Devoir de Philosophie

La nature fait-elle bien les choses ?

Publié le 16/07/2005

Extrait du document

Tout comme ce « bon sens « dont parle Descartes, et qui est « la chose du monde la mieux partagée «.

[II. L'homme ne peut pas se réaliser à l'état de nature]

La nature c'est donc l'inné, c'est, selon Rousseau, «l'état dans lequel naissent les hommes «, c'est ce qui nous est donné. Si la nature faisait bien les choses, il suffirait de conseiller aux hommes d'être «naturels« pour vivre bien. Mais l'homme peut-il se contenter du donné ? Comme tout être vivant, l'homme est soumis à des besoins naturels, biologiques : se nourrir, se reproduire par exemple. L'animal est entièrement soumis au déterminisme de ses besoins vitaux. Si l'homme ne peut pas s'extraire de ce déterminisme, il échappe cependant à la stricte détermination par sa capacité à innover et à mêler de manière inextricable le naturel et le culturel.On ne peut pas isoler le naturel du culturel : l'homme est toujours déjà un être civilisé, dit Rousseau, il est à la fois naturel, biologique, et culturel. Sans l'éducation, sans la culture, l'homme serait inachevé : il ne résisterait pas aux conditions naturelles.

Faire bien les choses, c'est, d'après le dictionnaire Le Robert, travailler consciencieusement, traiter avec largesse, ne pas faire les choses à moitié. Il semble curieux de se poser la question à propos de la nature. Cette question se pose en général lorsqu'il s'agit d'un individu qui a accompli scrupuleusement la tâche qu'il avait à exécuter. Il a techniquement fait ce qu'il fallait faire, mais en plus avec la conscience de bien faire. Que signifie cette expression qui interroge le « bien faire « de la nature ? Que produit la nature qui nous donne satisfaction ? Pouvons-nous nous contenter de ce que réalise la nature ?

« finalité qui est digne d'être étudiée, qui fait la beauté de chaque chose (car elle traduit un certain dessein etl'ordre de la nature). Toute une tradition philosophique poursuivra et soutiendra la réflexion des philosophes grecs : c'est parce qu'il y ade l'ordre dans la nature, dans le cosmos – mot qui signifie «beauté, harmonie », d'où le terme cosmétique – quenous pouvons découvrir les lois qui nous permettent de mieux comprendre le monde et de mieux vivre, de développernos potentialités.Mais la nature est alors, soit divinisée, soit l'oeuvre du divin.

« Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »,écrit Leibniz, c'est-à-dire que Dieu a offert aux hommes la meilleure combinaison possible. «Comme il y a une infinité d'univers possibles dans les Idées de Dieu etqu'il n'en peut exister qu'un seul, il faut qu'il y ait une raison suffisantedu choix de Dieu, qui le détermine à l'un plutôt qu'à l'autre.

Et cetteraison ne peut se trouver que dans la convenance ou dans les degrésde perfection, que ces mondes contiennent; chaque possible ayantdroit de prétendre à l'existence à mesure de la perfection qu'ilenveloppe.

Et c'est ce qui est la cause de l'existence du meilleur, que lasagesse fait connaître à Dieu, que sa bonté le fait choisir et que sapuissance le fait produire.

» (La Monadologie, 1721, § 53-54-55.) Leibniz ne dit donc pas que tout va bien pour tout le monde.

La théorie deLeibniz consiste à dire qu'il y a une infinité de mondes possibles.

La questionest donc: pourquoi est-ce le nôtre qui existe? À cela, il faut d'après luirépondre que le monde réel est nécessairement le meilleur des mondespossibles, parce que c'est le seul qui corresponde à l'idée de la bonté de Dieu.Si Dieu est infiniment bon, il n'a pu créer que le meilleur des mondes, même sicela n'est pas visible tous les jours pour les hommes.

Pour Leibniz, il s'agitd'une démonstration, fondée sur la définition de Dieu. La théorie de Leibniz est provocante et intéressante pour toute réflexion surle Mal.

Si Dieu est bon, comment le Mal est-il possible? Pourquoi souffrons-nous? Leibniz ne nie pas l'existence de la souffrance, il dit que ce qui apparaîtcomme un mal au niveau de l'existence humaine ne peut être compris que comme une circonstance nécessaire dansle calcul que fait Dieu pour créer un univers optimal. Le meilleur des mondes possibles n'est pas un monde entièrement bon.

C'est le contresens que fait Voltaire, et quiexplique ses railleries.

Mais c'est confondre la perception humaine et la compréhension divine, qui ne voient pourtantpas les choses à la même échelle.

C'est pour cela aussi que l'« optimisme» de Leibniz ne peut que modérément nousrendre optimistes face à l'existence, car il ne garantit en rien que nous ne souffrirons pas et que tout ira pour lemieux pour nous. En quête d'une combinatoire universelle qui permettrait de calculer toutes les vérités, Leibniz insiste sur les principesde la connaissance, principes virtuellement innés dans notre esprit.

Cette « harmonie pré-établie » montre que lemonde est le résultat d'un calcul divin, le meilleur possible.

Là encore, la nature fait bien les choses.

Tout comme ce« bon sens » dont parle Descartes, et qui est « la chose du monde la mieux partagée ». [II.

L'homme ne peut pas se réaliser à l'état de nature]. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles