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La religion est-elle une illusion ?

Publié le 19/01/2004

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Il est plus pertinent de voir en elle une façon de structurer activement la vie humaine et de l'arracher au non-sens : cela à la fois par la pratique de certaines rites, et par l'adhésion à des dogmes et des mythes visant à exprimer et à affirmer, dans un langage symbolique, une certaine conception de la vocation spirituelle de l'être humain et du sens de sa destinée -sens dont aucun discours cognitif ne peut et ne veut par principe parler. Quelle est cette conception ? Au coeur de toute conscience religieuse, on retrouve, semble-t-il, un certain nombre de convictions communes : celle que l'homme est d'abord un être éthique, confronté à des devoirs qu'il ne peut modifier à sa guise, et qui renvoient donc à une loi absolue et indépendante de lui ; celle qu'il est un être fini, voué à la souffrance et à la mort, que la recherche exclusive du bonheur terrestre condamne donc nécessairement au désespoir ; celle qu'il est aussi un être faillible, capable de l'erreur et du mal, qui plutôt que de s'enorgueillir de lui-même doit s'efforcer dans l'humilité de se perfectionner et de se purifier ; celle du coup qu'il ne peut atteindre la sérénité qu'en se décentrant, en reconnaissant sa totale dépendance par rapport à une réalité qui le dépasse infiniment, en éprouvant de l'émerveillement et de la gratitude devant le fait que la vie lui soit donnée, en cherchant à accepter l'ordre du monde et à s'y adapter au lieu de le dominer; celle enfin qu'il n'est pas de vie existentiellement lucide qui ne soit fondée sur la conscience de la différence entre le relatif et l'absolu, entre les événements internes au monde visible, et ce qui donne sens à la vie -et n'appartient précisément pas à ce monde-, auquel on donne le nom de Dieu. On voit que du coup pour le croyant la question n'est pas au fond de savoir « si Dieu existe » : mais si l'existence humaine ne gagne pas en richesse et en profondeur lorsqu'elle se décentre et se situe en relation à « Dieu ». Que Dieu soit une création de l'homme, et n'ait pas l'objectivité des pierres ou des étoiles, ne fait guère de doute : mais le problème est de savoir si la religion n'est précisément pas le meilleur -c'est en tout cas à coup sûr le plus ancien et le plus universel- moyen trouvé par l'homme pour « humaniser » sa vie, et lui donner du sens.Il faut ajouter que si la façon dont la religion affirme que la vie a un sens -en confrontant l'homme à un être et à une loi cosmique qui s'imposent à lui de l'extérieur- est d'un objectivisme qui peut paraître naïf, il n'est pas sûr que s'imaginer se passer complètement de toute foi ne soit pas une autre forme de naïveté. Il y a pour fonder une vie bien des formes de croyances possibles (le progrès, la science, l'art, ou l'amour), qui jamais ne reposent sur la connaissance ni sur la raison, et toutes révèlent un certain écart entre ce que nous savons du monde et les postulats subjectifs qui nous permettent de vivre en lui. En rendant cet écart manifeste, et en le poussant à l'extrême, en ancrant nos aspirations morales et spirituelles sur des mythes totalement arbitraires d'un point de vue cognitif, la religion dévoile en fait franchement (au lieu de la dissimuler, comme on le fait aujourd'hui trop souvent) et assume une contradiction qui est peut-être au coeur de toute existence. En ce sens, Hegel et Feuerbach avaient bien raison de considérer qu'elle est la forme la plus originaire et la plus exemplaire de la conscience par l'homme de son humanité. En elle se révèle bien le paradoxe central d'une telle conscience : il n'est sans doute pas possible qu'une existence ne soit, dans son coeur le plus intime, subjectivement fondée sur des croyances qui d'un point de vue objectif semblent dénuées de tout fondement, et que la recherche de la spiritualité la plus haute ne prenne pas aussi parfois, pour celui qui l'observe « de l'extérieur », le visage d'une automystification.

