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La philosophie représente-t-elle un danger ?

Publié le 29/10/2009

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philosophie

• Devant l'intitulé du sujet, attention! Pas de discours laudatifs ou vivement critiques - de toute manière passionnels - sur la nature de la philosophie. Ce thème a l'air facile et commode à manier, mais, en réalité, la dissertation sera inconsistante si elle ne s'appuie sur des définitions rigoureuses de la philosophie et de l'exercice philosophique. A quelle(s) conception(s) de la philosophie faut-il relier le prédicat « dangereuse « qui, lui-même, requiert une explicitation? Il faut donc questionner soigneusement : qu'est-ce que la philosophie et quelle notion peut permettre de clarifier son essence? Devant cette question, des théories sont certainement à votre disposition qu'il faut utiliser pour produire les définitions dont vous avez besoin. On vous a dit, durant l'année, que la philosophie est un exercice critique, un savoir global sur les choses, etc. Réfléchissez sur ces thèmes.  • Le plan bien adapté au sujet paraît - une fois de plus -être le plan dialectique. Il répond en fait pleinement à la  Nice  nature de la problématique et aux perspectives généralement antinomiques développées à ce sujet. Il est intéressant d'adjoindre une perspective progressive, en développant une notion de plus en plus claire concernant la nature de l'exercice philosophique. Ainsi, la structure progressive, par production de plusieurs définitions successives de la notion envisagée, complète la structure dialectique.  • Si l'on définit classiquement la philosophie comme l'amour de la sagesse, le sujet apparaît contradictoire : comment l'amour de la sagesse peut-il bien être dangereux? C'est le problème qui vous est posé.

philosophie

« semences spirituelles de chacun (c'est la maïeutique).

Il conduit chaque interlocuteur dans le chemin de l'embarras,il le dirige vers l'insatisfaction.

Mais tout cela finit bien mal ! La recherche de la sagesse semble une menace vivantepour la cité constituée.

En 399, Socrate est accusé de corrompre la jeunesse et de ne pas croire aux dieux de lacité.

Il meurt, comme chacun sait, en buvant la ciguë.Nous pourrions continuer indéfiniment la liste de nos exemples.

Gordiano Bruno périt en 1600 sur le bûcher, expiantses fautes théologiques.

Spinoza lui-même apparaît comme le «Juif des Juifs», puisqu'il est exclu de la communautéjuive d'Amsterdam en 1656.

Les rapports de la philosophie et de la cité ne sont pas faciles.

La philosophie constitueune menace pour l'ordre de la société, elle représente bel et bien un danger parce qu'elle est une arme offensive etcritique, bien souvent sociale et politique.

Ainsi le rationalisme cartésien s'est avéré une arme critique.

« Au momentoù la bourgeoisie entreprenait de saper les institutions de l'Ancien Régime, il s'attaquait aux significations périméesqui tentaient de les justifier » (J.-P.

Sartre, Question de méthode, in Critique de la raison dialectique, p.

16, N.R.F.).La philosophie semble donc dangereuse, elle constitue une menace dans la mesure où elle ébranle les certitudes dusens commun, les opinions politiques ou morales habituelles.

Quel est son vrai danger? Mettre à distance, séparer,éloigner l'individu du tout social.

Elle semble critique et dissolvante.

Elle sépare ce qui était réuni.

En ceci résideraitson « péril » majeur.

Elle compromet la sécurité et l'existence des divers systèmes d'ordre ou de sécurité.Néanmoins, si elle annonce le péril du « questionnement », de l'interrogation, en retour elle donne à voir les mondesà venir, les avenirs qui se construisent, certaines formes d'utopie sociale ou politique.

Elle ne semble dangereuseque relativement, et non point certes dans l'absolu.

Concluons, en toute première analyse, que si péril il y a, ce périln'est péril que relativement à l'ordre établi, non point dans l'absolu. B) Antithèse. Mais ce danger et cette menace sont-ils bien inhérents à la philosophie en général? C'est sur ce point que nouspouvons maintenant faire porter le débat et la discussion.

Est-il bien certain que la tâche philosophique se confondeavec l'exercice même de la négativité et du doute, exercice critique gros de tous les périls de la pensée, telle est laquestion qui se pose maintenant à nous.

Ainsi notre problème pourrait-il s'évanouir de lui-même : l'amour de lasagesse ne serait plus porteur de malaise, de périls ou de menaces.Or, l'exercice philosophique ne saurait être saisi sous le seul angle de la négativité critique.

