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La religion est-elle une illusion rassurante ?

Publié le 10/10/2005

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En cherchant des réponses à ces questions, il nous faudra sans cesse rapporter la foi à l'expérience religieuse : son objet (Dieu, le divin) et ses manifestations (culte, choix éthiques). Ayant accompagné le surgissement de la foi et déterminé son fondement, nous serons à même de la comparer aux exigences de la raison, aux critères du savoir vrai et du savoir incertain. Nous pourrons ainsi la rapporter au tout de l'homme, à sa condition existentielle, et mesurer le sens du choix religieux. Proposition de plan   I Dans quel rapport la religion nous fait-elle entrer avec son objet?   Emile DURKHEIM Cours sur les origines de la vie religieuse   « La notion de faits religieux suppose à sa base une classification des choses en deux groupes : le sacré et le profane. Mais comment définir le sacré ? Est-ce par le caractère de supériorité, de dignité exceptionnelle des choses sa­crées ? Nullement ; car tous les êtres sacrés ne sont pas également respec­ta­bles ni respectés ; le nègre ne se gêne pas pour battre son fétiche, et certaines peuplades sauvages usent de procédés violents pour obtenir du dieu ce qu'ils lui demandent. - En fait, le sacré ne se définit que par son opposition avec le profane cette opposition est, en effet, d'un genre tout particulier elle est abso­lue et telle qu'aucune autre ne peut lui être comparée. Cette hétérogénéité radicale se traduit par des signes spéciaux : parce que nous sommes habitués à concevoir dans notre esprit un vide logique entre le sacré et le profane, nous éprouvons une insurmontable répugnance à penser qu'ils puissent se trouver en contact d'une manière quelconque ; et de là résulte toute la série des inter­dictions de contact direct entre eux, ces interdictions s'étendant plus ou moins loin selon l'intensité du caractère sacré des choses que l'on considère : inter­diction du contact matériel, du contact par le regard, ou par la parole (silence religieux) ; interdiction de les mêler dans le temps, ou même de les rapprocher par la pensée .

Le mot religion vient du latin « religare « : ce détour par l’étymologie nous permet de voir que le propre de la religion est d’être une institution sociale dont l’une des fonctions est de « relier « les hommes (c’est le sens du verbe religare). Elle ne les relie pas comme le ferait une quelconque association d’individus mais dans le sentiment de l’existence d’une réalité surnaturelle, dépassant les hommes. Cette réalité est celle de la divinité, entendue (pour le dire avec une abstraction suffisante pour englober toutes les manifestations précises de cette idée) comme une force surnaturelle, infiniment sage et puissante, présidant aux destinées de l’homme et de l’univers. Le terme « illusion « désigne tout ce qui a trait à l’erreur. Ainsi, une illusion est une interprétation erronée d’une donnée sensorielle, comme c’est le cas d’un mirage qui surgit dans le désert. Mais une illusion, c’est aussi une erreur de l’esprit, une croyance fausse et erronée. Quelque chose de rassurant est quelque chose qui nous délivre d’une crainte, en faisant disparaître soit l’objet de notre peur, soit la raison qui nous le rendait redoutable. Si nous disons que la religion est une illusion rassurante, alors nous prétendons qu’elle est une erreur, des sens ou de la raison, capable de nous délivrer des craintes de l’après vie, notamment. Cependant, un problème peut se poser à nous à l’analyse de ce sujet : comment une illusion, à savoir quelque chose de non réel, d’inconsistant, de faux, peut-elle nous délivrer efficacement d’une crainte ? Il semble que pour nous rassurer, une chose doit a minima exister pour être à même de nous délivrer de nos peurs. Ce problème nous permet donc de faire surgir la question qui sera au centre de notre réflexion : peut-on dire que la religion est une illusion rassurante, dans la mesure où l’illusion et la capacité à rassurer semblent être antinomiques ?

 

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« « Nous arrivons donc à cette première conclusion, que les croyances religieuses sont celles qui ont pour objet leschoses sacrées caractérisées comme nous venons de le faire. « Mais ce qui précède ne nous met pas encore en possession d'une définition suffisante de la religion proprementdite.

En effet, par elle nous ne sommes pas encore en mesure de distinguer la religion de la magie.

Celle-ci, commecelle-là, imagine un monde de choses sacrées auquel on n'est admis à participer que par une initiation.

Bien plus, lesforces dont elle se sert sont souvent les mêmes que celles auxquelles fait appel le prêtre.

Et cependant, contraire-ment à ce qu'on a parfois soutenu, la religion et la magie restent très distinctes; il y a entre elles une répugnanceet une hostilité véritables.