Chacun sait plus ou moins bien que l’illusion est synonyme d’erreur, d’apparence, de tromperie des sens et que la religion est synonyme de croyance, croyance en un Dieu pour lequel rien ne peut être mis en balance, croyance qu’une communauté a pour fonction de maintenir au travers de culte, de cérémonie. Elle est aussi ce rapport individuel avec Dieu.  Ce qui est sûr dans un tel rapport, c’est que les guerres de religion témoignent certainement de l’horreur et de la folie des hommes qui  veulent imposer par la force leur croyance à d’autre peuple qui ne partage pas les mêmes convictions, de sorte que les religions dans leur excès, peuvent apparaître comme illusoires. Mais s’agit-il au juste du message que prône les religions, message qui ne nous donnerait si c’était le cas, ni espoir, ni attente pour l’avenir de l’homme.  Mais toute la question est de savoir si la religion n’est que cela, si la religion n’est qu’une illusion ? La formulation du sujet sous la forme d’un « ne que « montre certainement qu’il faudra questionner la restriction en présence et se demander si précisèment la religion est seulement une illusion ou si elle est autre chose qu’une illusion.       De nombreux problèmes peuvent surgir d’un tel questionnement :           - Si la religion n’est qu’une illusion , pourquoi tant d’homme se donne la peine d’élever des statues à leur divinité, si cela ne doit être éphémère , voire même inutile ?            - Si la religion n’est qu’une illusion, le problème n’est-il pas aussi de se demander ce que l’on nous offre en échange, et si cela est comparable en valeur.              Nous verrons d’une que la religion donne dans une certaine mesure des apparences trompeuses, que nous essayerons d’identifier, dans une second temps nous montrerons que la religion ne se réduit pas une illusion, bref qu’elle dispose d’une certaine utilité manifeste, enfin et surtout, nous comprendrons rapidement que la religion n’a pas le monopole des illusions, et que vraisemblablement un monde athée est aussi une forme d’illusion.

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« les données de la science » n'implique pas pour autant que la foi religieuse ait aujourd'hui, dans une cultureavancée, la même nécessité qu'à l'époque où elle était le seul moyen pour l'homme d'exprimer le sentimentmétaphysique de son existence.

Bien des raisons expliquent que tout en restant sans doute indispensable dans noscultures –ne serait-ce qu'en tant que dépositaire des traditions les plus anciennes et les plus fondamentales parlesquelles s'est définie l'humanité-, elle ne soit plus pour chaque individu qu'une option parmi d'autres, et que soninfluence collective ait donc connu un recul : la difficulté d'adhérer à des mythes dont la relativité culturelle estévidente, la méfiance, chez beaucoup de nos contemporains, à l'égard du principe même d'une adhésion sansdistance critique, l'intérêt qu'ils portent à la connaissance et à la transformation rationnelles du monde, que la foireligieuse tend souvent à juger insignifiantes et sans valeur, la gêne qu'ils ressentent à l'égard d'un discoursthéologique suspect d'être emphatique et inadéquat à son objet, qu'il tend toujours à réifier, le sentiment enfin queles métaphysiques religieuses manquent parfois de complexité par rapport à celles plus inquiètes que produit (parexemple dans le domaine littéraire) la culture moderne, en sont quelques-unes.

Une chose est néanmoins sûre :croire que la religion se réduit à une superstition et que sa disparition est la condition de la désaliénation de l'hommeest aujourd'hui devenu une naïveté et un signe d'inculture.

» CITATIONS: « Le fondement de la critique irréligieuse est : c'est l'homme qui fait la religion, ce n'est pas la religion qui faitl'homme.

» Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844. « Qu'est-ce que la religion ? — Un besoin apparu à un stade d'évolution inférieur et dont la classe supérieure s'estservie pour tenir la classe inférieure sous sa domination.

» Strindberg, Petit catéchisme à l'usage de la classe inférieure, 1886. « Peut-être n'y a-t-il rien de si vénérable dans le christianisme et le bouddhisme que leur art d'enseigner mêmeaux plus humbles à trouver, grâce à la piété, leur place dans un ordre imaginaire et supérieur des choses; ilscontinuent ainsi de se satisfaire de l'ordre réel qui leur fait la vie si dure, — dureté qui est précisément nécessaire.

»Nietzsche, Par-delà le bien et le mal, 1886. « La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans coeur, de même qu'elle est l'esprit desituations dépourvues d'esprit.

Elle est l'opium du peuple.

» Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, 1844.La religion, selon Marx, concourt à endormir la conscience politique du peuple, en ce qu'elle lui fait miroiter dans unillusoire au-delà des joies qu'il ne peut trouver ici-bas.

Âme d'un monde sans âme, la religion masque à l'homme savéritable condition.

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