La tâche du philosophepeut être comprise aussi à travers la recherche de la totalité.

Au travail de la négativité et du doute, à laphilosophie critique, s'oppose un autre type de recherche philosophique, qui semble par moments ne comporteraucune inquiétude, aucune mise en question, fort peu d'étonnement réel.

Ici, ce qui compte, ce n'est plus la prisede conscience de l'ignorance, mais bel et bien le « savoir absolu ».

Alors la philosophie se confond avecl'établissement du système et la vision de la totalité.

Nous la définirons comme la recherche d'un discours cohérentportant sur le tout de la réalité.

La philosophie devient discours cohérent et exhaustif.

Ainsi en est-il chez Hegel oùle philosophe découvre le système absolu.

Dès lors, la tâche du philosophe semble être simplement de comprendreglobalement et synthétiquement ce qui est.

Qu'est-ce que philosopher? C'est unifier, accorder entre elles lesconnaissances et les activités humaines, c'est montrer qu'elles relèvent de la même totalité.

On nous rétorquera quece point de vue « totalitaire » (au sens non politique du terme) et réaliste n'est nullement incompatible avec ladialectique critique et négative.

En fait, il est certain que, par exemple, le point de vue essentiellement totalisant aété plus ou moins développé chez Hegel lorsqu'il a publié les Principes de la philosophie du droit (en 1821) à Berlin.Ici, ce qui prime, c'est le Système, c'est le « palais d'idées».

Dès lors, la philosophie, ensemble cohérent etsystématique, se borne à dire ce qui est, de manière fort réaliste, et ne semble guère annoncer de menace ou depéril pour l'ordre de la pensée, de l'histoire ou de la politique.

Ainsi Hegel apparaît-il, par moments, simple philosophed'État, hors de tout exercice dissolvant ou critique.Ainsi, dans la Préface (célèbre) de la Philosophie du Droit de Berlin, Hegei nous donne-t-il à voir cette tâchedescriptive de la philosophie.

Elle ne critique pas, elle ne dissout pas, elle ne pratique pas l'exercice du soupçon.Que fait-elle alors? Elle conçoit ce qui est, le réel tel qu'il se manifeste, l'existence dans sa réalité, elle ne peut queconnaître.

Comment ce travail réaliste et objectif pourrait-il présenter quelque danger? Non, la philosophie n'est pasdangereuse, elle n'annonce nul péril et nulle menace, elle ne nuit à aucun ordre, puisque précisément elle ditsimplement l'ordre des choses.

« Concevoir ce qui est, est la tâche de la philosophie, car ce qui est, c'est la raison.(La philosophie) résume son temps dans la pensée.

» Ainsi la philosophie, loin de séparer, de disjoindre, réconcilieavec la réalité.

Le philosophe est d'autant moins dangereux qu'il se borne à comprendre l'histoire et à l'élever auconcept.

Il ne crée pas l'histoire, il ne la fait pas, il est le simple lecteur d'une histoire déjà faite, il la met au jourquand le travail historique est terminé.

Il pense l'histoire, mais n'agit pas sur elle et, se tenant simplement dansl'ordre des faits, ne présente aucune menace pour la cité ni les gouvernants.

Notons que cette seconde vision peutsembler présenter une certaine légitimité : Hegel était philosophe d'État, Alexandre Kojève haut .fonctionnaire, doncdu côté des pouvoirs en place.Ainsi la philosophie n'est pas seulement l'exercice critique de la négativité, elle est aussi bien souvent le discoursexhaustif et cohérent sur ce qui est, la conception d'ensemble du réel.

Alors le philosophe, loin d'être animé parl'esprit d'inquiétude ou d'utopie se borne à décrire ou à justifier respectueusement l'ordre établi.

La réalité estd'ailleurs rationnelle, pense Hegel, elle obéit au développement de la raison et de l'Idée.

Inutile de la critiquer, de ladissoudre en pensée.

Il suffit de laisser le réel tel qu'il est.

S'en accommoder est suffisant.

Où est alors le péril de laphilosophie? Évanoui.

Disparu.

La philosophie se borne à justifier le présent, à affirmer la rationalité du devenir.

Leréel est rationnel.

Le rationnel est réel, affirme Hegel. C) Synthèse. Il faut, sans doute, concevoir la philosophie en lui concédant à la fois d'une part la composante de négativité etd'inquiétude sans laquelle elle ne serait pas elle-même et, d'autre part, l'existence d'une structure totalisante,. »

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