Devoir de Philosophie

La paresse n'est-elle qu'un vice ?

Publié le 29/08/2010

Extrait du document

paresse

·         Angles d?analyse ® On s'interroge ici sur l'essence même de la paresse pour savoir si elle est en droit réductible à un vice, c'est-à-dire qui elle est en elle-même et pour elle-même un défaut condamnable et néfaste pour l'homme, à la fois comme individu singulier, et comme faisant partie d'une société. ® Dans nos sociétés contemporaines, capitalistes qui plus est, la paresse possède un caractère fortement négatif car elle est le mouvement par lequel l'homme se retire de la production et donc ne participe plus à l'accroissement de la productivité. Elle apparaît donc comme contraire à la valeur de travail. Mais c'est précisément cette connotation péjorative qui existe de fait, qu'il faut interroger du point de vue de sa légitimité, du droit. ® Il s?agit donc de savoir si la paresse en tant que telle est réductible au seul vice, ou bien s'il s'agit d'une notion beaucoup plus extensive, et surtout beaucoup plus riche.     Problématique   Peut-on légitimement, malgré toute la négativité que la notion de paresse possède par ailleurs de fait, réduire l'essence même de la paresse au vice ? C'est donc la nature même de la paresse qui est ici mise à la question : a-t-on le droit, au nom d'une effectivité de fait, d'identifier la paresse à un défaut improductif et donc à un défaut néfaste, tant pour la réalisation de l?homme en tant qu'individu, que pour la réalisation de l'homme en tant qu'être social ?     Plan   I-             La vertu comme vice     ·         La valeur du travail, en ce qu'on le considère comme une activité libératrice et fabricatrice, repousse la paresse dans les confins du vice. ·         Il ne faut pas confondre en réalité la paresse et l'otium latine (ou la scholè grecque) : si l'Antiquité les préférait au travail c'est parce qu'il pensait qu'elles étaient les activités propres à réaliser l'humanité de l'homme. Mais il ne s'agissait pas de ne rien faire mais bien plutôt de se cultiver, d'élever son intelligence à la contemplation, à l'art.

paresse

« propres à réaliser l'humanité de l'homme.

Mais il ne s'agissait pas de ne rien faire mais bienplutôt de se cultiver, d'élever son intelligence à la contemplation, à l'art.

A l'inverse laparesse apparaît comme le refus de toute activité.

Elle apparaît donc, dans son essence(au moins apparemment) comme purement négative : elle consiste à refuser toute activitéquelle qu'elle soit, sous prétexte d'une envie, voire d'un besoin, de ne rien faire.

La paressesemble donc par essence anti-productive. · Rien d'étonnant, donc, à ce qu'elle soit considérée comme un vice dans une société capitaliste qui vise à la productivité et à la compétitivité, ainsi qu'à l'accroissement ducapital.

Le paresseux est dès lors celui qui refuse de s'accomplir, non seulement commeindividu (puisqu'il ne semble rien vouloir construire) mais aussi comme être social (puisqu'ilse refuse à travailler et à faire progresser économiquement la société à laquelle ilappartient). · La paresse apparaît donc essentiellement comme une incapacité, mais une incapacité de la volonté : elle apparaît contre le travail, elle se positionne telle qu'elle, elle est doncune œuvre de la volonté (qui refuse de vouloir quoi que ce soit). · On peut prendre l'exemple, théorique cette fois, de l'argument du paresseux : argument dit aussi de la raison paresseuse, proposé comme objection aux doctrines affirmant lanécessité du cours des choses.

Il consiste à conclure de la nécessité de toutes chose à laplus complète inaction : le malade ayant pour destin de guérir ou de mourir guérira oumourra quoi qu'il fasse, qu'il appelle le médecin ou non.

Cet argument est considéré parLeibniz comme un sophisme ® « Si l'avenir est nécessaire, ce qui doit arriver arrivera, quoi que je puisse faire.

Orl'avenir (...) est nécessaire, soit parce que la divinité prévoit tout (...), soit que tout arrivepar enchaînement des causes; soit enfin par la nature même de la vérité, qui estdéterminée dans les énonciations qu'on peut former sur les évènements futurs comme ellel'est dans toutes les autres énonciations (...).

L'idée mal entendue de la nécessité, étantemployée dans la pratique, a fait naître ce que j'appelle Fatum Mahometanum, le destin à laturque » (Essai de Théodicée, préface). · A ce niveau de réflexion, on s'aperçoit que la paresse peut être considérée, tant d'un point de vue théorique que pratique, comme un vice, c'est-à-dire comme un défaut de lavolonté, un défaut pervertissant la nature de l'homme comme destiné à s'accomplir à la foisdans la pensée active et dans le travail. II- La vertu ou une vertu de l'homme et pour l'homme · On comprend alors que, de fait, il y a au moins deux sortes de paresse: celle qui prend le mot dans sa généralité, au sens de répugnance envers tout effort exigé par la vie, et parle travail en particulier, synonyme de fainéantise.

L'autre sorte de paresse est pour latradition théologique, le vrai vice capital, la paresse entendue comme tristesse et dégoûtéprouvés par l'âme envers les choses spirituelles et les efforts qu'elles exigent. · Cependant, on peut tout de même (et l'on doit) se demander si cette acception si négative de la paresse ne relève-t-elle pas, en réalité, d'un jugement de valeur quiprivilégie la productivité et le travail.

Mais c'est ici l'essence de la paresse,indépendamment des connotations de fait qui nous intéresse ici.

Or, du point de vue del'essence, est-ce encore légitime de réduire la paresse au vice ? · Il semble bien en effet que la paresse apparaît contre le travail et la productivité toujours plus grande imposé au travailleur.

Mais, dans cette perspective, elle peut donctout autant être comprise comme une vertu : c'est-à-dire comme cette capacité qu'àl'homme de prendre du recul sur lui-même, presque comme une technique du repos. · A la question du droit du travail qui n'est pour lui que le droit à la misère, Paul Lafargue (Le droit à la paresse) propose de substituer la question de l'activité proprement humaine, qui ne peut se réaliser que dans l'oisiveté, hors du circuit infernal de la productionet de la consommation, réalisant ainsi le projet de l'homme intégral de Marx. · Malevitch La paresse comme vérité effective de l'homme : Le capitalisme assure l'oisiveté de quelques-uns en s'appuyant sur le travail du plus grand nombre.

Le socialismeentend réduire le travail en le redistribuant.

Finalement, l'un comme l'autre le glorifient.Dans ce texte écrit en 1921, Malevitch soutient la thèse suivante : la paresse, loin d'êtrela mère de tous les vices est la mère de la vie. · En réalité, la connotation négative de la paresse constitue un jugement de valeur qui consiste à penser que l'homme ne peut se réaliser que dans son travail, et par son travail.Mais l'essence même de la paresse, détachée des convictions idéologiques, n'est pas unvice.

Mais, dans ce cas, peut-on aussi affirmer de droit que la paresse pourrait, aucontraire, être une vertu ? III- La nature de la paresse : la nature de l'homme ? · « Il est inconcevable à quel point l'homme est naturellement paresseux.

On dirait qu'il ne vit que pour dormir, végéter, rester immobile; à peine peut-il se résoudre à se donner. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles