La Philosophie de Jankélévitch

a) Né en 1903, normalien en 1922 agrégé de philosophie en 1925, Jankélévitch est docteur ès lettres en 1933 avec deux thèses sur L'Odyssée de la conscience dans la dernière philosophie de Schelling et la Mauvaise conscience. Sa pensée, une des plus originales de notre temps, défie sans doute toutes les étiquettes. Philosophe d'une immense culture, Jankélévitch sait évoquer avec le même talent, dans un langage brillant (riche en images poétiques ou cocasses, plein de formules heureuses), Homère et Platon, les grands romanciers russes, les grands musiciens (il est l'auteur d'ouvrages musicologiques fort appréciés : Gabriel Fauré et ses mélodies, Maurice Ravel, Debussy et le mystère). Auteur d'un Bergson que Bergson admirait, il peut être également rapproché des existentialistes. Madame Barthélémy-Madaule a écrit que sa philosophie unissait « la tranquillité d'âme confiante de Bergson et la vigilance amère de Kierkegaard «. Si nous osons, délibérément, le classer parmi les personnalistes (alors que lui-même n'a jamais fait acte, expressément, d'appartenance à aucune école) c'est que nul penseur n'a plus que lui répudié la sagesse cosmocentrique des Grecs et mis l'accent sur la valeur et le mystère de la personne humaine — ou plus simplement de l'âme, source du bien et du mal — foyer de la décision libre et du choix.