La Parole
Publié le 10/12/2013
Extrait du document
«
conscient du pouvoir des mots dans la tromperie et la manipulation, il croit à l'image qui lui est
proposée et n'y est pas indifférent.
Finalement, ce qui touche dans le mot, c'est l'intention qu'il porte.
B) La parole déforme le monde car elle passe par notre pensée.
C'est parce qu'il y a une intention de
son auteur que le mot est important et c'est dans un contexte de compréhension mutuelle entre les
locuteurs que les mots se dévoilent totalement.
La parole déforme le monde dans son objectivité car
elle passe par le filtre de notre conscience, de notre subjectivité.
Rien ni personne n'a jamais prouvé
que tous les hommes percevaient le monde de la même manière.
Dès lors, comment décrire
objectivement le monde? Dans le même ordre d'idée, on peut donner l'exemple de Verlaine qui utilise
la poésie pour décrire ses affects et le monde qui l'entoure.
Pourtant, le vocabulaire qu'il utilise n'est
jamais complètement neutre car il décrit ses ressentis.
Le monde n'est pas décrit naïvement mais est
soumis à l'âme vagabonde du poète qui ne se contente pas de raconter ce qu'il voit:
«Dans l'herbe noire
Les kobolds vont.
Le vent profond
Pleure, on veut croire» Charleroi, Paysages Belges
Comme le dit si bien G.GUSDORF «L'expression est l'action de l'homme qui s'ajoute au monde»
C) De plus, la parole change le monde car elle ne sait pas toujours le décrire.
En effet on ne peut pas
dire l'ineffable.
Certaines de nos pensées ou de nos idées ne seront jamais claires si elles sont parlées,
dites.
C'est ainsi que Philippe Jaccottet s'est interrogé sur la manière de dire l'indicible.
Son œuvre
cherche ,entre autres, à cerner ce qui échappe aux discours ou à notre raison.
Il s'agit de l'inconnu,
celui auquel on ne peut pas avoir accès.
Certains de ses écrits traitent de la mort, «l'innommable»
comme il le dit lui-même car dire la mort dépasse les limites de ce que peut supporter l'homme.
Verlaine, lui, recourt à la parole pour décrire l'ineffable dans Romances sans Paroles .
C'est ainsi que
le chiasme sémantique de Ariette I rend manifeste l'indicible.
De la même manière, la parole que nous
utilisons n'est pas naturelle, confrontée au réel se pose le problème de la dénotation.
C'est le sujet dont
traite Platon dans Le Cratyle, les mots ne ressemblent pas aux objets qu'ils désignent.
Malheureusement, la voix ne peut pas rendre compte de tous les sens.
S'opposent les naturalistes
comme Cratyle et les conventionnalistes comme Hermogène.
Les conventionnalistes supposent deux
ordres, l'un pour le langage et l'autre pour la réalité puisque le langage, abstrait, général semble
s'opposer à la réalité, concrète, intuitive et particulière.
Le monde sera alors forcément «transformé»
puisque la description orale ne correspondra pas totalement à la réalité.
La parole change ainsi le monde qui nous entoure, pourtant elle est le seul outil à notre disposition
pour le décrire: «Le monde s'offre à chacun de nous comme un ensemble de significations dont nous
n'obtenons la signification qu'au niveau de la parole» La parole , G.Gusdorf.
II) Néanmoins, le monde n'est jamais aussi bien mis en relief que par notre parole.
Il s'agit
de l'outil par excellence pour décrire le monde et pour communiquer.
A) De la même manière que les besoins motivent les gestes, ce sont les passions qui ont motivé la
prise de parole.
Les êtres humains ont accès à la parole car ce sont des êtres passionnés.
La langage
naturel devait imiter nos ressentis, ce devait sûrement être un chant.
B) Le langage permet de transmettre des informations sur le monde tout autant qu'il permet
l'expression de soi.
La parole peut servir la vérité qui se fait jour en elle, sans pour autant être un effet.
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