Le magicien se sert souvent, il est vrai, des rites et des croyances des religions, maisc'est en les profanant ou en les Prenant à contre-pied : la magie est essentiellement antireligieuse. « Il est un caractère par lequel elles se distinguent très nettement : les croyances religieuses sont communes auxmembres d'une collectivité qui font profession d'y adhérer ; une société dont les membres sont liés les uns auxautres parce qu'ils se représentent de la même manière les choses sacrées dans leurs rapports avec les chosesprofanes, c'est ce que nous appelons une église, et il n'y a pas de religion sans église.

Il en va tout autrement descroyances magiques; bien qu'elles soient souvent très répandues, elles ne servent jamais à unir les uns aux autresles individus qui les adoptent et ne les lient pas en un groupe ; il n'y a pas d'église magique ; un mage, un sorcier aune clientèle flottante analogue à celle d'un médecin ; il n'a pas d'église. « Nous arrivons donc à la définition suivante de la religion : c'est un système de croyances et de pratiques relativesà des choses sacrées - croyances et pratiques communes à une collectivité déterminée.

La religion nous apparaîtainsi dès le début comme un phénomène social, et ce caractère prendra un relief de plus en plus accusé à mesurequ'avancera notre étude.

» Transition Nous sommes arrivés à une première caractérisation de la religion : elle est un système articulant pratiques et croyances dans la sphère du sacré.

La rationalité des croyances et des pratiques doit donc êtreinterrogée auprès de cette sphère.

Et en effet, la notion de sacré semble permettre de caractériser la religioncomme illusion rassurante : elle pose à côté du monde que la perception nous donne, un autre monde absolumentincommensurable, et dont le système de sens est tout autre que celui du monde profane.

Ainsi le réel n'est plus clossur lui-même : toute difficulté, toute angoisse, tout mal-être, trouveront dans le monde sacré une significationdifférente, et qui ne pourra être rapportée à la signification du monde profane.

Il faut bien faire attention au fait quenous ne parlons pas ici d'arrière monde, d'au-delà, de suprasensible...

I est vrai que beaucoup de religion y voient leprincipe de la sphère du sacré, mais, au niveau de notre analyse, cela n'a pas d'importance : le monde du sacré estprésent au niveau social : il regroupe toutes les conditions par lesquelles les pratiques religieuses sont renduespossibles, et tous les systèmes de sens soutenant les croyances.

Les animismes panthéistes, par exemple, voientdans la nature et sa croissance autonome le lieu du sacré. Ayant ainsi caractérisé le religieux nous aboutissons à un problème : celui du rapport que la raison peut entreteniravec ces deux sphères.

Dans la sphère profane, il est manifeste que la raison est reine des certitudes et despratiques.

Comment se rapporte-t-elle au sacré? Dans la mesure où c'est la foi qui ouvre l'espace du sacré, noussommes donc conduits à nous poser le problème du statut épistémologique de la foi. II Le statut épistémologique de la foi Arthur SCHOPENHAUER Sur la religion §175 « Le philosophie en tant que science n'a absolument rien à faire avec ce qui doit ou peut être cru; mais seulementavec ce qu'on peut savoir.

Si maintenant ce savoir devait être tout autre chose que ce que l'on doit croire, ce neserait pas un inconvénient pour la foi elle-même : elle est foi parce qu'elle enseigne ce qu'on ne peut savoir.

Si l'onpouvait le savoir, la foi s'en trouverait inutile et ridicule, comme si en quelque sorte une doctrine de la foi étaitétablie dan le domaine mathématique. « Mais on objectera à présent qu'au contraire la foi elle-même peut enseigner plus et plus encore que la philosophie,rien pourtant qui soit inconciliable avec les résultats de celle-ci : le savoir est d'une matière plus dure que la foi, sibien que, s'ils s'entrechoquent, c'est la foi qui se brise. « Tous deux sont en tout cas choses fondamentalement différentes qui, pour leur bien respectif, doivent resterrigoureusement séparées de telle sorte que l'une suive son chemin, sans même faire attention à l'autre.

» Transition La foi reçoit son sens de son imperméabilité à la raison.

De même que le sacré et le profane de se définissent que par la radicalité de leur exclusion, c'est-à-dire par le fait qu'ils ne sont pas deux versants d'un mêmephénomène (comme le sont, par exemple, l'hiver et l'été dans l'ordre des saisons, la lumière et l'obscurité dansl'ordre de la luminosité, etc.), la foi et la raison dessinent deux ordres étanches.

Bien sûr, l'unité de la consciencehumaine, rend possible, voire inévitable, le questionnement rationnel sur la foi, ou la remise en cause de la raison par. »

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