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La personne est elle un objet

Publié le 03/05/2014

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"Je ne suis pas ta chose ; je ne suis pas une chose". Le mouvement de révolte par lequel une femme s'affranchit de la tutelle tyrannique de son mari exprime cette volonté d'indépendance et donc d'autonomie, cette exigence de respect, cette manifestation d'une présence originale et irréductible à toute autre par lesquelles la personne se dégage de l'horizon des objets. La confusion apparaît impossible entre la personne et la chose ; tant de caractères semblent les distinguer : depuis la configuration spatiale à l'acte de langage qui fait que j'entre en dialogue avec la personne mais non pas avec la chose. Comment le mari tyrannique peut - il prendre sa femme pour une chose, pour sa chose ? Mais la personne est d'abord perçue ; elle est au bout de mon regard et nul ne saurait s'étonner que l'homme qui regarde une femme comme un objet sexuel ne la considère ensuite comme une chose propre à satisfaire ses appétits. Une chose se possède, or le mari peut se méprendre sur le sens profond du contrat de mariage et le ramener à un contrat d'appropriation d'un bien ("ma femme"). Mais la confusion de la personne avec l'objet n'est - elle que le fait d'un abus répondant à des intérêts ? -------------------------------------------------------------------------------- La personne peut bien apparaître comme un objet. Le mode d'être de la personne ne semble pas d'abord se démarquer du mode d'être de l'objet. La personne est d'abord une réalité spatiale. Elle est au bout de mon regard ; je la vois ; je la touche ; je la contourne. Je peux avoir avec elle les mêmes relations qu'avec un...

« Mais la personne résiste encore de tout le poids de sa volonté, de sa capacité à me dire : "non" et devant qui je dois me plier aussi bien que devant le rocher qui se dresse sur mon chemin. Mais une personne résiste autrement qu'une chose ; cette résistance n'est pas la résistance passive de l'inertie, du poids mort et insignifiant de l'objet.

Sa présence a une autre signification que celle de la masse de l'objet devant moi Si persona désigne le masque de l'acteur, il désigne métonymiquement : le porteur du masque.

Si le masque est un objet, sous le masque se trouve une présence originale. La personne dispose au rebours de l'objet de la faculté de raisonner et de celle de me fera part de ses raisonnements.

Cela signifie d'une part que la personne est une présence qui pense, qui pense son rapport au monde extérieur, qui est capable de se rapporter à lui, de le saisir, ce que HUSSERL nomme l'intentionnalité, et de saisir sa façon d'être dans le monde.

La personne est à même, d'autre part, d'exprimer et de communiquer à d'autres ses rapports.

L'usage de signes, de signes communs et transmissibles, donne le moyen de distinguer le plus bête des hommes de la bête la plus humanisée par le dressage. La personne dispose d'une intériorité.

Sous le masque, l'acteur avec ses sentiments, sa souffrance réelle ou feinte.

La personne a une réflexivité par laquelle elle sait qu'elle est elle, - ce que les philosophes ont nommé la conscience de soi.

Cette réflexivité est aussi le dialogue qu'elle peut entretenir avec elle - même, avec ses pensées et ses sentiments.

Elle n'est pas dans le monde ; elle est aussi par rapport au monde et par rapport à elle - même.

Cette intériorité est celle de l'affectivité : le monde retentit dans la personne.

Tout événement agit sur elle, mains non point à la manière d'un prolongement.

Toute action du monde est aussi une sollicitation de la personne : elle est appelée à réagir de manière originale, personnellement. La personne enfin dispose d'une initiative telle que je ne peux pas la prévoir.

Elle jouit d'une liberté telle que la personne la mieux connue, semble- t - il, peut encore me surprendre.

Elle peut aller toujours au - delà de ce que je prévoyais.

Cette capacité d'initiative fait de la personne un être libre, si libre que je ne peux pas peser sur sa vie intérieure, ses représentations.

Cette liberté est celle qui donne à la personne une histoire : la personne est ce qu'elle se fait, ce qu'elle est devenue non pas au fil des accidents, mais au gré de ses choix. Pourtant, rien n'assure que ces caractères de raison, d'intériorité et de liberté ne puissent se retrouver dans une espèce animale évoluée ou dans une machine sophistiquée.. »

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