeurs respecter.

En effet si la civilisation ne survit qu'en intériorisant ses exigences dans chaque individu et que chaque individu est initialementdéterminé à satisfaire tous ses désirs, chaque individu doit alors recommencer pour lui-même le processus decivilisation qui fait de lui un être humain au sens social et moral : « Chacun de nos enfants est à son tour le théâtrede cette transformation; ce n'est que grâce à elle qu'il devient un être moral et social.

» l'homme ne peut donc vivreen société parmi ses semblables que par l'intériorisation de l'exigence de répression pulsionnelle grâce à l'instancepsychique du Surmoi.

La raison pour laquelle le surmoi est « un patrimoine psychologique de haute valeur pour laculture », c'est que les individus qui ont intériorisé l'exigence de répression pulsionnelle travaillent à propager àtravers les générations cette exigence.

Ainsi on pourrait dire que le Surmoi est la ruse de la civilisation : les individusennemis de la civilisation qu'il fallait défendre contre eux deviennent eux-mêmes ses défenseurs et les supports desa conservation : « Ceux chez qui il a eu lieu deviennent, de ses ennemis, ses supports.

» La morale est un objet detransmission que les élèves rétifs devenus à leur tour professeurs de morale lorsqu'ils deviennent parents,enseignent à leurs enfants pour les humaniser.

Ainsi le lieu de la morale est dans l'éducation elle-même, dans cepassage entre deux générations de ce qu'il faut faire et ce qu'il faut être pour vivre en société.

T : dans la mesure où la morale est un ensemble de postures corporelles et d'interdits à intérioriser aussi bien quede valeurs à respecter qui permet aux hommes de vivre ensemble, elle fait l'objet d'un apprentissage.

Néanmoins sila morale se réduisait à un ensemble de règles et d'attitudes intériorisées par l'éducation, comment expliquer quecertains individus peuvent revendiquer une exigence morale qui s'oppose à la morale apprise ? III La morale réside dans une inquiétude auquel il faut faire attention, mais en tant qu'exignce morale, ellene peut être apprise.

_ La morale ne peut se réduire à l 'intériorisation des interdits sociaux.

Toutes les entreprises de réduction sont plus aisées que les pensées qui s 'attachent à la positivité du fait moral en tant que tel.

Si la morale ne se comprenait que comme intériorisation de l 'interdit social, jamais la conscience d e l' Antigone de Sophocle n'aurait pu protester devant la loi de Créon.

C 'est la preuve qu 'une exigence peut s 'élever en notre conscience qui n 'est ni réductible à la connaissance de ce qui est bien, ni à l 'intériorisation d 'une loi sociale.

Si le devoir exigé par la loi sociale se heurte à un autre devoir, c 'est que le devoir moral n 'est pas réductible à du social.

Ainsi si l 'on se réfère au rapport au livre d'Hanna Arendt Eichmann à Jérusalem , nous voyons la déposition d 'Eichmann, un fonctionnaire qui a appliqué avec zèle les lois du régime nazi concernant l 'extermination des Juifs d 'Europe.

Eichmann lui-même, bourreau ordinaire installé dans ses bureaux, sait qu 'il a cessé d 'appliquer un devoir moral lorsqu 'il a accepté ce poste, mais il se défend en arguant qu 'il n 'a fait que son devoir.

Nous sommes alors bien en présence de deux devoirs : l 'un qui est une obligation juridique et sociale, et l 'autre qui est une obligation morale.

Or ces devoirs s 'excluent réciproquement.

En choisissant de faire son devoir social d 'extermination, Eichmann a choisi de négliger son devoir moral qui était de. »

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