Devoir de Philosophie

La nature fait-elle bien les choses ?

Publié le 16/02/2004

Extrait du document

•    Se poser la question de savoir si la nature fait bien les choses, c'est se demander s'il faut rester naturel, ou si, au contraire, il faut dépasser le donné, et pour quelles raisons.

Mots clés

•    nature : ensemble des êtres animés ou inertes qui peuplent l'univers. •    faire : du latin facere, placer, poser, causer, réaliser, produire, fabriquer, accomplir, composer, constituer. •    bien : du latin bene, bonus, «bon «, par opposition à mal. •    chose : terme le plus général par lequel on désigne tout ce qui existe et qui est concevable comme un objet unique (concret, abstrait, réel, imaginaire) ; c'est ainsi : — les choses : le réel, la réalité ; — les choses : ce qui a lieu, ce qui se fait, ce qui existe ; la conjoncture. •    faire bien les choses : travailler consciencieusement, traiter avec largesse, ne pas faire les choses à moitié.

« «Comme il y a une infinité d'univers possibles dans les Idées de Dieu etqu'il n'en peut exister qu'un seul, il faut qu'il y ait une raison suffisantedu choix de Dieu, qui le détermine à l'un plutôt qu'à l'autre.

Et cetteraison ne peut se trouver que dans la convenance ou dans les degrésde perfection, que ces mondes contiennent; chaque possible ayantdroit de prétendre à l'existence à mesure de la perfection qu'ilenveloppe.

Et c'est ce qui est la cause de l'existence du meilleur, que lasagesse fait connaître à Dieu, que sa bonté le fait choisir et que sapuissance le fait produire.

» (La Monadologie, 1721, § 53-54-55.) Leibniz ne dit donc pas que tout va bien pour tout le monde.

La théorie deLeibniz consiste à dire qu'il y a une infinité de mondes possibles.

La questionest donc: pourquoi est-ce le nôtre qui existe? À cela, il faut d'après luirépondre que le monde réel est nécessairement le meilleur des mondespossibles, parce que c'est le seul qui corresponde à l'idée de la bonté de Dieu.Si Dieu est infiniment bon, il n'a pu créer que le meilleur des mondes, même sicela n'est pas visible tous les jours pour les hommes.

Pour Leibniz, il s'agitd'une démonstration, fondée sur la définition de Dieu. La théorie de Leibniz est provocante et intéressante pour toute réflexion surle Mal.

Si Dieu est bon, comment le Mal est-il possible? Pourquoi souffrons-nous? Leibniz ne nie pas l'existence de la souffrance, il dit que ce qui apparaît comme un mal au niveau de l'existence humaine ne peut être compris que comme une circonstance nécessaire dansle calcul que fait Dieu pour créer un univers optimal. Le meilleur des mondes possibles n'est pas un monde entièrement bon.

C'est le contresens que fait Voltaire, et quiexplique ses railleries.

Mais c'est confondre la perception humaine et la compréhension divine, qui ne voient pourtantpas les choses à la même échelle.

C'est pour cela aussi que l'« optimisme» de Leibniz ne peut que modérément nousrendre optimistes face à l'existence, car il ne garantit en rien que nous ne souffrirons pas et que tout ira pour lemieux pour nous. En quête d'une combinatoire universelle qui permettrait de calculer toutes les vérités, Leibniz insiste sur les principesde la connaissance, principes virtuellement innés dans notre esprit.

Cette « harmonie pré-établie » montre que lemonde est le résultat d'un calcul divin, le meilleur possible.

Là encore, la nature fait bien les choses.

Tout comme ce« bon sens » dont parle Descartes, et qui est « la chose du monde la mieux partagée ». [II.

L'homme ne peut pas se réaliser à l'état de nature] La nature c'est donc l'inné, c'est, selon Rousseau, «l'état dans lequel naissent les hommes », c'est ce qui nous estdonné.

Si la nature faisait bien les choses, il suffirait de conseiller aux hommes d'être «naturels» pour vivre bien.Mais l'homme peut-il se contenter du donné ? Comme tout être vivant, l'homme est soumis à des besoins naturels,biologiques : se nourrir, se reproduire par exemple.

L'animal est entièrement soumis au déterminisme de ses besoinsvitaux.

Si l'homme ne peut pas s'extraire de ce déterminisme, il échappe cependant à la stricte détermination par sacapacité à innover et à mêler de manière inextricable le naturel et le culturel.On ne peut pas isoler le naturel du culturel : l'homme est toujours déjà un être civilisé, dit Rousseau, il est à la fois naturel, biologique, et culturel.

Sans l'éducation, sans la culture, l'hommeserait inachevé : il ne résisterait pas aux conditions naturelles.

C'est enquelque sorte parce qu'il est obligé de développer ses capacités créatricespour survivre qu'il échappe au déterminisme de la nature et découvre saliberté.Tel est le sens du mythe de Prométhée qui vole le feu à Zeus pour le donneraux hommes afin qu'ils puissent survivre en fabriquant justement ce que lanature ne leur a pas fourni.

Dans la nature, l'homme est l'animal le plus démuni: seule l'organisation sociale lui permet de survivre.

La vie en sociétés'explique par la faiblesse naturelle de l'homme et l'organisation civile palliecette faiblesse originelle.

C'est donc parce la nature a fait l'homme faiblequ'elle a permis à l'humanité de se rassembler pour communiquer, échanger,unir ses forces et accroître son pouvoir sur la nature elle-même.

C'est parceque quelque chose a fait défaut à l'homme qu'il s'est uni aux autres.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles