La poésie et le caractère poétique du langage ?
Publié le 15/02/2004
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..Le langage est aussi hypostasiant, c'est-à-dire qu'il présente la matérialité du signe comme étant l'idéalité du signifié, il fait vivre la présence du signe comme étant la présence de la signification. Autrement dit, le langage donne l'être, fait vivre l'irréel comme le réel.Il suffit parfois de nommer une chose, une ville ou un pays, par exemple, pour que le nom devienne réalité : « Le nom de Parme, une des villes où je désirais le plus aller depuis que j'avais lu La Chartreuse, m'apparaissant compact , lisse, mauve et doux, si on me parlait d'une maison quelconque de Parme dans laquelle je serais reçu, on me causait le plaisir de penser que j'habiterais une demeure lisse, compacte, mauve et douce, qui n'avait de rapport avec les demeures d'aucune ville d'Italie, puisque je l'imaginais seulement à l'aide de cette syllabe lourde du nom de Parme où ne circule aucun air, et de tout ce que je lui avais fait absorber de douceur stendhalienne et du reflet des violettes » (« Du côté de chez Swann »).L'essence du langage est donc d'être métaphorique. Le sens ne se confond pas avec le signe. Un langage sans métaphore impliquerait l'univocité absolue des signifiants. Un tel langage existe mais il est artificiel : c'est le langage mathématique. Le sens s'y confond avec le signe. Autrement dit, le signe est entièrement dégagé de la métaphore ou du symbole, il devient entièrement adéquat à son sens. La science a besoin d'un tel langage.
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